Le milliardaire et magnat de l'immobilier, Donald Trump vient d'être élu 45e président des Etats-Unis. Pendant toute la campagne, il a cristallisé l’attention médiatique avec ses incartades répétées sur les femmes et les migrants entre-autres… Mais qu’en est-il de son programme de politique étrangère ?
Milliardaire, magnat de l'immobilier, personnage d’une émission de téléréalité et, désormais, futur résident de la Maison Blanche. Au-delà de ces multiples personnages incarnés par Donald Trump, de ses coups d’éclat récurrents dans les rassemblements ou les médias, qu’en est-il de son programme ? Que propose-t-il aux Américains dans son programme ?
Pour Donald Trump « le rêve américain est mort ». Son credo et son slogan : « Faire de l’Amérique un grand pays à nouveau » (Make America great again), promet aux Américains de réhabiliter la grandeur perdue de leur pays en déroute.
Sur son site internet, le candidat, comme ses concurrents, défend ses positions sur de multiples sujets : emploi, santé, sécurité, immigration, …. Retour sur certaines propositions qu’il présente au fil de sa campagne.
Une politique étrangère isolationniste
Ces derniers mois, Donald Trump a multiplié les déclarations souvent contradictoires révélant une vision isolationniste de sa politique extérieure. Un terme qu'il rejette dans une interview donnée au
New York Times «
Je ne suis pas isolationniste mais je suis pour l'Amérique en premier» (America first), concède-t-il.
Après avoir annoncé qu'il interdirait aux musulmans l'entrée sur le sol américain, il dit vouloir mener une guerre commerciale contre la Chine (pourtant très importante dans la politique étrangère de Barack Obama). Il a aussi déclaré vouloir se rapprocher du président russe Vladimir Poutine à qui il voue une grande admiration.
C'est finalement dans une interview donnée au
New York Times fin mars que le milliardaire candidat à l'élection présidentielle a livré les noms de son équipe de conseillers en politique étrangère ainsi que des éléments de son programme.
Lutte contre le groupe Etat islamique
« Tout ce que nous pouvions faire de mal au Moyen Orient, nous l’avons fait », considère Trump dans cette interview au
New York Times. Il attaque ainsi la politique américaine des 15 dernières années dans la région. En Syrie, le principal problème pour lui ce n'est pas Bachar al-Assad mais le groupe Etat islamique.
Concernant la lutte contre les djihadistes, Trump envisage de déployer les forces aériennes mais pas question d’envoyer des troupes au sol qui devraient plutôt être mobilisées, selon lui, par les voisins comme l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis. Si jamais les Saoudiens refusaient d’envoyer des combattants, Trump envisagerait de faire pression en cessant de leur acheter du pétrole. «
Sans nous, l’Arabie saoudite n’existerait plus pour longtemps », assure-t-il. Trump considère que les Etats-Unis, nation débitrice, ne peut plus protéger des pays richissimes comme l’Arabie saoudite.
Quelle serait sa stratégie pour lutter contre le groupe EI et en quoi diffèrerait-elle de celle déployée actuellement par Barack Obama ? Trump insiste sur une chose :
« prendre le pétrole » extrait par les djihadistes et pour qui il représente une manne financière trop peu prise pour cible par les Américains jusqu’à présent, selon Trump, tout comme les réseaux bancaires par où transite cet argent.
Soutien à IsraëlDonald Trump a renouvelé à plusieurs reprises son soutien à Israël. Dans une interview donnée le 22 mars à la chaîne américaine
CNN, le candidat républicain a déclaré : «
personne d’autre n’est plus pro-Israël que je ne le suis. Nous devons protéger Israël. Israël est tellement important pour nous.» Il confirmait alors qu’une fois élu, il reconnaîtrait Jérusalem comme la capitale du pays et qu’il y déplacerait l’ambassade américaine actuellement à Tel Aviv.
