Le président américain, Joe Biden, conclut, samedi 16 juillet, sa première tournée au Moyen-Orient par une visite en Arabie Saoudite. Un déplacement controversé lors duquel il espère promouvoir sa vision pour le futur de la région et faire baisser le prix du pétrole.
Il doit y annoncer, entre autres, que les Etats-Unis promettent un milliard de dollars en soutien à la sécurité alimentaire "
à court et à long terme" au Moyen-Orient et en Afrique du nord, selon un haut responsable de la Maison Blanche cité sous couvert d’anonymat.
Le président américain s’entretiendra, lors de réunions bilatérales, avec les dirigeants de l'Égypte, des Émirats arabes unis et de l'Irak. Il prendra également part à un sommet dit du "CCG+3".
La rencontre organisée à Jeddah, deuxième ville d'Arabie saoudite, située au bord de la mer Rouge, rassemble les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), auxquels s’ajoutent l'Égypte, la Jordanie et l'Irak.
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a précisé, vendredi 15 juillet, que le président démocrate allait "
présenter clairement et de manière substantielle sa vision" pour le Moyen-Orient.
(Re)voir : États-Unis : Joe Biden en visite controversée en Arabie Saoudite
Image désastreuse
Le voyage est d'ores et déjà marqué par une image désastreuse. Celle de Joe
Biden reçu à Jeddah par le prince héritier Mohammed ben Salmane, avec qui il échange un "check" du poing. A peine élu pourtant, Joe Biden estimait que les Etats-Unis devaient manifester leur puissance "
en montrant l'exemple" sur la démocratie et les droits humains.
Il avait ainsi promis de faire du royaume du Golfe un "
paria" et
déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité de "MBS" dans l'assassinat, en 2018, du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi. A 36 ans, MBS est de fait aux commandes de la riche monarchie.
Vendredi soir, lors d’un point presse organisé à la hâte, le dirigeant américain a assuré avoir évoqué cette affaire "
au tout début" de sa réunion avec le prince héritier, assurant avoir été "
on ne peut plus clair." De son côté, Ryad a toujours nié la responsabilité directe de MBS dans cet assassinat. L’affaire a provoqué le pire scandale international jamais connu par l'Arabie saoudite.
(Re)voir : Affaire Khashoggi : "Le silence pourrait être la pire des sentences"
Le prix de l’essence, un enjeu électoral
Face aux protestations de nombreux activistes, dont la compagne du journaliste assassiné, Hatice Cengiz, la Maison Blanche tente de mettre l'accent sur les résultats de ce voyage à Jeddah.
"
La Russie parie sur l'Iran. Nous parions sur un Moyen-Orient plus intégré, plus stable, plus pacifique et prospère", a souligné le responsable américain cité plus haut. "
Nous n'allons pas laisser un vide que viendraient remplir la Chine et la Russie",
avec l'Iran en embuscade, a pour sa part promis Joe Biden. Le président russe, Vladimir Poutine, est en effet attendu le 19 juillet à Téhéran.
La Maison Blanche affiche, en outre, un objectif clair : faire baisser le prix du pétrole, dont la volatilité menace l'économie mondiale et plombe le pouvoir d'achat des Américains.
La hausse du gallon d'essence s’avère être un enjeu électoral pour le président américain, à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Joe Biden espère convaincre la monarchie pétrolière d'ouvrir les vannes de sa production. "J
e fais tout mon possible pour augmenter la production pour les Etats-Unis", a-t-il fait savoir vendredi. Les premiers résultats concrets se verront "
dans quelques semaines".
(Re)voir : Joe Biden en Arabie Saoudite, en quête de pétrole
Un projet en réponse aux "routes de la soie"
En outre, le CCG va participer à hauteur de trois milliards de dollars à un grand partenariat international dans les infrastructures piloté par Washington. Un projet censé être une réponse aux énormes investissements chinois des "routes de la soie".
L'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont, par ailleurs, conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (spatial, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe.
Et l'administration américaine s'attribue en partie le mérite de certaines étapes franchies entre pays de la région. En particulier entre l'Arabie saoudite et Israël qui n'ont pas de relations officielles.
Joe Biden a salué la décision "
historique" de Ryad d'ouvrir son espace aérien à "
tous les transporteurs", y compris israéliens. Il a annoncé des progrès dans les difficiles discussions entre l'Arabie saoudite et l'Etat hébreu autour d'un îlot stratégique en mer Rouge.
Les Etats-Unis se sont aussi félicités de la décision de l'Arabie saoudite et des pays du Golfe de connecter leurs réseaux électriques à celui de l'Irak. La manœuvre a pour but de réduire la dépendance du pays à l'énergie importée d'Iran.
Enfin, l'exécutif américain a aussi salué le fait que, selon lui, l'Arabie saoudite se soit "
engagée à étendre et renforcer le cessez-le-feu sous médiation des Nations unies au Yémen", qui dure depuis quinze semaines.
(Re)voir : Malnutrition au Yémen : la vie de millions d’enfants menacée par la faim