Lorsque le constructeur automobile General Motors s'est retrouvé au bord du gouffre, en 2009, l'Etat américain n'a pas hésité une seconde : l'entreprise a été sauvée par…une nationalisation à 72% ! Au pays de l'entreprise privée reine, quand il y a péril en la demeure, le secteur public peut s'en mêler et sauver l'outil de production, ainsi que les milliers d'emplois qui en dépendent. Mais General Motors n'a pas été le seul dans ce cas, puisqu'un an plus tôt, le géant de l'assurance AIG était nationalisé à 90%. L'Etat américain vient tout juste de se retirer de l'entreprise en cédant ses dernières actions, avec un bénéfice de 23 milliards de dollars : sauvetage par nationalisation réussi. Pour le secteur bancaire, les Etats-Unis ont été longtemps très sévères afin d'éviter que les banques ne risquent l'argent des déposants dans des activités financières à risques. La crise de 1929 étant passée par là, la loi intitulée Glass-Steagall Act de 1933 a séparé de façon hermétique les activités d'affaires et de dépôt jusqu'en 1999, où elle fut alors supprimée : pour le plus grand bonheur des banquiers américains et le plus grand malheur des épargnants. Mais la crise financière a remis en lumière la nécessité de protéger les déposants et de mieux encadrer les acteurs financiers. C'est ainsi que la loi Dodd-Franck a vu le jour en 2010. Ce texte de plus de 2300 pages redonne du pouvoir aux régulateurs sur des pans entiers de la finance. On y trouve, entre autres : le renforcement des pouvoirs de la Banque Centrale (Fed), la création d'un organisme de protection des consommateurs de produits financiers au sein de la Fed, la mise en place de mesures de sauvetage de grandes institutions financières (ne pouvant impliquer les contribuables), l'enregistrement des fonds spéculatifs auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission). Enfin, la règle Volcker incluse dans la loi Dodd-Franck permet de revenir partiellement à la séparation des activités instituée par le Glass-Steagall Act. Le président Obama, au moment de signer la loi en juillet 2010, déclarait : "Ces protections seront appliquées par un nouveau régulateur qui n'aura qu'une seule mission : faire attention aux gens, non aux grandes banques, non aux prêteurs, non aux investisseurs du système financier". Le pays qui a poussé la doctrine libérale de l'école de Chicago à l'extrême, doctrine qui part du principe que le laisser-faire est indispensable pour que l'économie se développe et que toute intervention de l'Etat est néfaste, voit aujourd'hui son président, Barak Obama, proposer d'augmenter le salaire minimum de 20% ! Les débats entre démocrates et républicains risquent d'être houleux sur cette proposition, mais
une étude de la réserve fédérale de Chicago renforce la validité de ces choix interventionnistes : elle démontre que pour chaque dollar d'augmentation du salaire minimum, le salarié américain au smic dépense 2800 dollars de plus chaque année. L'économie a aussi besoin de salariés qui consomment, et si les entreprises ne veulent pas faire d'efforts, le gouvernement américain est prêt à leur forcer la main. En France, avec un gouvernement socialiste, les entreprises font faillite sans que l'Etat n'ose nationaliser, et l'augmentation du smic est indexée sur celle de l'inflation maintenue au plus bas…