Fil d'Ariane
C'est un rapport choc qui aurait dû faire vaciller le clergé américain. Rédigé par un grand jury, il fait état d'agressions sexuelles sur plus de mille enfants, dont certains sont âgés de moins de 10 ans. Un prêtre a abusé de cinq fillettes, dont un bébé de 18 mois.
Les représentants de l'Église ont régulièrement et délibérément décrit les abus comme des jeux. Ce n'était rien de tout cela. C'était de l'abus sexuel d'enfants, y compris des viols commis par des hommes adultes, des prêtres contre des enfants.
Josh Shapiro, procureur général de Pennsylvanie
Le rapport de 884 pages détaille deux ans d'enquête. Il ne manque ni de preuves, ni de détails suffisamment explicites. Pourtant, la hiérarchie de l'Église a tout fait pour étouffer le scandale. "Les évêques avaient la clé des archives secrètes qui contenaient à la fois les allégations et les aveux des abus et de la dissimulation", assure John Shapiro le procureur général de Pennsylvanie.
Cette dissimulation empêche aujourd'hui la justice d'être rendue, car quasiment tous les cas d'abus sexuels sont frappés de prescription. Seuls deux prêtres sont inculpés. Ils ne risquent que cinq ans de prison.
Désormais protégé, le diocèse de Pennsylvannie peut se laisser aller à la repentance :
Vous avez été trahis par des gens qui se prétendent les serviteurs de Dieu, des enseignants, ou des représentants de la communauté. Si vous lisez le rapport, vous y trouverez des choses répugnantes et il n'y a aucune, aucune excuse.
Lawrence Thomas Persico, évêque du diocèse de Pennsylvanie
Comme pour rétablir un certain équilibre, les jurés ont rendu public les noms de dizaines d'hommes d'Église mis en cause par l'enquête. Selon une ONG, de 1950 à 2016, près de 7 000 prêtres ont été accusés d'abus sexuels aux États-Unis.