Etats-Unis : la Fondation Clinton mise en cause

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Fondation Clinton : Hillary
Hillary Clinton à Philadelphie le 16 août 2016. Plus de la moitié des personnes extérieures au gourvernement qui ont rencontré Hillary Clinton alors qu'elle était secrétaire d'Etat ont donné de l'argent à sa Fondation. (AP Photo/Carolyn Kaster)
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Une salve de nouveaux courriers électroniques du serveur privé de messagerie d'Hillary Clinton compromet la candidate à la présidence des Etats-Unis alors qu'elle était secrétaire d'Etat. Ses adversaires pointent du doigt un conflit d'intérêt avec la fondation qu'elle a créée en 1997 avec son mari.
L'affaire avait commencé début 2015. Et depuis le 22 août 2016, 14 900 nouveaux courriers électroniques de la messagerie privée d'Hillary Clinton ont été rendus publics par le Département d'Etat à la demande de la justice américaine. L'enquête du FBI continue, même si elle commence à donner des signes d'essoufflement : le service fédéral a recommandé de "ne pas engager de poursuites" contre l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton, tout en admettant qu'elle a été d'une "extrême négligence".

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Certains des nouveaux documents pourraient peut-être faire changer d'avis le FBI, puisqu'ils concernent des responsables étrangers liés à la Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton qui échangeaient avec la secrétaire d'Etat… Clinton.

Une fondation au dessus de tout soupçon ?

Bill Clinton
Bill Clinton, en juin 2015 lors d'une conférence du Clinton Global Initiative America, l'ONG créée par la Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton. 
©AP /Brennan Linsley


Hillary Clinton s'est engagée en 2009 — lors de sa prise de fonction au Département d'Etat — à ne plus interférer avec la Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton. Certains des nouveaux messages électroniques — qu'un organisme conservateur Judicial Watch révèle — démontreraient le contraire.

Des demandes de rendez-vous de donateurs de la Fondation ont été envoyés à Huma Abedin, la principale collaboratrice d'Hillary Clinton. Rien n'accuse directement l'ex-secrétaire d'Etat, mais des soupçons persistent, notamment autour d'une rencontre avec Salman, le prince héritier du Bahreïn, qui a pu se faire en juin 2009 en passant visiblement par sa fondation.

Par ailleurs, des demandes ont été effectuées par un proche de Bill Clinton à la fondation. Ce proche, Doug Band a écrit à des collaborateurs d'Hillary Clinton au  sein du département d'État pour une demande très précise : que le milliardaire libano-nigérian Gilbert Chagoury soit reçu par un diplomate américain au Liban.

Le dossier des "emails d'Abedin"

Cette suite de demandes et d'échanges entre les proches d'Hillary Clinton et des proches de la Fondation a été nommé "Abedin emails", du nom de la collaboratrice Huma Abedin au département d'Etat. Sur le site de Judicial Watch, les accusations de trafic d'influence à l'encontre de la candidate à la Maison blanche pleuvent : tous les échanges de mails entre des membres de la Fondation et Huma Abedin sont corrélés aux montants que ceux-ci ont versé par la suite à la Fondation.

Bono, lui aussi...

Bono, le chanteur du groupe de rock U2, se trouve, lui aussi, mêlé au dossier des "emails Abedin": The Abedin emails reveal that even U2’s Bono (…) urged Abedin to help the aging rock star broadcast from the international space station. In a May 27, 2009, email with the subject line “Bono/NASA,” Schwerin wrote, “Bono wants to do linkup with the international space station on every show during the tour this year.… Any ideas ? Thks.” Bono has been a donor to the Clinton Global Initiative.

Les emails Abedin révèlent que même le chanteur Bono du groupe U2 (…) a prié Abedin d'aider la rock star vieillissante à diffuser depuis la station spatiale internationale. Le 27 mai 2009, un email de Ben Scherwin (ancien assistant de Bill Clinton, ndlr), portant l'objet "Bono/NASA", expliquait : "Bono veut des liens [de diffusion] avec la station spatiale internationale pour chacun des concerts de sa tournée cette année. Une idée ? Merci." Bono est un donateur du projet Clinton Global Initiative.

Conflit d'intérêt ?

Il n'y a pas, pour l'heure, de conflit d'intérêt avéré entre Hillary Clinton et la fondation à son nom. Les nouveaux courriers électroniques diffusés par la justice américaine sont surtout — pour l'instant — un faisceau d'indices en défaveur de la candidate.

Des indices utilisés par ses ennemis affichés, Donald Trump en tête, qui vient d'ailleurs de demander la "fermeture immédiate" de la fondation. Bill Clinton a, pour sa part, immédiatement réagi et indiqué que la fondation accepterait désormais seulement "les dons provenant de citoyens américains, de résidents permanents ou de fondations américaines indépendantes". L'ancien président a aussi annoncé qu'il allait quitter le Conseil d'administration de la Fondation Bill, Hillary & Chelsea Clinton et la renommer "Fondation Clinton".