Alors que le blogueur saoudien Raïf Badawi est toujours emprisonné pour avoir réclamé sur son blog plus de libertés dans son pays, son épouse Ensaf Haïdar, exilée au Canada, publie « Mon combat pour sauver Raïf Badawi », aux éditions de l’Archipel. Elle était à cette occasion invitée du 64’ de TV5MONDE, ce mercredi 18 mai 2016.
Une à deux fois par semaine, Ensaf Haïdar reçoit un coup de téléphone de son mari, depuis une prison saoudienne. Quatre ans après son arrestation pour avoir réclamé la libéralisation de son pays et, notamment, le droit d’être athée, elle ne note « aucune évolution dans son dossier ». Son mari a été arrêté en 2012 puis condamné - en 2014 - à recevoir 1 000 coups de fouet et à dix ans d’emprisonnement pour « insulte envers l’islam ».
Elle ne sait guère de choses sur les conditions de détention de son mari, mais redoute les conséquences des cinquante coups de fouets qui lui ont été infligés le 9 janvier 2015 : « C’est une flagellation psychologique. C’est un coup moral plus que physique. Bien entendu, les coups et les cicatrices peuvent disparaître, mais les traces psychologiques ne partiront jamais. »
Aspiration à de profonds changements
Dans son ouvrage, Ensaf Haïdar revient sur l’histoire d’amour qui la lie à son mari : « Chez nous, l’amour c’est tabou, c’est honteux. » Un amour né d'une erreur de numéro de téléphone suivi de longues conversations secrètes, dans un royaume qui ne permet pas aux femmes de rencontrer librement des hommes.
Elle aspire à de profonds changements pour son pays : « Aux yeux de Raïf et aux yeux de tous les prisonniers d’opinion, une Arabie Saoudite idéale serait celle qui consacre un espace de liberté d’expression et d’opinion. C’est la moindre des choses, non ? »
Pour appuyer ses demandes de libération de son époux, elle a tenté le 17 mai - pour la seconde fois en l'espace de quelques mois - de déposer une pétition à l'ambassade saoudienne de Paris. L'accès lui a été refusé. En revanche, il lui a été notifié que les plus de 230 000 signatures de soutien pourraient être reçues par voie postale. Amnesty International, à l'origine de cette pétition, a donc décidé d'adresser 1 000 signatures quotidiennes à l'ambassade, pendant... 233 jours.
Pour faire libérer son mari, Ensaf Haïdar en appelle à tous les soutiens, dont le Canada, son pays d'accueil. Elle souhaiterait notamment que le Premier ministre Justin Trudeau accorde la nationalité canadienne à Raïf Badawi, pour réclamer sa libération en tant que ressortissant canadien.