États-Unis : le futur gouvernement Biden s'annonce mixte et féminisé

Il a promis un "gouvernement qui représente l'Amérique". Joe Biden s'est lancé dans la composition d'une équipe. Mardi 17 novembre, il a nommé une dizaine de membres de son équipe de campagne, dont une moitié de femmes et un influent élu noir, pour l'entourer à la Maison Blanche, où il prendra ses fonctions le 20 janvier.

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Joe Biden administration
Le président élu Joe Biden et sa vice-présidente, Kamala Harris, s'expriment sur la reprise économique au Queen Theatre, lundi 16 novembre 2020, à Wilmington. 
©AP Photo/Andrew Harnik
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Sans attendre que Donald Trump reconnaisse sa défaite, l'ancien vice-président démocrate, nouvellement élu à la présidence des Etats-Unis, continue ses préparatifs et dévoile la composition de sa nouvelle équipe. 

Une équipe mixte et féminisée

Après avoir désigné la semaine dernière un démocrate chevronné, Ron Klain, pour être son chef de cabinet à la Maison Blanche, Joe Biden a annoncé neuf autres nominations dont celle de sa directrice de campagne Jen O'Malley Dillon, 44 ans, comme cheffe de cabinet adjointe.

Joe Biden a retenu des proches, comme son ancien chef de cabinet Steve Ricchetti et son ami de longue date Mike Donilon, pour devenir ses conseillers.

Un de ses principaux alliés dans la communauté afro-américaine, Cedric Richmond, 47 ans, quittera la Chambre des représentants pour entrer à la Maison Blanche comme conseiller chargé des relations avec la société civile.

Dana Remus, une ancienne professeure de droit qui a travaillé à la fondation Obama, prendra la tête des services juridiques de la présidence.

Ces personnalités reflètent l'engagement de Joe Biden "à former un gouvernement qui ressemble à l'Amérique, qui ait de l'expertise et puisse obtenir des résultats pour les familles de travailleurs dès le premier jour", selon un communiqué de son équipe de transition.

La composition de son gouvernement sera quant à elle plus délicate. Ses ministres devront être confirmés au Sénat, dont la majorité restera républicaine sauf si les démocrates parviennent à remporter deux élections partielles en janvier.

En attendant, voici les noms qui circulent :

Affaires étrangères  

Ancienne ambassadrice à l'ONU et ex-conseillère à la Sécurité nationale sous la présidence de Barack Obama, Susan Rice pourrait se glisser rapidement dans les habits de secrétaire d'Etat. Réputée offensive, cette Afro-Américaine de 56 ans entretient également de très bonnes relations avec Joe Biden. 

Mais elle n'a jamais été élue et a été éclaboussée par la polémique sur l'attaque de 2012 contre la mission diplomatique américaine de Benghazi, en Libye, ce qui pourrait compliquer sa confirmation.

Le sénateur Chris Coons, un ami proche du président élu, âgé de 57 ans, est un candidat plus consensuel. Membre de l'influente commission des Affaires étrangères, il coopère régulièrement avec ses confrères républicains. 

Le sénateur Chris Murphy, plus proche de l'aile gauche du parti démocrate, et le diplomate William Burns, numéro deux du département d'Etat sous Barack Obama, sont également pressentis.

Finances  

L'une des responsables de la Banque centrale américaine, Lael Brainard, 58 ans, est la mieux placée pour devenir secrétaire au Trésor, ont dit à l'Agence France-Presse des sources financières proches de Joe Biden.

Seule démocrate parmi les gouverneurs de cette institution, elle s'est distinguée en s'opposant à des dérégulations dans le secteur bancaire et en insistant sur la lutte contre le changement climatique.

Joe Biden, fidèle à son image de "rassembleur", aimerait nommer un ou deux républicains dans son équipe : il semble aussi s'intéresser à Meg Whitman, une cheffe d'entreprise qui fut candidate républicaine pour le poste de gouverneur de Californie en 2010.

Co-présidente d'un fonds d'investissement, Mellody Hobson, l'une des femmes noires les plus influentes de Wall Street, pourrait bénéficier du souhait des élus afro-américains de voir une personne de couleur tenir les cordons de la bourse des Etats-Unis.

Egalement dans la course, l'ancienne présidente de la Réserve fédérale américaine Janet Yellen ou l'Afro-américain Roger Ferguson, longtemps à la tête d'un des plus gros fonds de pension américain.

Défense

Michèle Flournoy, ancienne ministre déléguée à la Défense sous le président Barack Obama, a une tête d'avance sur ses concurrents.

Riche d'une longue expérience au Pentagone, cette femme de 59 ans est respectée au-delà des rangs démocrates et pourrait être facilement confirmée au Sénat. Si c'était le cas, elle deviendrait la première femme à diriger un ministère dont les commandes ont toujours été aux mains d'hommes blancs (comme le Trésor).

Le nom de la sénatrice Tammy Duckworth, une ancienne militaire d'origine asiatique qui a perdu ses deux jambes en Irak, de son collègue Jack Reed, membre de la commission des Forces armées, circulent aussi pour le poste.

Justice

Doug Jones, 66 ans, vient d'échouer à conserver son poste de sénateur de l'Alabama, arraché en 2018 à un rival englué dans un scandale d'abus sexuel, mais semble bien placé pour devenir "Attorney General" des Etats-Unis.

Ancien procureur fédéral, il avait mené en 2002 les poursuites contre d'anciens membres du Ku Klux Klan, responsables de l'attaque meurtrière contre une église noire à Birmingham en 1963.

Ancienne du ministère de la Justice, Sally Yates, 60 ans, est également dans la course. Restée en fonction au début de la présidence de Donald Trump, elle avait été limogée après son refus de soutenir un décret migratoire controversé.

Un responsable du parti démocrate, Tom Perez, autre ancien du gouvernement Obama, est aussi pressenti. 

Les ex-rivaux 

Les anciens concurrents de Joe Biden à la primaire démocrate pourraient-ils entrer dans son gouvernement? 

Le président élu sur une ligne modérée ne semble pas envisager de nommer les progressistes Bernie Sanders - qui ne cache pas son intérêt pour le ministère du Travail - ou Elizabeth Warren.

Mais Pete Buttigieg, 38 ans, ancien maire de South Bend et homosexuel assumé, pourrait être nommé ministre des Anciens combattants ou ambassadeur à l'ONU, ce qui pourrait lui servir de tremplin pour la suite de sa carrière.

Joe Biden/Donald Trump : une transition difficile

Alors que Joe Biden doit prendre ses fonctions  le 20 janvier prochain, Donald Trump refuse toujours de concéder sa défaite face au démocrate. L'agence qui gère la bureaucratie fédérale, la "General Services Administration", refuse elle aussi de certifier la victoire de Joe Biden, ce qui le prive d'informations classées secret défense et de moyens pour préparer la transition. 

Le conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, Robert O'Brien, a pourtant promis lundi 16 novembre une transition en douceur vers une administration Biden. "Ils (Joe Biden et Kamala Harris) méritent d'avoir un peu de temps pour arriver et mettre en oeuvre leurs politiques", a-t-il ajouté lors d'une conférence virtuelle du Global Security Forum. Ces propos semblent cependant en décalage avec les actions menées récemment par Donald Trump.

En effet, le président sortant a récemment multiplié les sanctions contre l'Iran, visant d'une part le ministre des Renseignements, mais aussi la fondation Bonyad Mostazafan ou Fondation des déshérités, alors que Joe Biden avait affirmé vouloir un changement de cap par rapport à cette politique de "pression maximale" menée par le gouvernement Trump.