Entre les Etats-Unis et la Turquie, les sujets épineux ne manquent pas : la Syrie, Fethullah Gülen, et maintenant le sort d'un pasteur américain accusé d'espionnage par Ankara. Le chef de la diplomatie américaine a néanmoins rencontré son homologue turc en marge du forum de l'ASEAN, à Singapour.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et son homologue turc Mevlut Cavusoglu se sont entretenus ce vendredi. Objectif de cette réunion : obtenir la libération "pure et simple" du pasteur américain Andrew Brunson accusé de terrorisme et d’espionnage en Turquie, où il est détenu depuis un an et demi.
A l’issue de cette réunion, qui s’est tenue à huis clos, rien n’a filtré. Une réunion qualifiée de positive pour le ministre turc des Affaires étrangères : "Avec Mike Pompeo, nous avons envisagé comment résoudre nos problèmes, comment prendre des mesures ensemble. C'était une rencontre constructive au plus haut point," a déclaré Mevlut Cavusoglu.
Sanctions contre deux ministres
Et pourtant, en début de semaine, après le refus d’Ankara de libérer le pasteur Andrew Brunson, les Etats-Unis ont saisi les biens et gelé les avoirs de deux ministres turcs. « Nous n'avons constaté aucune preuve que le pasteur Brunson a fait quoique ce soit de mal et nous pensons qu'il est la victime d'un intérêt injuste et inéquitable du gouvernement turc. A la demande du président, le département du Trésor sanctionne les ministres turcs de la Justice et de l'Intérieur, qui ont tous les deux joué un rôle majeur dans l'arrestation et la détention du pasteur Brunson," a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders.
Des mesures que la Turquie n’a pas appréciées, a répété le ministre turc des Affaires étrangères : "Nous disons depuis le début que le langage menaçant et les sanctions n'auront aucun résultat. Nous l'avons répété aujourd'hui." Ces sanctions consistent en la saisie des biens et avoirs des ministres turcs de la Justice Abdulhamit Gül et de l'Intérieur Süleyman Soylu, accusés d'avoir joué un rôle central dans la détention du pasteur. Le ministre turc de la Justice a tourné en dérision les sanctions qui le visent : "Je n'ai pas un arbre, pas un centime aux Etats-Unis", a dit M. Gül.
Espionnage et terrorisme
Accusé de terrorisme et d’espionnage, le pasteur américain Andrew Brunson, placé en résidence surveillée la semaine dernière, encourt jusqu'à 35 ans de prison en Turquie. Il avait été arrêté dans le cadre des purges qui avaient suivi la tentative de coup d’Etat contre le président turc Erdogan. Cette crise vient envenimer des relations déjà tendues entre les deux pays : Ankara reproche à Washington son soutien à une milice kurde en Syrie, ainsi que son refus d’extrader celui que la Turquie considère comme le cerveau de la tentative de coup d’Etat contre Erdogan en 2016, le prédicateur Fethullah Gülen.
De leur côté, les Etats-Unis ont vivement protesté contre l'arrestation d'employés locaux de consulats américains en Turquie. Conséquence de la crise : la livre turque, déjà très fragilisée, est tombée à son plus bas niveau historique jeudi, à plus de 5 livres pour un dollar.