Des soldats norvégiens de la FINUL arrivent au sud Liban le 30 avril 1978.
Fil d'Ariane
Images de blindés israéliens dans l'ouest de Beyrouth le 17 avril 1982. AP/archives.
L'offensive actuelle israélienne au Liban n'est pas la première. Ces cinq dernières décennies l'armée israélienne a envahi et occupé plusieurs fois le sud du pays. Retour sur cinq épisodes marquant des guerres israélo-libanaises.
Nous sommes en 1978. Le 4 mars une force d'intervention israélienne de 25 000 hommes envahit le Liban-sud. Il s'agit de l'opération "Litani", du nom du fleuve qui sépare le centre et le sud du pays. L'opération militaire israélienne a pour objectif de chasser les groupes palestiniens armés du sud du Liban qui mènent des attaques contre le nord d’Israël. Le Liban compte un peu plus d"un million de réfugiés palestiniens en son sein. L'opération militaire israélienne fait entre 200 et 400 morts. Le 19 mars, l'ONU adopte la résolution 425 qui exige le retrait israélien du Liban.
Le Conseil de sécurité de l'ONU décide l'envoi d'une Force intérimaire des Nations unies au Liban (la Finul). Cette force est encore présente aujourd'hui [octobre 2024] au Liban.
L'armée israélienne entame son retrait le 12 avril. Le commandant Haddad, patron d'une milice chrétienne dans un Liban plongé en pleine guerre civile, prend le contrôle de la zone frontalière.
Des soldats norvégiens de la FINUL arrivent au sud Liban le 30 avril 1978.
Le 6 juin 1982, le gouvernement de Menahem Begin et son ministre de la défense de l'époque, Ariel Sharon, lancent l'opération "paix en Galilée". Les troupes israéliennes envahissent le Liban et s'emparent de l'aéroport de Beyrouth. L'objectif d'Ariel Sharon est de mettre fin aux activités militaire de l'OLP et de son chef Yasser Arafat.
Les combats font rage dans la capitale libanaise entre l'armée israélienne et les combattants palestiniens. On compte parmi les alliés de Tel Aviv les phalanges chrétiennes du président Bechir Gemayel. Celles-ci désirent chasser l'OLP du Liban. La France propose à ce moment sa médiation.
Le président chrétien Béchir Gemayel est l'un des principaux alliés des Israéliens lors de l'invasion de 1982.
Du 21 août au 3 septembre 1982 Yasser Arafat et 11 000 combattants palestiniens quittent Beyrouth sous la surveillance d'une Force multinationale d'interposition. Le 14 septembre 1982 le président chrétien du Liban Bechir Gemayel est assassiné. Le lendemain les forces israéliennes font leur entrée dans Beyrouth Ouest où se trouvent les camps de réfugiés de Sabra et Chatila.
Images d'un tank israélien devant la capitale libanaise le 2 août 1982.
Les 17 et 18 septembre 1982 1500 civils palestiniens sont massacrés dans les camps de Sabra et Chatila par des miliciens chrétiens libanais, alliés à l'armée israélienne. Le scandale est immense en Israël. Une commission d'enquête israélienne reconnaît "la responsabilité indirecte" des Israéliens. Ariel Sharon, ministre de la défense du gouvernement Menahem Begin, doit remettre sa démission.
Images de familles palestiniennes devant les tombes des réfugiés des camps de Sabra et Chatila tués par les phalanges chrétiennes en 1982.
A la fin de l'année 1982 le bilan officiel libanais de l'invasion israélienne est de plus de 20.000 morts et 30 000 blessés. En février 1983, l'armée israélienne évacue Beyrouth ouest.
En 1984 des violents combats ont lieu dans la vallée de Bekaa entre milices chiites et forces israéliennes. Un nouvel acteur chiite libanais émerge, le Hezbollah libanais.
L'armée israélienne se retire définitivement en 1985 du centre du pays et gardera le contrôle d'une "zone de sécurité" le long de la frontière en liaison avec les milices de l'Armée du Liban sud (ALS).