Au
New York Times, il précise le 26 mars : «
Je soutiens la solution des deux Etats au sujet d’Israël. Mais l’Autorité palestinienne doit reconnaître à Israël le droit d’exister comme Etat juif. (…) Et ils doivent arrêter cette terreur, arrêter les attaques, arrêter l’enseignement de la haine. »
Même si Donald Trump s'est dorénavant entouré d'une équipe de conseillers (très conservateurs) sur sa politique étrangère, son discours reste plein de contradictions que dénonce une éditorialiste (elle aussi conservatrice) dans le
Washington Post : «
Sa position sur les problématiques importantes reste floue voire incohérente. Il veut renforcer l'accord avec l'Iran. Et il est sur le point de le démanteler. Il est inquiet d'une agression iranienne, mais il a dit à plusieurs reprises qu'il laisserait la Russie et Bachar al- Assad, les meilleurs alliés de l'Iran, livrés à eux-mêmes dans une Syrie qui baigne dans le sang.» Elle ajoute : «
Trump démontre encore et encore que sans lire les lignes issues d'un prompteur, il manque d'une vision cohérente du monde, d'une compréhension de la façon dont les États-Unis ont besoin de projeter son influence (ou même si elle doit le faire) et le respect des traditions démocratiques américaines.»
Lutte contre le changement climatique
Contrairement à Barack Obama qui en a fait l'un des dossiers importants de son second mandat, Donald Trump s’inscrit, lui, en climatosceptique. Le changement climatique n’est clairement pas l’une des ses préoccupations de premier plan, comme il l'a exprimé auparavant dans des tweets :
[Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois dans le but de rendre les Etats-Unis non compétitifs dans l'industrie manufacturière.]
[Ce très coûteux réchauffement climatique de foutaise doit s’arrêter. Notre planète gèle, record de baisse de température et nos scientifiques du réchauffement climatique sont coincés dans la glace.]
Ces propos sur la Chine, provocateurs ? Une blague répond Donald Trump dans une interview sur Fox news. "
Je pense, ajoute-t-il,
que le changement climatique est juste une forme de taxe très très onéreuse. Beaucoup de gens se font beaucoup d'argent." Loin des préoccupations de la conférence de Paris sur le climat, Donald Trump n'a pas pris de positions claires sur le sujet alors que les Etats-Unis restent l'un des pays les plus pollueurs au monde.
L'un des leitmotiv des discours de Donald Trump, c'est l’immigration illégale. Il le martèle : « Nous n’avons pas de pays sans frontières. Nous construirons un grand mur qui laissera les migrants dehors. » Dans l’un de ses spots de campagne, il indique qu’une « porte » permettra de faire rentrer uniquement les migrants légaux dans le pays. Ce mur sera dressé à la frontière avec le Mexique qui en assurera le financement. Une manière, selon Donald Trump, de rembourser tout l’argent envoyé par les migrants à leur famille là-bas et qui échappe aux Etats-Unis.
Dans son discours, il dépeint les migrants comme la source de tous les maux économiques et sécuritaires du pays. Ils prennent les emplois des Américains, viennent aux Etats-Unis pour commettre des
« crimes horribles » parmi lesquels Trump compte les derniers attentats perpétrés sur le sol américain : «
Des pirates de l’air du 11 septembre, aux porteurs de bombes de Boston, et bien d’autres, notre système migratoire est utilisé pour nous attaquer. »
Sur les réseaux sociaux, il n'hésite pas à assimiler des migrants syriens demandant l’asile politique à la frontière américano-mexicaine, à de potentiels membres du groupe Etat islamique :
[Huit Syriens ont été arrêtés à la frontière sud tentant d’entrer aux Etats-Unis. Groupe Etat islamique peut-être? Je vous l’avais dit. Nous avons besoin d’un grand et beau mur! ]
Pourtant selon une étude menée par le
Pew Research Center américain d’août à octobre 2015, 57% des Américains considèrent que la diversité ethnique fait des Etats-Unis un des pays les plus agréables où vivre. Un pays dont 14% de la population est née à l’étranger.
