Entretien avec Ariejan Korteweg

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“Les électeurs de l’extrême droite votent certes pour les idées de leurs leaders, mais aussi contre la classe dirigeante classique qui ne se renouvelle pas assez.“

Ariejan Korteweg est correspondant à Paris du quotidien néerlandais Volkskrant

“Les électeurs de l’extrême droite votent certes pour les idées de leurs leaders, mais aussi contre la classe dirigeante classique qui  ne se renouvelle pas assez.“
Quels sont les grands enjeux de ces élections ? Trois thèmes principaux ont animé les débats pendant la campagne pour les législatives anticipées : la présence des forces hollandaises en Afghanistan a été très débattue. Le dernier gouvernement Balkenende a démissionné au mois de février dernier faute d’une entente avec les travaillistes, au sujet du maintien des troupes néerlandaises en Afghanistan. Les questions économiques étaient au centre de la campagne électorale. Les libéraux par exemple ont promis de faire des économies de 30 milliards d’euros à long terme dont 20 milliards dans les 4 années à venir. Le thème de l’immigration, comme lors des élections municipales du mois de mars est revenu dans le débat politique, notamment avec l’extrême droite qui fustige les pratiques islamistes. Comment interprétez-vous la probable victoire des libéraux ? C’est un classique aux Pays-Bas… La droite revient sur le devant de la scène politique en temps de crise. Elle semble assez directe et claire dans ses propositions. Elle a d’ailleurs promis d’investir dans la recherche et l’éducation. Les discours des candidats n’ont pas été assez convaincants pendant cette campagne. Je pense que le charisme des candidats a beaucoup primé sur les débats de fond. Le candidat des libéraux Mark Rutte, est un homme jeune énergique, qui dirige son parti depuis 6 ans, un peu à l’image de David Cameron au Royaume Uni. Il se démarque des personnages politiques classiques. On peut dire sans être trop sévère que les Hollandais sont fatigués de Jan Peter Balkenende, le chrétien démocrate qui a perdu 4 gouvernements en 8 ans. Une certaine instabilité qui rappelle les gouvernements italiens.
Entretien avec Ariejan Korteweg
Le Premier ministre néerlandais sortant Jan Peter Balkenende à Bruxelles le 7 mai 2010
Que pensez-vous de la poussée de l’extrême droite ? Rien n’est vraiment sûr. C’est vrai que le parti de la liberté a remporté les élections municipales en mars dernier dans deux grandes villes des Pays-Bas (La Haye et Almere dans l’ouest), mais il a refusé de s’allier à d’autres formations politiques. Un acte qui lui a porté préjudice, il se retrouve finalement dans l’opposition municipale. À partir de là, on ne peut pas vraiment prévoir le choix de ses électeurs. Les électeurs de l’extrême droite votent certes pour les idées de leurs leaders, mais aussi contre la classe dirigeante classique qui à leurs yeux ne se renouvelle pas assez. Quels changements vont apporter les libéraux ? La Hollande a connu deux gouvernements violets (sans les chrétiens démocrates, conservateurs) depuis la fin de la guerre. En l’absence des chrétiens démocrates, le parlement a voté les lois sur la légalisation de l’euthanasie et de l’avortement et sur l’autorisation des mariages homosexuels. S’il s’avère que seuls les libéraux et les travaillistes gouvernent, il y aura des avancées sur le plan éthique. Mais je ne saurais vous dire lesquels. Les libéraux ont également promis de réduire les dépenses publiques. Quelles sont les coalitions possibles après ces élections ? Si on se réfère aux pronostics pré-électoraux, on pourrait avoir un gouvernement centriste, c'est-à-dire entre libéraux et travaillistes, on pourrait aussi avoir un gouvernement à droite, entre libéraux et chrétiens démocrates… Propos recueillis par Christelle Magnout 9 juin 2010