Fil d'Ariane
Papillons, punaises, araignées, etc : les insectes disparaissent à une vitesse alarmante ! C'est ce qu'une récente étude allemande sur le déclin massif de la "biomasse des arthropodes" confirme. Jusqu'à 67% de ces insectes ont disparu en à peine dix ans dans les prairies allemandes et 41 % dans les forêts.
Cette extinction — inédite et accélérée — n'est malheureusement pas spécifique à l'Allemagne, puisque d'autres études viennent confirmer un problème… mondial. Aux Etats-Unis, c'est une perte de 83% des coléoptères en 40 ans qui a été constatée, et 75% des insectes volants aux Pays-Bas en moins de 30 ans.
Ce déclin a été confirmé par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui tire une sonnette d'alarme : si les insectes disparaissent, c'est l'agriculture humaine qui risque de ne plus fonctionner. Avec à la clef, une extinction de la biodiversité, dont les oiseaux au premier chef.
Un article scientifique publié dans la revue "Nature", le même jour que l'étude allemande indique que "les insectes jouent un rôle central dans les écosystèmes terrestres (…). Ils remplissent des fonctions et des services écosystémiques importants tels que la pollinisation des fleurs, l’élimination des organismes morts et des déchets, et la création de liens cruciaux dans les chaînes alimentaires."
La revue précise que ce déclin des insectes est impliqué dans la disparition des oiseaux insectivores et des plantes à pollinisation animale, et s'alarme des pertes en diversité d'insectes — comme en abondance — qui "seraient un motif de grave préoccupation."
Le 19 octobre 2019, Stéphane Foucart, auteur de Et le monde devint silencieux, accompagné du philosophe Thierry Hoquet, déclarait sur TV5MONDE : "La disparition des insectes est un phénomène gigantesque dont l’énormité dépasse tout ce que nous pouvions imaginer" :
"Les informations provenant des 91 pays qui ont contribué [au rapport] révèlent que les espèces alimentaires sauvages et de nombreuses espèces contribuant aux services écosystémiques essentiels à l'alimentation et à l'agriculture, notamment les pollinisateurs, les organismes du sol et les ennemis naturels des parasites, disparaissent rapidement", annonçait le 22 février dernier la FAO lors de la publication de son rapport intitulé "l'état de la biodiversité dans le monde pour l'alimentation et l'agriculture".
Ce constat scientifique global — excessivement inquiétant — rejoint l'étude allemande du déclin massif de la biomasse des arthropodes (tous les insectes sont dans cette catégorie).
Cette étude a d'ailleurs incité cinq organisations européennes de naturalistes à publier une lettre ouverte datée du 5 novembre : "Réforme de la politique agricole commune : une agriculture nuisible qui détruit la nature". Les spécialistes estiment que la PAC "transforme les zones rurales en déserts verts de monocultures inhabitables et à rendement maximal (…)" alors que selon eux, il faudrait "soutenir une agriculture diversifiée et durable".
Les causes de cette extinction des insectes — et de la biodiversité mondiale — en cours, sont désormais connues : ce sont majoritairement les pratiques agricoles industrielles basées sur l'utilisation de produits chimiques, couplées à la surexploitation des ressources naturelles.
La FAO indique, que malgré tout, le problème est pris en compte dans une majorité de pays. Selon le rapport du 22 février, "quatre-vingt pour cent des 91 pays déclarants, indiquent utiliser une ou plusieurs pratiques et approches respectueuses de la biodiversité, telles que l’agriculture biologique, la lutte antiparasitaire intégrée, l’agriculture de conservation, la gestion durable des sols, l’agroécologie, la gestion durable des forêts, l’agroforesterie, les pratiques de diversification en aquaculture, l’approche écosystémique de la pêche et la restauration des écosystèmes."
Recommandations de la FAO pour lutter contre la perte de biodiversité :
- Améliorer la collaboration entre les décideurs, les organisations de producteurs, les consommateurs, le secteur privé et les organisations de la société civile dans les secteurs de l'alimentation, de l'agriculture et de l'environnement.
- Développer plus de marchés pour des produits respectueux de la biodiversité pourraient être explorées davantage.
- Réduire le pressions sur la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture.
—Permettre aux consommateurs d’opter pour des produits cultivés de manière durable, d’acquérir directement sur les marchés des producteurs ou de boycotter les aliments considérés comme non durables.