Donald Trump s'apprête à vivre ce 4 avril ce qu'aucun autre ancien président américain n'a connu : inculpé dans une affaire de paiement à une star du X, il va comparaître au tribunal à New York. Il a été libéré sans aucune condition et mesure de contrôle judiciaire. Une audience sans précédent qui divise et fascine l'Amérique.
L'ancien président républicain de 76 ans, candidat à l'élection présidentielle de 2024, est convoqué devant le juge à 14H15 (18H15 TU.) pour se voir notifier les charges qui pèsent sur lui. Le tribunal de Manhattan, placé sous haute surveillance policière, est aussi au centre de l'attention médiatique.
Quand sa voiture sous escorte est arrivée au tribunal, on a pu entendre des cris s'élever parmi les reporters massés pour tenter de recueillir une image.
Un journaliste demande même à un policier assez corpulent de se pousser ...
Leurs caméras ne seront cependant pas admises dans la salle d'audience après qu'un juge en a décidé ainsi lundi soir, selon des médias américains.
"Surréaliste"
Donald Trump a jugé
"surréaliste" d'avoir à comparaître devant un juge de New York.
"Je me dirige vers (...) le tribunal. Ça semble si SURREALISTE - WOW, ils vont M'ARRETER. Je n'arrive pas à croire que ça se passe en Amérique" a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.
La comparution judiciaire historique et ultra-médiatisée de l'ancien président américain Donald Trump n'est
"pas une priorité" pour son successeur Joe Biden, assure sa porte-parole.
"Evidemment, il suivra une partie de l'actualité quand il aura un moment pour se tenir au courant des nouvelles du jour, mais ce n'est pas une priorité pour lui", a déclaré Karine Jean-Pierre.
Voir : États-Unis : Donald Trump attendu au tribunal de Manhattan
Mais son statut si particulier pourrait nécessiter quelques arrangements avec la procédure habituelle, et rien ne dit que les choses se passeront comme prévu.
Les chefs d'inculpation n'ont pas encore été rendus publics, même si quelques éléments ont fuité dans les médias. Ils seraient une trentaine, liés à la falsification de documents d'entreprise, a avancé le 3 dans la soirée Yahoo News, citant une source anonyme.
L'article a provoqué la colère de Donald Trump, qui a accusé le procureur de Manhattan Alvin Bragg, en charge du dossier, d'avoir
"illégalement fait fuiter" des informations sur son inculpation.
L'ancien président, visage fermé, a plaidé non coupable des 34 chefs d'inculpation retenus contre lui par le procureur de Manhattan Alvin Bragg, au terme de cinq années d'enquête.
Il devrait ensuite être laissé en liberté, peut-être sous conditions, en attendant l'organisation de son procès.
Le républicain a donné rendez-vous à ses fidèles en Floride le soir même, pour une conférence de presse prévue à 20H15 (00H15 TU. mercredi).
Manifestations
L'enquête qui vaut à l'ancien président ce rendez-vous avec le juge concerne un versement de 130.000 dollars effectué à l'actrice pornographique Stormy Daniels, juste avant l'élection présidentielle de 2016, pour qu'elle taise une supposée relation extraconjugale avec lui.
(RE)voir : États-Unis : quel avenir pour Donald Trump ?
La somme n'avait pas été déclarée dans les comptes de campagne du candidat républicain, une violation possible des lois électorales de l'État, et enregistrée en tant que
"frais juridiques" dans les comptes de son entreprise, dont le siège est à New York.
Supporters et critiques
Dans le petit square qui fait face au bâtiment gris, les esprits se sont rapidement échauffés quand un petit groupe de militantes a tenté de déployer une très grande banderole noire sur laquelle on pouvait lire en lettres capitales
"Trump lies all the time" ("Trump ment tout le temps").
Une militante trumpiste, casquette à l'effigie de son champion sur la tête, a marché sur la banderole et tenté de l'arracher, créant un moment de confusion rapidement dissipé par les policiers et des agents de la mairie de New York.
En quelques minutes, des barrières sont installées au milieu du parc et, de chaque côté, chacun lance à l'autre camp huées et slogans plus ou moins aimables.
Une illustration de la frontière qui sépare démocrates et républicains dans un pays profondément divisé.
En milieu de matinée, plusieurs dizaines de manifestants sont regroupés de part et d'autre, et se font de plus en plus bruyants.
"Enfermez-le" ("Lock him up") hurlent à pleins poumons les uns.
"USA... USA", scandent les autres.
"Je n'ai pas peur. Nous étions là le 6 janvier" 2021, le jour où une foule de partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole à Washington, revendique avec un brin de fierté Paulina Farr, une retraitée de Long Island, à l'est de New York.
"Je suis là pour montrer notre soutien à notre président Trump. Nous connaissons la vérité", ajoute-t-elle, une manière de bien signifier que pour elle, son champion n'a pas perdu l'élection présidentielle de 2020 face à Joe Biden. Mais elle concède que le maigre rassemblement, grossi par les très nombreux journalistes,
"n'a rien à voir avec le 6 janvier". Près d'elle, un camarade pro-Trump et peu frileux se promène, torse nu sous une salopette barrée du drapeau américain. Un autre, casquette bleue et survêtement rouge, lance des
"Trump, Trump" en faisant tourner un ballon de basket au bout de son drapeau américain.
"Peur du fascisme"
De l'autre côté du parc, Jennifer Fischer, une retraitée de 63 ans qui partage sa vie entre New York et la Floride, se fait plus grave pour dire sa "
peur" que
"l'Amérique tombe dans le fascisme". Pour cette journaliste à la retraite, le moment est important parce que c'est
"la première fois qu'il doit rendre des comptes", dit-elle, avant d'énumérer les autres affaires dans lesquelles Donald Trump est visé... au son des casseroles que font résonner d'autres militants.
Pendant que les trumpistes attendent la venue d'une de leurs élues favorites, la parlementaire d'extrême droite Marjorie Taylor Greene, l'un de ses collègues George Santos, connu pour ses nombreux mensonges durant sa campagne, fait une apparition. Mais il s'éclipse très brièvement.
L'ambiance a parfois des airs de fête costumée : déguisée la veille en diablesse rouge devant la Trump Tower, de l'autre côté de Manhattan, une activiste se pavane cette fois en faux uniforme de la police, avec une poupée à l'effigie de Donald Trump et encombrée d'un grand sac de faux billets.
Une allusion moqueuse aux 130.000 dollars payés par le camp de l'ancien président à la star du X Stormy Daniels pour acheter son silence sur une relation présumée, qui lui vaut aujourd'hui ses ennuis judiciaires.
Et dans l'attente de l'arrivée sous haute sécurité de Donald Trump, c'est un imitateur qui fait le spectacle, perruque orange sur la tête pour ressembler au milliardaire républicain.
"Vous êtes tous invités ce soir à Mar a Lago", lance cet humoriste, Jason Scoop, en mimant la gestuelle du 45e président des États-Unis... avant de faire la promotion de son podcast.
Au-delà de cette affaire, Donald Trump est visé par plusieurs autres enquêtes, notamment sur son rôle dans l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, sa gestion des archives présidentielles ou encore des pressions exercées sur des responsables électoraux en Géorgie pour contester sa défaite à la présidentielle de 2020.