Fil d'Ariane
C’est une image qui a saisi l’opinion publique américaine. Nous sommes le 4 février 2020. Le président Donald Trump vient d’achever son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès (Chambre des représentants et Sénat réunis). La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, prend alors un exemplaire du discours du président et le déchire devant les deux chambres réunies.
Les tensions entre les deux chambres et l'exécutif ne risquent pas de s'apaiser au lendemain de l'élection présidentielle. Une des deux chambres du Congrès pourrait être d'une couleur politique différente de celle du vainqueur de l'élection du 3 novembre.
La majorité parlementaire est fixée à la Chambre des représentants à 218 sièges sur 435. Le parti démocrate a 208 sièges assurés contre 196 pour les républicains selon CNN, à 14H50 GMT.
Au Sénat, les démocrates ont 48 sièges et les républicains 47, toujours selon CNN à 14H50 GMT. La majorité est de 51 sièges sur 100 sièges. Pour l'instant, les républicains dominent le Sénat avec 53 sièges.
Les résultats des élections sénatoriales seront définitivement connus après l'élection de deux sénateurs en Géorgie le 5 janvier.
L'enjeu est considérable. Le contrôle du Congrès détermine la capacité d'action du président des États-Unis et de son parti. Disposer d'une majorité dans les deux chambres permet au locataire de la Maison Blanche de transformer ses projets en législation.
« Le climat politique a changé ces 10-15 dernières années. Cela est dû à la forte polarisation du champ politique américaine. Il est de plus en plus difficile de trouver des accords bipartisans », explique la chercheuse Marie-Cécile Naves.
« L’heure n’est plus au compromis. Et si les républicains conservent le Sénat, le chef de la majorité au Sénat restera Mitch McConnell, sénateur du Kentucky. Et Mitch McConnell reste une figure très clivante dans le champ politique », indique Marie-Cécile Naves.
Le futur président sera-t-il donc condamné à l’immobilisme ? Marie-Cécile Naves se montre nuancée. « Joe Biden a été sénateur pendant 36 ans (sénateur du Delaware de 1973 à 2009, ndlr). Il connaît le jeu parlementaire. Joe Biden peut devenir un 'facilitateur' entre les deux camps , trouver des positions communes, des compromis », explique Marie-Cécile Naves.
Le Congrès joue un rôle non négligeable dans la politique étrangère. Le Congrès (Chambre des représentants et Sénat) est le seul habilité à déclarer la guerre contre un pays ennemi. Le Sénat vote les traités internationaux. Joe Biden pourrait-il, s'il était élu président, face à un Sénat républicain, réintégrer les Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat ? La présidence de Donald Trump a été marquée par la sortie des États-Unis de cet accord. Une sortie rendue effective ce mercredi 4 novembre.
« Le Sénat se prononce sur des accords internationaux qui ont une valeur contraignante d’un point de vue juridique", précise Marie-Cécile Naves. L’accord de Paris sur le climat n’avait ainsi aucune valeur contraignante. Trump est sorti de l’accord par simple décret.