Les
hispaniques représentent la plus importante vague de migration de l’histoire des Etats-Unis. Aujourd’hui, un peu plus d’un tiers des immigrés vivant dans le pays sont nés au Mexique. En quarante ans d’immigration, ils représentent 12 millions de personnes dont la moitié est entrée illégalement sur le territoire.
Selon une étude du Pew Research Center, l’immigration hispanique a commencé à baisser depuis 2007 alors que celle venant de Chine a augmenté. Cette baisse serait due aux plus grandes difficultés pour traverser la frontière entre le Mexique et à un marché du travail américain en berne. Ainsi, d'après le
Pew Research Center, 1.4 millions de Mexicains ont migré vers les Etats-Unis entre 2005 et 2010, contre 3 millions entre 1995 et 2000.
Les Américains nés aux Etats-Unis et d'origine hispanique par leurs parents, seront aussi plus nombreux à voter cette année pour la présidentielle américaine. Un électorat large que les candidats tant républicains que démocrates tentent de séduire.
Trump et le droit des femmes
Autres antiennes de Donald Trump : les femmes et l'avortement. Souvent taxé de misogynie, le candidat à la primaire républicaine peine à rallier un électorat féminin qui pourrait davantage se tourner vers sa concurrente démocrate Hillary Clinton.
Dans le Wisconsin, lundi 4 avril, C'est sa femme Melania qu'il a appelé à la rescousse à la tribune (parfois, c'est aussi sa fille). Son épouse s'est fendue d'un discours bien préparé dans lequel elle a lancé : « Peu importe qui vous êtes, homme ou femme, il [Donald Trump] traite toute le monde d'égal à égal. »
Son mari a pourtant encore tenu des propos discriminant les femmes qui souhaitent ou ont déjà avorté. Dans une interview donnée la semaine dernière à la chaîne de télévision américaine MSNBC, Donald Trump considérait que l'avortement devrait redevenir illégal et que les femmes qui y ont recours devraient subir « une sorte de punition ». Tollé général. Et mauvais point électoral.
Rapidement le candidat est revenu sur ses propos indiquant que c'est « le médecin ou tout autre personne qui pratiquerait illégalement l'avortement sur une femme qui devrait être tenu légalement responsable, pas la femme » car ajoute-t-il « la femme est une victime dans ce cas, autant que la vie qu'elle porte.» Plus de femmes coupables mais toujours un avortement illégal ? Il changera peut être encore d'avis au cours de sa campagne. Au risque de discréditer son discours et son programme sur ce sujet.
A l’église, à l’université, jusqu’en direct pendant un reportage, les armes à feu font pourtant des victimes partout aux Etats-Unis où plus de 3 100 personnes sont mortes sous des tirs depuis le début de l’année, selon l’ONG Gun Violence Archive. Cette organisation a aussi enregistré 57 tueries - faisant plus de 4 victimes mortes ou blessées. En 2015, ce chiffre s’élevait à 330 contre 280 en 2014.
Pour Donald Trump, membre de l’important lobby pro-arme NRA (National rifle association), le deuxième amendement garantit « notre droit de nous défendre ainsi que notre famille. C’est une question d’auto-défense, pure et simple. »
Après les attentats contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, un tweet de Donald Trump, avait été vivement critiqué sur Internet. Il est ressorti au moment des attaques de novembre dernier à Paris :
[N’est-ce pas intéressant que la tragédie de Paris intervienne dans l’un des pays où le contrôle des armes est le plus stricte au monde.]
Selon lui, les gens respectueux de la loi devraient être autorisés à posséder l’arme de leur choix ainsi qu’un permis valide dans tous les Etats du pays. Il n'est pas certain que cela participe à faire baisser le nombre de morts par armes à feu.