Environnement : la couche d'ozone de nouveau menacée… par la Chine

Une étude scientifique vient sonner l'alarme sur la destruction de la couche d'ozone. La Chine serait majoritairement à l'origine d'une augmentation des rejets de CFC-11, un gaz mis en cause dans ce problème environnemental majeur pourtant en voie de résolution depuis 20 ans.
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Pollution en Chine : la couche d'Ozone de nouveau en question
La pollution dans les villes est très importante en Chine.
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L'étude scientifique (Augmentation des émissions de CFC-11 dans l'est de la Chine sur la base d'observations atmosphériques) publiée dans la revue Nature est sans appel : le CFC-11, plus connu sous le nom de fréon, ou chlorofluorocarbone — un gaz utilisé pendant des décennies pour les aérosols, comme réfrigérant, ou pour les isolants en mousse de polymère — augmente de nouveau dans l'atmosphère depuis plusieurs années. Ce gaz est le principal responsable de la destruction de la couche d'ozone constatée dans les années 80, ce qui avait obligé la communauté internationale a prendre des mesures pour l'interdire, sans quoi la vie sur Terre aurait pu être fortement compromise. 


CFC-11 : le tueur d'ozone (presque) banni de la planète

C'est en 1987 que le protocole de Montréal pour la protection de la couche d'ozone est signé : il demande de diminuer, puis bannir, toutes les substances concernées par ce problème mondial. La couche d'ozone, étudiée depuis trois décennies à l'époque est dégradée par les rejets de gaz utilisés dans l'industrie, dont le CFC-11 ou fréon-11.

La conséquence principale de cette dégradation est l'apparition de "trous" dans cette partie de la couche atmosphérique. Un problème grave pouvant entraîner des problèmes majeurs pour la santé humaine et l'environnement, puisque l'ozone manquante ne filtre plus correctement les ultraviolets.

Face à ce constat, les Nations unies parviennent au cours des années 90 à faire signer un engagement de réduction et un bannissement progressif de ces gaz pour la totalité des 192 pays membres, à l'horizon 2010.

Emettre du CFC-11pour lutter contre le C02 ?


Depuis 2002, et jusquà 2012, la concentration de CFC-11 dans l’atmosphère était en baisse constante, de façon logique puisque plus aucun pays n'était censé en émettre depuis 2010. A partir de 2012, des chercheurs ont commencé à relever un arrêt de cette baisse, puis une augmentation de la concentration d'un "gaz tueur d'ozone" bien connu : quelqu'un émettait-il quelque part des milliers de tonnes de Fréon ? Une équipe internationale a donc fouillé l'atmosphère et trouvé 7000 tonnes de cette substance émises depuis l'est de la Chine entre 2015 et 2017. Ces seuls rejets correspondent selon les chercheurs à une valeur de 40% à 60% de l'augmentation globale constatée. 

La New-York Times a enquêté : cette production serait illégale, effectuée par des entrepreneurs chinois peu scrupuleux surfant sur la vague des isolants… poussée par le gouvernement chinois pour réduire son empreinte carbone. Un scientifique, Ray Weiss, géochimiste au centre d’océanographie Scripps de l'université de Californie, interrogé par le quotidien américain confirme cette théorie : "Il semble que cela provienne d’une production illégale. Des entrepreneurs pressés de fabriquer davantage de mousse isolante pour améliorer l’isolation des bâtiments neufs et réduire la consommation de combustibles fossiles ont utilisé une substance interdite."

Pour moins utiliser de chauffages électriques — alimentés par des centrales au charbon — et donc moins rejeter de CO2, des mousses isolantes sont utilisées, dont la production détruit la couche d'ozone… Sachant que plus la couche d'ozone diminue dans la stratosphère, plus elle augmente dans la basse atmosphère, et devient alors un gaz très polluant… à effet de serre ! Le paradoxe chinois est complet, mais la situation devrait se régler selon le Ray Weiss qui indique que "depuis 2017, les Chinois ont pris des mesures pour arrêter cette production illégale". En espérant que le gouvernement chinois prendra fermement les mesures qui s'imposent : le trou de la couche d'ozone en Antarctique a diminué et les chercheurs ont espoir que le niveau global de cette protection naturelle de l'atmosphère retrouvera en 2050 celui de 1980. Si les émissions cessent entièrement.