Espagne : la Tabarnia défie le nationalisme en Catalogne

Pays imaginaire revendiqué par des habitants de Catalogne hostiles à l'indépendance, la Tabarnia tourne en dérision les arguments nationalistes et leur posture victimaire. Grand succès sur les réseaux sociaux.
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Tabarnia
La carte de Tabarnia vue par ses inventeurs.
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Bienvenue en Tabarnia, nouvelle région d'Espagne … imaginaire, mais qui souligne les écueils de la revendication nationaliste catalane. Une pétition satirique proposant qu'une partie de la Catalogne restée fidèle à la couronne fasse elle-même sécession de cette région séparatiste sous ce nom de Tabarnia faisait fureur mardi sur les réseaux sociaux.

La pétition, qui a recueilli plus de 160.000 signatures en quelques jours, était cette semaine l'un des sujets les plus discutés au monde sur Twitter, avec plus de 500.000 messages selon ses initiateurs, sous des mots-clés variés (#Tabarnia, #TabarniaIsNotCatalonia, #HelpTabarnia, #Tabarnialibre, #TabarniaLliure …).

Carte à l'appui, elle tourne en dérision les arguments des indépendantistes, affirmant que Tabarnia, néologisme formé de Tarragone et Barcelone, les deux principales villes de cette bande de terre sur la côte catalane, "est une région qui se différencie en plusieurs aspects du reste de la région à laquelle elle appartient".
 
Notre vote vaut trois et quatre fois moins que celui de Gérone et Lleida
Aux élections régionales du 21 décembre, les indépendantistes ont obtenu la majorité absolue en sièges mais pas en voix, le système électoral favorisant les régions rurales de l'intérieur des terres, plus nationalistes, au détriment des zones urbaines de la côte, qui ont voté pour les partis défendant l'unité de l'Espagne.

"Notre vote vaut trois et quatre fois moins que celui de Gérone et Lleida", les deux provinces rurales ayant placé les indépendantistes en tête le 21 décembre, relève le texte.
 
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Votes par province vus par le site "Barcelone n'est pas la Catalogne" : une sur-représentation de près de 50% de Gérone (indépendantiste) sur Barcelone (non-indépendantiste).

Une légitimité carolingienne

La pétition a été lancée par un mouvement qui s'est baptisé "Barcelona is not Catalonia", en référence au slogan séparatiste déjà étrangement anglophone "Catalonia is not Spain".

 
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Drapeau envisagé de Tabarnia
Il se décrit comme l'émanation d'une centaine de groupes, associations et entreprises de Barcelone de différents horizons.

Parmi ses objectifs affirmés : la gestion plus juste et efficace des ressources générées par Barcelone, assurer "sa permanence en Espagne" et, dans un registre plus pittoresque, récupérer la souveraineté historique du Comté de Barcelone, qui remonte à ... Charlemagne.
 
Actuellement, Barcelone et son agglomération apportent 87 % des revenus de la Généralité et n'en reçoivent que 59 %
Ses auteurs assurent également que Barcelone et Tarragone souffrent d'un "déficit fiscal" vis-à-vis du reste de la région, reprenant l'argument - et l'expression - des séparatistes selon lequel la Catalogne, une des plus riches régions d'Espagne, paie injustement pour le reste du pays : "Actuellement, Barcelone et son agglomération apportent 87 % des revenus de la Généralité et n'en reçoivent que 59 %", affirment-ils.
 
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Plaquette résumant le programme et les prétentions territoriales de Tabarnia.

Autodétermination ...

Ils réclament le "droit à décider si nous voulons ou non former une nouvelle région espagnole qui nous isole de la menace séparatiste", faisant écho au "droit à décider" brandi par les Catalans qui réclament un référendum d'autodétermination pour la région.

Moquant les arguments historiques des nationalistes, la pétition avance l'exemple de la région de Madrid, historiquement rattachée à la Castille et aujourd'hui autonome, qui "est actuellement l'un des moteurs de l'Espagne".

"Si les nationalistes peuvent invoquer le droit inexistant à diviser, n'importe qui peut le faire", a commenté sur Twitter le chef du parti anti-indépendance Ciudadanos, Albert Rivera, en partageant un article sur Tabarnia.