Fil d'Ariane
Donald Trump a admis tôt jeudi, après la certification par le Congrès de l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche, que sa présidence touchait à sa fin et a promis une "transition ordonnée".
"Même si je suis en complet désaccord avec le résultat de l'élection, et les faits me soutiennent, il y aura une transition ordonnée le 20 janvier", a-t-il écrit dans un communiqué. "Cela représente la fin de l'un des meilleurs premiers mandats présidentiels et ce n'est que le début de notre combat pour rendre sa grandeur à l'Amérique", a ajouté le républicain.
Le Congrès a certifié l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche après une journée d'une violence inimaginable mercredi à Washington, où des partisans de Donald Trump ont semé le chaos au sein même du Capitole, temple de la démocratie américaine.
Au milieu de la nuit, et après le rejet d'objections émises par des élus républicains, le vice-président Mike Pence a confirmé jeudi la victoire du démocrate, avec 306 grands électeurs contre 232 pour le président sortant, devant les deux chambres réunies pour une session extraordinaire.
Le Congrès avait repris mercredi soir la certification de la victoire de Biden, selon Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates à la Chambre des représentants.
La femme blessée par balle dans le Capitole est décédée, indique la police citée par l'Agence France-Presse. "Le bâtiment est sécurisé après 4 heures de chaos. Les forces de l’ordre tentent de vider les rues calmement", indique Élisabeth Guédel, la correspondante de TV5MONDE aux États-Unis, sur son compte Twitter.
Alerte : 1 mort dans les violences au Capitole aujourd’hui. La femme blessée par balle est décédée. Le bâtiment est sécurisé après 4h de chaos. Couvre-feu en place. Les forces de l’ordre tentent de vider les rues calmement. https://t.co/oC7nkD6zrr
— Elisabeth Guédel (@EGuedel) January 6, 2021
Trois autres personnes sont décédées dans le cadre des événements de mercredi mais en dehors de l'enceinte du Capitole.
La police a procédé à l'arrestation d'au moins 52 personnes dans la nuit de mercredi alors qu'un couvre-feu a été imposé dès 18H.
Twitter et Facebook suspendent les comptes de Donald Trump.
Twitter a retiré trois tweets du président Donald Trump, dont une vidéo où il appelait les manifestants à "rentrer chez eux" mais où il déclarait aussi sans preuves que l'élection avait été "volée".
Le réseau social américain a indiqué mercredi 6 janvier 2021 qu'il réduisait la portée des messages encourageant les actes violents en cours au Capitole qui ont interrompu la séance consacrée à la certification des résultats de la présidentielle.
Ces tweets "ne pourront pas être retweetés ou +aimés+, et on ne pourra pas y répondre", a précisé le réseau social qui avait déjà pris de nombreuses mesures pour encadrer les échanges pendant une élection sous tension.
Facebook a retiré mercredi une vidéo du président sortant Donald Trump qui appelait ses partisans en train de prendre d'assaut le Capitole à "rentrer chez eux" mais où il déclarait aussi que l'élection avait été "volée".
"C'est une situation d'urgence et nous prenons des mesures d'urgence appropriées, y compris le retrait de la vidéo du président Trump (...) qui, au final, contribue au risque de violence au lieu de le diminuer", a expliqué Guy Rosen un des vice-présidents du groupe, en charge de l'intégrité de la plateforme.
YouTube a aussi retiré cette vidéo selon le site spécialisé The Verge.
"Honteuses", "choquantes", "préoccupantes": les violences qui se sont produites mercredi soir à Washington, avec l'irruption de manifestants pro-Trump au Capitole, ont été condamnées par les dirigeants mondiaux, qui ont dénoncé une "attaque contre la démocratie" et appelé au respect du résultat de l'élection présidentielle.
Voici les principales réactions:
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé des "scènes honteuses", et appelé à une transition "pacifique et ordonnée" du pouvoir vers le démocrate Joe Biden.
"Rien ne peut justifier ces tentatives violentes pour faire échouer la transition légale et conforme du pouvoir", a jugé de son côté le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a appelé les partisans de Donald Trump à "cesser de piétiner la démocratie", ajoutant que "les paroles incendiaires se muent en actions violentes".
Le ministre des Finances et vice-chancelier Olaf Scholz a condamné les "images inquiétantes" de Washington, dénonçant "une attaque insupportable contre la démocratie".
