False, this bill was never shown to me even once and was passed in the dead of night so fast that almost no one in Congress could even read it! https://t.co/V4ztekqd4g
— Elon Musk (@elonmusk) June 5, 2025
Fil d'Ariane
Le torchon brûle entre l'homme le plus riche du monde et le président américain Donald Trump. Les américains, eux, s'interrogent sur les conséquences de cette rupture publique spectaculaire. Retour sur cet affrontement inédit.
Le président Donald Trump et Elon Musk dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le vendredi 30 mai 2025, à Washington.
L'idylle politique entre le président américain et Elon Musk est désormais finie. Leurs idées conservatrices, leur passion pour l'industrie et leur aversion pour les étrangers n'ont pas suffi pour les maintenir unis. La colère des deux milliardaires a explosé sur la place publique et a donné lieu à des attaques de plus en plus virulentes ce jeudi 5 juin. En cause ? Le grand projet de loi budgétaire de Donald Trump.
Ce vendredi matin, les Américains se sont réveillés avec leur lot d'interrogations sur les conséquences de cette rupture spectaculaire. "Oh, ce n'est pas grave", a déclaré Donald Trump à Politico qui l'a interrogé sur la dispute. Toujours selon le site, un appel est prévu vendredi entre les deux anciens amis pour tenter de faire la paix. Une hypothèse aussitôt invalidée par la Maison-Blanche.
"Elon et moi avions une excellente relation. Je ne sais pas si ce sera encore le cas. Je suis surpris", lance Donald Trump devant la presse qui l'interroge dans le Bureau ovale sur les propos de son ancien conseiller, qui a qualifié deux jours plus tôt d'"abomination répugnante" son projet de loi budgétaire."Je suis très déçu, parce qu'Elon connaissait le contenu de cette loi mieux que quasi tout le monde ici", poursuit-il. "Tout d'un coup, il a un problème", s'indigne encore le président.
Mais le patron de Tesla, SpaceX et X n'a pas tardé à répliquer sur son réseau social et a réitéré ses attaques. Puis, il a démenti l'affirmation selon laquelle il connaissait le contenu du projet de loi.
"Faux", martèle-t-il.
Tout cela n'est que le début d'une pluie de reproches. L'ancien soutien financier de la campagne de Donald Trump enfonce le clou : "Sans moi, Trump aurait perdu l'élection" en 2024, "les démocrates contrôleraient la Chambre des représentants et les républicains seraient à 51-49 au Sénat". "Quelle ingratitude".
Pour certains experts, ce qui pourrait avoir scellé le sort d'Elon Musk ne s'est pas passé à Washington, mais dans le Wisconsin, où il s'est fortement engagé, financièrement et personnellement, en faveur d'un juge conservateur candidat à la Cour suprême locale, qui a été battu.
(Re)voir États-Unis : la polémique provoquée par Elon Musk
Quelques minutes plus tard, le patron lance un sondage sur son réseau social auquel il invite à répondre oui ou non : "Le temps est-il venu de créer un nouveau parti politique en Amérique qui représente les 80% du milieu?".
Dans cette démonstration de force, le président américain menace de fermer le robinet. "Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d'annuler les subventions et les contrats gouvernementaux" du patron de SpaceX et Tesla, menace-t-il.
La réponse de son désormais adversaire ? Mettre hors service son vaisseau spatial Dragon immédiatement, utilisé notamment par la Nasa pour acheminer des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). Mais quelques heures plus tard, il semble rétropédaler en écrivant : "Bon, nous n'allons pas mettre Dragon hors service".
Entre-temps, la capitalisation de Tesla a fondu de dizaines de milliards de dollars à Wall Street, l'action clôturant jeudi à -14,26%. Depuis qu'Elon Musk a lancé la semaine dernière un tir de barrage contre le projet de loi budgétaire, ce n'était sans doute qu'une question de temps avant que le divorce ne soit consommé.
Il n'était que 15h10 aux États-Unis et les révélations tombaient les unes après les autres. Elon Musk a aussi affirmé, sans apporter de preuve, que le nom du président se trouvait dans le dossier Jeffrey Epstein, ce financier américain au cœur d'un vaste scandale de crimes et d'exploitation sexuelle qui s'est suicidé en prison avant d'être jugé.
(Re)voir Affaire Epstein : 1000 pages de documents judiciaires rendues publiques
"Il est temps de lâcher la grosse bombe: (Trump) est dans les dossiers Epstein", affirme-t-il sans apporter de preuve. "C'est la véritable raison pour laquelle ils n'ont pas été rendus publics". Des accusations "regrettables" pour la Maison Blanche. Dans le Bureau ovale, Donald Trump a dépeint son ancien allié en amoureux éconduit : "Il disait les choses les plus belles à mon propos".
Crise politique et économique majeure ou simple scène de ménage ? En attendant la réponse, Paula Pinho, porte-parole de la Commission européenne, n'a pas raté cette occasion de plaisanter et a déclaré que l'homme le plus riche du monde est toujours "le très bienvenu" en Europe.