États-Unis : le choc après la diffusion de la vidéo montrant l'arrestation fatale de Tyre Nichols

Un long passage à tabac nocturne, à coups de poing, de pied, de matraque : les Américains ont découvert vendredi 27 janvier au soir avec effroi la vidéo extrêmement choquante de l'arrestation fatale de Tyre Nichols, un Afro-Américain mort à l'âge de 29 ans.
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manif US violences policières
Des manifestants se réunissent vendredi 27 janvier à Washington pour protester contre les violences policières qui ont causé la mort de Tyre Nichols. AP/ Manuel Balce Ceneta.
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Les images diffusées dans la vidéo de l'arrestation de Tyre Nichols montrent les violences infligées durant de longs instants par cinq policiers noirs, dans le sillage d'un banal contrôle routier à Memphis, dans l'Etat du Tennessee, le 7 janvier. 

Tyre Nichols, aspergé de gaz lacrymogène et visé par un pistolet Taser à décharges électriques, tente de s'enfuir mais est rattrapé ensuite par les agents, qui se déchaînent. Ils semblent insensibles aux supplications de l'automobiliste.

"Maman. Maman. Maman!", crie Tyre Nichols dans un des extraits. Dans un autre, on le voit au sol, battu durant de longues secondes.

Nous vous avertissons que le visionnage de la vidéo citée dans le tweet suivant est violent.
Réagissant quelque trente minutes après que la vidéo eut été rendue publique, le président Joe Biden s'est dit "scandalisé" et "profondément meurtri".

Vendredi 27, de premières manifestations ont eu lieu dans diverses villes du pays, notamment Washington et Memphis. À New York, plus de 200 personnes ont défilé en scandant "Pas de justice, pas de paix".

Les autorités appellent à des rassemblements "pacifiques"

Signe que l'affaire est potentiellement explosive, Joe Biden a exhorté à ce que les rassemblements soient "pacifiques". Il s'est entretenu au téléphone dans l'après-midi avec la mère et le beau-père de Tyre Nichols.

Car sa mort rappelle celle de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier en mai 2020. Des manifestations contre le racisme et les violences policières avaient alors embrasé le pays, fédérées autour du slogan "Black Lives Matter" (Les vies noires comptent).
"Quand mon mari et moi sommes arrivés à l'hôpital et que j'ai vu mon fils, il était déjà mort. Ils l'avaient réduit en bouillie. Il avait des bleus partout, sa tête était enflée comme une pastèque", a raconté en larmes RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, dans une interview diffusée par la chaîne CNN.

La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, avait prévenu que la vidéo montrant l'interpellation de cet homme pour une simple infraction au code de la route était "comparable, voire pire" à celle montrant l'arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L'acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.


(Re)voir : États-Unis : une nouvelle affaire de violences policières suscite la colère

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Premières manifestations

Les autorités appellent depuis plusieurs jours au calme, anticipant des manifestations après la publication d'une vidéo jugée "épouvantable" par ceux qui l'ont vue.

La famille de Tyre Nichols a elle-même demandé des rassemblement pacifiques. "S'il vous plaît, manifestez, mais manifestez en toute sécurité", a dit son beau-père, Rodney Wells.

À Memphis, les manifestants se sont mis en marche au moment de la publication de la vidéo, scandant: "Dites son nom. Tyre Nichols".

"Vous n'avez pas voulu nous écouter", clamait le cortège dans cette ville où Martin Luther King a été assassiné en 1968.

Ailleurs dans le pays, les forces de l'ordre se préparaient à d'éventuels débordements. Deux conseillères de Joe Biden se sont entretenues avec les maires de 16 villes américaines à propos des manifestations.
 

(Re)voir : États-Unis : la tension monte après de nouvelles violences policières

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"Mettre fin à la violence policière"

Tyre Nichols, hospitalisé, était décédé trois jours après son interpellation. Les cinq policiers afro-américains, depuis licenciés, ont été inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés sous caution.

Le directeur du FBI, Christopher Wray, s'est dit "horrifié", et le ministre de la Justice Merrick Garland a indiqué qu'une enquête fédérale avait été ouverte.

Le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a lui dénoncé un meurtre "inadmissible". Le sénateur de gauche Bernie Sanders a appelé à "tout faire pour mettre fin à la violence policière contre les personnes de couleur".

Nous sommes contre toutes les violences policières, pas seulement contre les violences policières commises par des Blancs

Révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques

Tout en disant leur horreur, les avocats de la famille ainsi que les parents du jeune homme ont tenu à saluer la "rapidité" des mesures prises à l'encontre des policiers.

Le révérend Al Sharpton, célèbre figure de la lutte pour les droits civiques qui prononcera l'oraison funèbre de Tyre Nichols, a affirmé que le fait que les policiers soient noirs rendait "l'événement encore plus choquant". "Nous sommes contre toutes les violences policières, pas seulement contre les violences policières commises par des Blancs".