Le verdict en faveur d'un policier blanc qui avait abattu un suspect noir en 2011 a ravivé les tensions raciales, ce week-end, dans une Amérique à cran, régulièrement secouée par des brutalités policières. A Saint-Louis, dans le Missouri, une manifestation pacifique a dégénéré en émeute et en pillages.
Les manifestations s'étaient déroulées dans le calme, ce 16 septembre à Saint-Louis. Et puis "samedi soir, des délinquants ont décidé de lancer des pierres et de casser des vitres. Ils croyaient qu'ils pourraient le faire en toute impunité, ils avaient tort. Nos policiers les ont attrapés, menottés et jetés en prison", a déclaré le gouverneur du Missouri, Eric Greitens. Les vitrines de nombreux magasins ont été détruites, au moins neuf personnes ont été arrêtées, selon les services de police de la ville et du comté, en plus de la trentaine d'interpellations qui avaient eu lieu la veille.
Un policier blanc acquitté
Ces manifestations ont éclaté après qu'un juge de Saint-Louis a exonéré Jason Stockley, un ancien officier de police blanc de 36 ans des accusations de meurtre contre Anthony Lamar Smith, trafiquant de drogue présumé, noir, tué le 20 décembre 2011 au terme d'une course-poursuite avec la police. Jason Stockley avait tiré sur Lamar Smith à cinq reprises, alors que celui-ci tentait de lui échapper en voiture. Selon les images de la caméra embarquée dans la voiture de police, le policier déclarait vouloir tuer le dealer.
Jason Stockley, lui, a affirmé avoir vu Anthony Lamar Smith tenter de saisir un revolver dans sa voiture, mais l'arme n'apparaît pas sur les images de la caméra de la voiture de police, ni sur celles prises par un témoin sur son téléphone portable et par la caméra de surveillance d'un restaurant voisin.
Le juge Timothy Wilson a estimé que le procureur n'avait pas démontré "au-delà du doute raisonnable" que le policier n'avait pas agi en état de légitime défense. En "près de 30 ans d'expérience au tribunal, un trafiquant de drogue sans arme à feu serait une anomalie", a-t-il ajouté.
Le verdict résonne particulièrement à Saint-Louis, lieu d'émeutes en 2014 après la mort de Michael Brown, 18 ans, tué par un policier blanc qui avait échappé à toutes poursuites pénales. "Je prie pour ma ville, mec, parce que les gens sont fatigués de ça", a déclaré le père de Michael Brown, qui porte le même nom que son fils, sur la chaîne CNN. La maire de St. Louis, Lyda Krewson, s'est déclarée dans communiqué "consternée par ce qui est arrivé à Anthony Lamar Smith" et "désabusée" par cet acquittement.