Équateur : l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle assassiné

L'un des principaux candidats à la présidentielle en Équateur, Fernando Villavicencio, a été assassiné par balle ce 9 août 2023. Le pays instaure l'état d'urgence, mais maintient la date du premier tour du scrutin au 20 août.

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Fernando Villavicencio assassiné

Des policiers et urgentistes se trouvent à l'extérieur de la clinique où Fernando Villavicencio a été évacué après s'être fait tiré dessus lors d'un meeting de campagne à Quito, en Équateur, le 9 août 2023. 

AP Photo/Juan Diego Montenegro
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Fernando Villavicencio a été assassiné à la fin d'un meeting électoral le 9 août au soir à Quito, en Équateur. "Le crime organisé est allé très loin", dénonce sur X (ex-Twitter), le président équatorien Guillermo Lasso. Il se dit "indigné et choqué". "Je vous assure que ce crime ne restera pas impuni", promet-il.

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Le premier tour du scrutin des élections générales anticipées provoquées par la dissolution de l'Assemblée en mai par Guillermo Lasso est maintenu au 20 août, a ensuite annoncé la responsable du Conseil national électoral (CNE), Diana Atamaint, dans une déclaration commune avec le président sur YouTube. "Les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquillité du pays et des élections libres et démocratiques le 20 août", assure Guillermo Lasso.

Huit candidats pour la présidentielle

Deuxième dans les sondages, le candidat centriste Fernando Villavicencio, âgé de 59 ans et journaliste de profession, était l'un des huit à se présenter au premier tour. Il était connu pour sa dénonciation de la corruption, en particulier celle du gouvernement de l'ex-président de gauche Rafael Correa (2007-2017), condamné par contumace à huit ans de prison et réfugié en Belgique. 

Il se classait deuxième en intentions de vote avec environ 13%, selon les derniers sondages de l'institut Cedatos, derrière l'avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de Rafael Correa. À l'annonce de sa mort, Luisa Gonzalez, le leader indigène de gauche Yaku Perez (troisième dans les sondages avec 12,5% des intentions de vote), l'ancien vice-président de droite Otto Sonnenholzner (4e à 7,5%) et Jan Topic (droite, 6e à 4,4%), avaient annoncé suspendre leur campagne.

Fernando Villavicencio a été tué alors qu'il sortait d'une salle omnisports dans le Nord de la capitale, après un meeting de campagne. Selon le parquet, l'attaque a également fait "neuf blessés, dont une candidate à l'Assemblée, et deux policiers", en plus de la mort de l'un des assaillants, abattu par la sécurité.

Six personnes arrêtées 

La police a arrêté six personnes lors de descentes dans un quartier du Sud de Quito et un village voisin, a ensuite annoncé le parquet. Le corps de Fernando Villavivencio se trouve au département de médecine légale de la police et une autopsie va être réalisée.

La semaine précédente, Fernando Villavicencio avait fait état de menaces contre lui et son équipe de campagne, prétendument adressées par le chef d'une bande criminelle liée au narcotrafic actuellement en prison. "Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre #Equateur", avait alors écrit l'ex-député sur X (ex-Twitter) précisant avoir reçu une "menace gravissime" de "alias Fito", dirigeant la bande "Los Choneros".

Après l'assassinat, Guillermo Lasso a convoqué en urgence une réunion des hauts responsables de la sécurité et d'institutions publiques telles que la Cour nationale de justice (CNJ), plus haute juridiction du pays. "Je suis vraiment blessé et très préoccupé pour l'Equateur", déclare le président de la CNJ, Ivan Saquicela. 

Vague de violences liée au trafic de drogue

Ces dernières années, l'Equateur est confronté à une vague de violence liée au trafic de drogue qui, en plein processus électoral, a déjà entraîné la mort d'un maire et d'un candidat au Parlement. Selon Mme Atamaint, plusieurs membres du CNE ont reçu des menaces de mort.

En amont des élections locales de février, deux candidats au poste de maire avaient été assassinés. Le nombre d'homicides pour 100.000 habitants a presque doublé en 2022 par rapport à l'année précédente, à 25. Plusieurs pays et organisations dont les États-Unis, l'Espagne, le Chili et la mission des observateurs de l'OEA (Organisation des Etats Américains) ont condamné l'assassinat.

"Nous sommes horrifiés de cette attaque tragique", déclare sur X l'ambassadeur de l'Union européenne, Charles-Michel Geurts. "La violence ne peut l'emporter. La démocratie oui".

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Trois balles dans la tête

Le principal journal local, El Universo, affirme que Fernando Villavicencio a été assassiné "selon la méthode des sicarios (tueurs à gages), avec trois balles dans la tête". Le médecin Carlos Figueroa, un ami de la victime présent sur les lieux au moment de l'assassinat, indique à la presse avoir entendu une trentaine de coups de feu. "Ils lui ont tendu une embuscade à l'extérieur" de la salle de son meeting, explique Carlos Figueroa. "Certains (des témoins) ont cru à des feux d'artifice".

La police a fait sauter un engin explosif qui avait été posé dans la zone de l'attentat, a dit Alain Luna, responsable des investigations des forces de sécurité. Quand il était le président de la commission en charge de la Fiscalité à l'Assemblée dissoute par Guillermo Lasso en mai, Fernando Villavicencio dénonçait régulièrement des cas de corruption, comme il en avait l'habitude au cours de sa carrière de journaliste.