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La justice entendait vendredi les dirigeants des principaux mouvements indépendantistes catalan et le chef de la police régionale, à trois jours de la date envisagée en Catalogne pour une déclaration unilatérale d'indépendance qui fait trembler l'Europe.
Si on ouvre la boîte de Pandore, demain c'est le Pays basque, et après c'est le Pays basque français, et après c'est l'Italie du Nord, et après c'est la guerre.Manuel Valls, ancien Premier ministre de François Hollande
Le chef de la police catalane Josep-Lluis Trapero est arrivé vendredi matin à l'Audience nationale de Madrid, tribunal spécialisé notamment dans les affaires de sécurité nationale, sans dire un mot. Il est poursuivi pour "sédition", comme les chefs des deux principales associations indépendantistes catalanes, très puissants dans la région: Jordi de l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Jordi Cuixart (Omnium).
Ces auditions pourraient encore accroître les tensions entre Madrid et Barcelone, plongés dans la crise politique la plus grave en Espagne depuis que ce pays est redevenu démocratique, en 1977. Une crise qui divise la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols et où la moitié de la population n'est pas indépendantiste selon les sondages.
L'instabilité dans cette région grande comme la Belgique alarme aussi l'Europe.
"Défaire l'Espagne, c'est-à-dire un Etat-nation (...), c'est défaire l'Europe. Et si on ouvre la boîte de Pandore, demain c'est le Pays basque, et après c'est le Pays basque français, et après c'est l'Italie du Nord, et après c'est la guerre", a estimé sur BFMTV l'ancien Premier ministre français Manuel Valls, originaire de Barcelone.
Les séparatistes catalans envisagent de déclarer l'indépendance lundi, après la publication de résultats définitifs d'un référendum d'autodétermination qui s'est tenu dimanche et qu'ils estiment déjà avoir emporté avec près de 90% des suffrages et 42,3% de participation.
La convocation du chef de la police fait suite à des troubles ayant accompagné des arrestations et perquisitions en Catalogne, les 20 et 21 septembre. Des manifestants encouragés par l'ANC et Omnium avaient alors bloqué des gardes civils dans leur bâtiment pendant des heures et avaient endommagé leurs véhicules. C'étaient les premiers signes de l'agitation qui règne en Catalogne, où les manifestations contre les forces de l'ordre se sont encore intensifiées après les violences policières ayant émaillé le référendum, quand des policiers ont brutalement tenté d'arrêter le référendum dans une centaine de bureaux de vote.
Des militants qui faisaient barrage de leur corps pour leur bloquer le passage ont été matraqués, trainés par les cheveux, frappés à coups de pied... des balles en caoutchouc ont été utilisées... La comparution du chef de la police intervient alors que la pression politique ne cesse de s'accroître sur l'exécutif catalan.
L'impasse semble pour l'instant totale, alors que le gouvernement central de Mariano Rajoy écarte toute possibilité de médiation.
En Catalogne, les banques commencent à délocaliser leurs sièges sociaux vers d'autres régions de l'Espagne :