Fil d'Ariane
Son épopée aura duré six mois depuis son départ de la Terre, le 3 décembre 2018.
L'ingénieur est impatient de retrouver ses proches. Pour supporter la séparation, il a trouvé des subterfuges lui permettant d'entrenir les liens. "C'est une chose d'être astronaute, mais c'est autre chose de le faire en restant un bon mari, un bon père, un bon ami, un bon fils", estime-t-il, lors de la conférence de presse prévue en amont de ce retour sur Terre.
Sur Terre justement, Isabelle Tremblay, la directrice des astronautes, des sciences de la vie et de la médecine spatiale à l'Agence spatiale canadienne, ne cache pas sa satisfaction. "Nous, on est très fiers de lui, c'est tout à fait remarquable, il a été parfait", commente t-elle. L'astronaute espère repartir sur nouvelle mission, mais rien n'est sûr. "On part toujours en disant adieu, c'est une règle d'astronautes", dit-il.
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Son corps a oublié ce qu'est la gravité. David Saint-Jacques en est pleinement conscient. "J'ai grandi dans l'espace de quelques centimètres, car ma colonne vertébrale s'est complètement redressée. Chaque disque s'est élargi," dit-il.
Pendant six mois, dans les couloirs de la station spatiale, l'astronaute a appris à voler et à se mouvoir en apesanteur. De retour sur Terre, il lui faudra réapprendre les bases et notamment à se tenir debout et à marcher. "Je vais être tenté d'aller dans la piscine pour pouvoir flotter comme dans la station spatiale", souligne t-il. Et d'ajouter. "Je risque d'être vacillant, de devoir tenir la main de quelqu'un pour marcher droit, d'être nauséeux et de m'écraser sous l'effet de la gravité."
Isabelle Tremblay, sa patronne surenchérit. "On dit que les astronautes prennent à peu près autant de temps à récupérer que le temps qu'ils ont passé dans l'espace", explique t-elle.
Durant son séjour orbital, David Saint-Jacques aura participé à une trentaine d’expériences scientifiques, dont sept Canadiennes.
Il a également effectué des sorties dans l’espace, pour des activités de maintenance sur le générateur d’oxygène et l'entretien de l'ISS.
Il y a quelques semaines, il a aussi attrapé une capsule cargo de Space X, grâce au bras robotisé Canadarm2. C'est d'ailleurs cette capsule qui ramenera sur Terre l'essentiel des ses effets personnels.
Pour ses derniers jours dans l'espace, David Saint-Jacques devra voir et revoir tous les paramètres de son retour : "Tomber sur la Terre, entrer dans l'atmosphère, ouvrir les parachutes, atterrir au Kazakhstan, être récupéré par l'équipage russe puis revenir à Houston". Il étudie toutes les étapes de la procédure car il doit maîtriser toutes ces manœuvres, pour les effectuer, les yeux fermés. "Ce n'est pas bénin de revenir sur Terre, on tombe littéralement du ciel", dit-il.
Pour revenir, David Saint-Jacques passera par la capsule de Soyouz, le vaisseau spatial qui devrait le mener à bon port, en seulement quelques heures.