Le Hezbollah - alias le parti de Dieu - et sa banche armée - la Résistance armée au Liban - multiplie les attaques contre l'armée israélienne. Les forces israéliennes occupent alors un millier de km2. En 1993 et en 1996 l'armée israélienne lance deux offensives pour tenter de briser les forces du Hezbollah.
Plusieurs centaines de civils libanais perdent la vie. La dernière grande opération, "Raisins de la colère", est un échec pour le gouvernement de Shimon Peres (figure politique de la gauche israélienne) qui perdra les élections générales en 1997.
L'armée israélienne bombarde un camp de l'ONU de réfugiés dans la ville de Cana. La communauté internationale multiplie les appels au cessez-le-feu. Un accord est signé entre Israël et le Hezbollah. Mais cet accord ne sera pas respecté.
Images de blindés israéliens en 1985 se retirant du Liban en 1985.
En 2000 la gauche israélienne, revenue un an an plus tôt au pouvoir avec le Premier ministre Ehud Barak, décide de retirer définitivement l'armée israélienne du territoire libanais. Un peu plus de 22 ans après l'invasion du Liban ce retrait est considéré comme une échec pour Tel Aviv. Le Hezbollah apparait comme étant le principal bénéficiaire de ce retrait israélien.
Le Hezbollah, qui est également un mouvement politique, voit son influence grandir au Liban. Il intègre même le gouvernement libanais en 2005. Soutenu par l'Iran le Hezbollah accroît sa puissance militaire.
Le Hezbollah enlève deux soldats israéliens et tue plusieurs soldats de l'armée israélienne à la frontière israélo-libanaise. Cette action constitue un casus belli pour le gouvernement d'Ehud Olmert.
Tel Aviv réagit et lance une vaste offensive aérienne contre le Hezbollah. Les quartiers chiites de Beyrouth sont bombardés. Et les chars israéliens rentrent dans le territoire libanais. Un million de Libanais doivent fuir les combats au sol et les bombardements israéliens. L'armée israélienne se heurte à la détermination des combattants du Hezbollah. Et l'objectif avoué du gouvernement israélien, celui de mettre fin à la puissance militaire de la milice chiite, n'est pas rempli.
Le Hezbollah est la première force militante armée du Liban. Ici des militants chiites du Liban en 2018 devant un discours de Hassan Nasrallah.
Les affrontements vont durer 33 jours. Plus de 1200 Libanais trouvent la mort, essentiellement des civils. 160 Israéliens perdent la vie. Le conflit se solde par une résolution de l'ONU. L'armée israélienne se retire et 15 000 Casques bleus sont déployés dans la région. Cette guerre est perçu comme un échec militaire pour l'armée israélienne.
Le Hezbollah ouvre un front contre Israël dès le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée en territoire israélien par le Hamas palestinien, son allié.
Après un an d'échanges de tirs transfrontaliers, qui ont contraint quelque 60.000 Israéliens à fuir le nord du pays, l'armée israélienne lance le 23 septembre 2024 une campagne de bombardements contre le Hezbollah, visant le sud du Liban et la capitale Beyrouth.
Images du site du bombardement israélien du bunker où se trouvait Hassan Nasrallah dans le sud de Beyrouth, quartier chiite de la capitale libanaise.
Quelques jours plus tôt, une vague d'explosions de bipeurs et de talkies-walkies utilisés par des membres du mouvement islamiste et imputée à Israël a fait des dizaines de morts et des milliers de blessés au Liban.
Israël, qui affirme agir pour faire cesser les tirs vers le nord de son territoire, dit avoir tué la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah ces derniers mois.
Le décès de Hassan Nasrallah, considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, dans une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, constitue un succès militaire pour Israël face à l'Iran et ses alliés dont le Hamas.
Mais l'armée israélienne ne compte pas s'arrêter là. Elle annonce le 30 septembre que ses troupes au sol ont traversé la frontière pour combattre le Hezbollah dans des villages du sud du Liban, malgré les appels internationaux à la désescalade.