Le président français Emmanuel Macron a déclaré dans une vidéo : "Nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause" la démocratie, après l'intrusion de manifestants pro-Trump dans le Capitole mercredi soir à Washington.
We believe in democracy.#WeAreOne pic.twitter.com/dj3hs66KKn
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 7, 2021
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a condamné "une atteinte grave contre la démocratie". "La volonté et le vote du peuple américain doivent être respectés", a-t-il ajouté.
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a envoyé pour sa part ses "pensées démocratiques et amicales" aux parlementaires américains empêchés de siéger après l'irruption des manifestants pro-Trump.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé un "assaut inédit contre la démocratie américaine" et appelé au respect du résultat de l'élection présidentielle.
"Assister aux scènes de ce soir à Washington est un choc. Nous comptons sur les Etats-Unis pour permettre un transfert de pouvoir pacifique à Joe Biden", a déclaré pour sa part le président du Conseil européen Charles Michel sur Twitter.
Le président du Parlement européen David Sassoli a, lui, qualifié de "profondément préoccupantes" les scènes qui se sont déroulées au Capitole. "Les votes démocratiques doivent être respectés", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé des "scènes choquantes", et appelé au respect du résultat de la présidentielle remportée par Joe Biden.
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a rappelé "le lien profond" de son pays avec les Etats-Unis, disant observer les événements à Washington avec "beaucoup d'inquiétude et de consternation".
"Scènes choquantes et profondément tristes à Washington DC, que l'on doit nommer pour ce qu'elles sont: une agression délibérée de la démocratie par un président sortant et ses supporters", a condamné le ministre des Affaires étrangères irlandais Simon Coveney.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a qualifié d'"horribles" les images de Washington, et appelé Donald Trump à "reconnaître Joe Biden comme le futur président aujourd'hui".
"Ce que l'on voit en ce moment à Washington est une attaque totalement inacceptable contre la démocratie aux Etats-Unis. Le président Trump a la responsabilité d'arrêter cela. Images effrayantes, incroyable que ce soit les Etats-Unis", a réagi la Première ministre norvégienne Erna Solberg.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, un fidèle allié du président républicain, a condamné mercredi les violences des manifestants pro-Trump qui ont envahi le Capitole à Washington pour s'opposer à la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.
"J'ai voyagé dans de nombreux pays et j'ai toujours soutenu le droit de chaque être humain à manifester pacifiquement pour ses croyances ou ses causes", a écrit le secrétaire d'Etat sur Twitter.
"Mais la violence, mettre en danger la sécurité des autres, dont ceux chargés d'assurer notre sécurité à tous, est intolérable chez soi comme à l'étranger", a-t-il asséné.
The storming of the U.S. Capitol today is unacceptable. Lawlessness and rioting -- here or around the world -- is always unacceptable. I have travelled to many countries and always support the right of every human being to protest peacefully for their beliefs and their causes.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) January 6, 2021
Le lobby Business Roundtable, qui représente les plus grandes entreprises américaines, a appelé mercredi Donald Trump à intervenir pour mettre fin aux violences en cours au Capitole, causées par des partisans du président sortant pendant une séance consacrée à la certification des résultats de la présidentielle.
"Le chaos dans la capitale de la nation est la conséquence d'efforts illégaux pour changer les résultats légitimes d'une élection démocratique. Le pays mérite mieux", a fustigé le groupe. "Business Roundtable appelle le président et les autorités à mettre fin au chaos et à faciliter une transition politique pacifique".
Lors d'une allocution au ton grave, le prochain président démocrate a dénoncé une attaque "sans précédent" contre la démocratie américaine. Il a appelé Donald Trump à s'exprimer "immédiatement" à la télévision pour réclamer "la fin du siège" du Capitole et dénoncer cette "insurrection".
Voir : le moment où des manifestants pro-Trump franchissent la sécurité à l'extérieur du Capitole :
Voici le discours de Joe Biden, publié sur son compte Twitter :
Through war and strife, America has endured much. And we will endure here and prevail now. pic.twitter.com/OvNOV0ogWG
— Joe Biden (@JoeBiden) January 6, 2021
Dans une série de tweets, Donald Trump a demandé à ses partisans de se tenir à l'écart de la violence, avant de leur demander finalement, dans une courte vidéo, de "rentrer chez eux".
Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés à Washington où la maire, Muriel Bowser, a imposé un couvre-feu à partir de 18H00 locales (23H00 GMT).
"Nous reprenons la Chambre", "c'est notre parlement", a déclaré à l'AFP un manifestant anonyme, dans des scènes de chaos qui semblaient inimaginables au sein de la première puissance mondiale.
Peu après la fin d'un discours particulièrement virulent de Donald Trump dénonçant des élections "truquées" et promettant de ne jamais concéder sa défaite, certains de ses sympathisants ont pénétré dans le célèbre bâtiment abritant le Sénat et la Chambre des représentants.
Une femme a été blessée par balle à l'intérieur du Capitole, selon plusieurs médias américains.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter d'évacuer les manifestants pro-Trump qui ont envahi la scène installée pour la prestation de serment de Joe Biden le 20 janvier.
De très nombreuses voix se sont élevées à Washington pour dénoncer l'attitude du président américain, accusé d'avoir soufflé sur les braises en refusant de reconnaître sa défaite et en relayant pendant des semaines des théories du complot sur de supposées fraudes électorales.
"Le président incite au terrorisme intérieur", a déploré sur Twitter l'élu démocrate du Wisconsin Mark Pocan, évoquant "un triste jour pour l'Amérique".
Les manifestants ont fait irruption lors des débats de la Chambre des représentants, ont investi les terrasses du capitole et provoqué l'évacuation des bâtiments du Congrès, peu après que le vice-président Mike Pence eut annoncé qu'il ne pourrait pas s'opposer à la certification de la victoire de Joe Biden.
Dans une lettre publiée quelques minutes avant l'ouverture de la session du Parlement américain, Mike Pence avait expliqué que les "contraintes" de la Constitution ne lui permettaient pas de modifier les résultats du scrutin du 3 novembre, tels que transmis par les Etats.
Le vice-président répondait ainsi directement à Donald Trump, dont il a été le fidèle lieutenant pendant les quatre dernières années.
Dans un geste extraordinaire qui restera probablement dans les livres d'histoire, le milliardaire républicain avait choisi de défier le Congrès en réunissant des dizaines de milliers de ses supporteurs à Washington.
"Si Mike Pence fait la bonne chose, nous gagnons l'élection", avait-il lancé. "S'il ne le fait pas, ce sera une triste journée pour notre pays", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il doutait de l'attitude de son numéro deux.
Avant que les débats ne sombrent dans la confusion, Mike Pence avait bien commencé à présider la session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui doit officialiser le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.
Selon la Constitution, son rôle consiste à "ouvrir" les certificats envoyés par chacun des 50 Etats pour transmettre les votes de leurs grands électeurs. Seuls les élus peuvent contester les résultats dans certains Etats.
Dès le début de la session, des républicains ont émis des objections aux résultats de l'élection dans l'Etat d'Arizona. Les deux chambres se sont alors séparées pour en débattre.
De plus en plus isolé, le président Donald Trump s'en est pris avec virulence mercredi à son propre camp républicain juste avant que le Congrès n'entérine la victoire de Joe Biden.
Les ténors républicains sont "faibles" et "pathétiques", a-t-il lancé sous un ciel chargé de lourds nuages, à des dizaines de milliers de partisans
"Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais" la défaite, a-t-il martelé.
Mais son obstination à contester l'élection de Joe Biden divise le parti républicain.
"Si cette élection était invalidée sur la base de simples allégations des perdants, notre démocratie entrerait dans une spirale mortelle", lui a rétorqué Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat.
Le chef des démocrates Chuck Schumer de son côté a estimé que les républicains soutenant Donald Trump s'associaient à "une tentative de coup d'Etat".
Ces violents incidents sont intervenus au lendemain d'élections partielles en Géorgie. Les démocrates se sont assurés mercredi 6 janvier du contrôle du Sénat américain après la victoire de Jon Ossoff dans la deuxième sénatoriale cruciale de Géorgie face au républicain David Perdue, selon plusieurs médias américains cités par l'AFP.
Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l'histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud traditionnellement conservateur.
Ces victoires, ainsi que le contrôle de la Chambre des représentants, assurent au président élu Joe Biden de pouvoir imprimer sa politique de façon plus profonde et efficace.
Les démocrates auront 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aura le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.
Les républicains, après avoir perdu la Maison Blanche, voient ainsi la prestigieuse chambre haute leur échapper.