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Interview Isabelle Malivoir
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Environnement au Brésil : l'appel au secours du peuple Krenak

Voici trois ans de cela, une gigantesque coulée de boues toxiques provoquait un désastre écologique et social dans le bassin du Rio Doce. Un crime environnemental qui a détruit la vie des Krenak, un peuple autochtone vivant depuis des millénaires en symbiose avec la nature sur les rives de ce fleuve. A Paris pour recevoir le Prix Danielle Mitterrand 2018, Geovani Krenak est l'invité de TV5MONDE.

Fukushima brésilien

Le 5 novembre 2015, dans l'Etat de Minas Gerais, au sud-est du Brésil, un barrage se rompait, libérant une gigantesque coulée de boues toxiques - 60 millions de tonnes de résidus de minerai de fer se sont déversées sur plusieurs villages, puis dans le Rio Doce, le fleuve sacré des Krenak. 19 personnes sont mortes et au moins 250 000 ont souffert de pénuries d’eau dues à la catastrophe. Le fleuve reste pollué pour des années.

La contamination massive de leurs terres a anéanti la vie quotidienne des Krenak, les privant de leurs moyens de subsistance traditionnels. Les Krenak ne peuvent plus ni pêcher, ni boire ou se baigner dans l’eau du Rio Doce ; leurs activités agricoles et économiques sont mises à mal.

Nous allons vers la destruction généralisée.Geovani Krenak

Le barrage qui a cédé ce jour-là avait été construit par Samarco, une compagnie détenue à parts égales par le groupe minier brésilien Vale et l’anglo-australien BHP Billiton. A ce jour, aucun des responsables n'a été condamné pour cette catastrophe écologique. Les sinistrés qui ont tout perdu vivent toujours d’une aide d’urgence et ne sont toujours ni indemnisés, ni relocalisés. "La sensation d'impunité est très forte," affirme Geovani Krenak.

Au-delà des peuples autochtones directement touchés, ce sont plus de 4 millions de personnes qui ont été affectés par cette catastrophe. "L'extractionnisme doit s'arrêter, affirme le représentant Krenak. Nous allons vers la destruction généralisée, alors que la législation ne cesse de s'assouplir envers les multinationales responsables." D'autant que le président nouvellement élu, Jaïr Bolsonaro, totalement opposé aux droits des autochtones, a d'ores et déjà annoncé que "l'indien n'aurait plus 1 centimètre de terre" et veut assimilier l'activisme à un acte de terrorisme.