Fil d'Ariane
Le rapport du CREA précise également que l’Union européenne est le plus gros importateur de combustibles fossiles russes avec 54% du total exporté (soit 85,1 milliards d'euros), suivie de la Chine (34,9 milliards d’euros) et de la Turquie (10,7 milliards d’euros).
"Nous sommes une civilisation qui nécessite de l’énergie et nous n’avons pas de solution simple, idéale, immédiate, pour remplacer l’énergie russe. Nous pouvons bien sûr nous rassurer avec des positions morales mais il faut voir la réalité politique. Si nous n’importons plus de pétrole ou de gaz russe, nos économies vont immédiatement entrer en récession et je ne suis pas sûr que nos populations l’acceptent. C’est d’ailleurs ce sur quoi joue Vladimir Poutine. Il joue l’usure des pouvoirs occidentaux et les décisions de l’Union européenne face à cette situation", explique Thierry Bros.
L’Union européenne a pourtant adopté des sanctions contre Moscou, dès le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février dernier, décidant notamment, d’un embargo progressif sur ses importations de pétrole et de produits pétroliers. Un embargo sur le charbon russe est également entré en vigueur le 10 août dernier. Le gaz en revanche, n’est pas concerné par ces restrictions, un point qui s’explique très logiquement selon Thierry Bros.
- Embargo sur l’essentiel du pétrole russe
- Embargo sur le charbon russe
- Exclusion de plusieurs banques russes du système bancaire Swift
- Gel des avoirs de la Banque centrale russe hors de Russie
- Fermeture de l’espace aérien européen à l’aviation russe
- Fermeture des ports de l’UE aux bateaux russes
- Fermeture des routes de l’Union aux transporteurs russes
- Interdiction de vente d’avions et d’équipements aux compagnies aériennes russes
- Embargo sur l’or russe
- Interdiction de diffusion dans l’UE des médias Russia Today et Sputnik
- Gel des avoirs de Vladimir Poutine et d’oligarques russes
Source : @Toute l’Europe.eu
"Là où ça fera le plus mal à la Russie, c’est sur les importations de gaz, car lorsque l’Europe les aura baissées, la Russie ne pourra pas les réorienter vers d’autres pays (du fait du manque d'infrastructures notamment, ndlr), ce qu’elle peut faire avec le pétrole". Il nuance toutefois, "Il n’y a pas d’embargo sur le gaz russe parce que ce sont les Russes qui baissent les volumes, pas l’inverse. Et à la question pourquoi continuons-nous à acheter du gaz russe, la réponse est simple : tout simplement parce que nous en consommons. Nous ne pouvons pas faire sans, nous en sommes trop dépendants".
"Jusqu’au mois d’août, les Russes avaient la capacité de toujours récupérer des volumes financiers supérieurs à ce qu’ils avaient avant la guerre", affirme Thierry Bros. Il invite toutefois à regarder sur le long terme. En effet, comme il le rappelle, "l’embargo sur le charbon russe est entrée en vigueur il n’y a qu’un peu moins d’un mois, l’embargo sur le pétrole, lui, n'entrera en vigueur qu’à la fin de l’année". En ce sens, le rapport du CREA estime que si les importations de pétrole de l'UE en provenance de Russie n’ont chuté que de 17 % sur la période de juillet-août - par rapport au niveau du début de la guerre en Ukraine - elles devraient chuter de 90 % à la fin de l’année.
Concernant l’embargo sur le charbon, les effets seraient déjà visibles. "Les volumes d'exportation de charbon de la Russie sont tombés au niveau le plus bas depuis le début de l'invasion de l’Ukraine. La Russie n'a pas réussi à trouver d'autres acheteurs pour remplacer la baisse de la demande de l'Union européenne (…). Il n'y a eu aucune augmentation notable des expéditions vers d'autres pays ou régions", explique l'expert. Le rapport précise que l'embargo a engendré la fermeture de certaines mines russes notamment dans la région de Kemerovo.
Enfin, précise le CREA, la baisse des importations de combustibles fossiles a coûté 170 millions d’euros par jour à la Russie, sur la péridode de juillet-août. Le volume globale des exportations vers l’Union européenne a quant à lui chuté de 35% sur cette même période.