Fil d'Ariane
« Si nous arrivions à faire autant de progrès au cours des dix années à venir que nous en avons faits au cours des 50 dernières, les choses iraient beaucoup mieux. » a affirmé Barack Obama pendant l’interview. Mais les progrès à accomplir pour guérir les Etats-Unis de leur racisme latent sont encore nombreux. A commencer par un autre problème soulevé par la tuerie de Charleston, le drapeau confédéré.
Comme l’a rappelé le présentateur Jon Stewart dans l’émission « The Daily Show » du 18 juin dernier, des routes de la Caroline du Sud ont été nommées en l’honneur de généraux confédérés, « des généraux qui se sont battus pour empêcher les Noirs de conduire sur ces mêmes routes. C’est dingue ! ».
Le Président des Etats-Unis s'est voulu optimiste, affirmant que les efforts nécessaires sont « à la portée » des américains.
Après la fusillade de Charleston, de nombreux observateurs politiques et de la société civile ont remis en cause la présence du drapeau confédéré sur les bâtiments publics des Etats du Sud des Etats-Unis. Depuis longtemps, ce symbole fait l’objet de débats car il possède deux significations. La gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, appelle d’ailleurs à le retirer du Parlement local, parlant d’un symbole qui divise.
Que symbolise ce drapeau ?
L’étendard comporte une croix de Saint-André bleue portant des étoiles blanches sur un fond rouge. Pour une partie de la population, ce drapeau représente encore un héritage historique et régional, 150 ans après la Guerre de Sécession (1961-1965). Selon Nikki Haley, « Les habitants de Caroline du Sud voient le drapeau comme un symbole de respect, d’intégrité et de devoir. Ils le voient aussi comme un mémorial, une manière d’honorer nos ancêtres qui ont servi leur Etat pendant une période de conflit ».
Mais pour la population afro-américaine et les mouvements antiracistes, le drapeau confédéré symbolise l’esclavagisme, les violences raciales et la suprématie blanche. Cette symbolique raciste est apparue à la fin des années 1930 quand il a été de plus en plus utilisé par le Ku Klux Klan et des partis ségrégationnistes. « Avec le temps, il est quand même devenu de moins en moins présent, a déclaré à Libération Nicole Bacharan, politologue et spécialiste des Etats-Unis. Mais c’est toujours un emblème raciste clair comme de l’eau de roche, utilisé par les groupes d’extrême droite ».
Pourquoi cette polémique ?
Le débat resurgit alors qu’un blog semblant appartenir au tueur de Charleston a été découvert. Sur ce site internet, des dizaines de photos montrent Dylann Roof, armé, brûlant un étendard américain ou brandissant un drapeau confédéré. Dans un manifeste lisible sur ce blog, il justifie son crime par sa haine des Noirs.
Après la tuerie, des manifestations ont également eu lieu à Colombia, capitale de la Caroline du Sud, pour demander à ce que ce drapeau soit retiré car il continuait de flotter alors que tous les autres avaient été mis en berne. Sur Twitter, Barack Obama et Mitt Romney ont fait part de leur soutien. Pour le président, cité par son porte-parole, « le drapeau confédéré appartient au musée ». « C’est un symbole de la haine raciale. Retirons-le en l’honneur des victimes », a déclaré Romney.
Une pétition nationale a été mise en place sur MoveOn.org pour demander le retrait du drapeau de tous les lieux publics. Elle a recueilli plus de 540 000 signatures.