États-Unis : le système de santé américain mal préparé face au coronavirus ?
Donald Trump vient de déclarer l’état d’urgence et débloque ainsi près de 50 milliards de dollars pour tenter d’enrayer la progression du virus. Mais le manque de kits de dépistage, à l’heure actuelle, et le nombre d’Américains mal assurés font craindre le pire. La chambre des représentants vient de voter en urgence la gratuité des dépistages.
Des membres de la garde nationale du Colorado font des test au covid 19
AP/David Zalubowski
4 minutes de lecture
C’est un chiffre qui fait froid dans le dos. Entre 160 et 214 millions d’Américains pourraient être infectés par le coronavirus à terme. La population est de 300 millions d'habitants. Entre 200 000 et 1,7 million de personnes pourraient en mourir. Ces chiffres sont avancés par le CDC, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, l’agence fédérale américaine chargée des questions de santé publique. Ces chiffres font parties des scénarios les plus alarmistes mais il traduit l’inquiétude de la communauté scientifique américaine sur la capacité du système de santé des Etats-Unis à faire face à la montée de l’épidémie. Entre 2,4 et 21 millions de patients pourraient avoir besoin d’être hospitalisés. Or, il n’existe que 925 000 lits d’hôpitaux aux États-Unis.
Entre 2,4 et 2,1 millions d'Américains pourraient être hospitalisés
La situation est grave. Le pays manque de kits de dépistage. L’agence fédérale et les laboratoires publics ont réalisé seulement 11 000 dépistages depuis la crise. Un pays comme la Corée du Sud en fait 10 000 par jour. Et ces kits, en attendant l’activation du plan d’urgence de Trump coûtent entre 150 et 300 dollars, selon les états américains. Beaucoup d’Américains ne peuvent pas se payer ces fameux kits de dépistage.
La Chambre des représentants a donc approuvé un train de mesures visant à atténuer l'impact du virus. Le texte, qui doit maintenant passer au Sénat, prévoit notamment la gratuité du dépistage. En effet, plus de 87 millions d’Américains sont mal assurés ou pas du tout assurés sur leur santé. C’est ce que constate, le politologue français, spécialiste des Etats-Unis contemporaine Jean-Eric Branaa.
La Chambre des représentants vote la gratuité du dépistage
« Le système de santé américain est inégalitaire. Plus de 60% des Américains sont très bien couverts. Ils sont notamment pris en charge par leur entreprise. Les personnes âgées et les personnes les plus pauvres sont elles aussi prises en charge par des programmes publics, le Medicare et le Medicaid. Mais 25 à 30% des Américains restent très mal assurés. On trouve des travailleurs indépendants. Ces personnes prennent des assurances d’assez mauvaises qualité, notamment en les achetant dans des pharmacies », décrit le chercheur.
12% des Américains n'ont pas de couverture santé
Souvent ces assurés doivent payer entre 1000 et 800 dollars de franchise par mois pour une couverture très insufisante. « Enfin, un peu plus de 12% des Américains ne sont pas du tout assurés. On trouve notamment beaucoup de jeunes, des étudiants, qui s’estiment en bonne santé. Ces étudiants ont également des prêts universitaires à rembourser », ajoute Jean-Eric Branaa.
Les non-assurés seront-ils pris en charge en cas de maladie ?
Ces non-assurés seront-ils pris en charge en cas de maladie ? Jean-Eric Branaa répond par l’affirmative. « On ne vous laisse pas mourir dans la rue si vous n’êtes pas couvert par une assurance privée. On vous prend en urgences », estime le chercheur. Les conséquences pourraient être surtout économiques et financière pour ces non-assurés. « Le taux de mortalité aux Etats-Unis pourrait ne pas être forcément supérieur à ce que l’on aura en Europe. Les gens non assurés seront soignés. Mais ils devront payer une facture très lourde. Les cas de faillite personnelle pourraient exploser dans le pays », estime Jean-Eric Branaa. Une hospitalisation pour une grippe peut monter jusqu'à 15000 dollars. La chambre des représentants prévoit des mesures pour tenter de limiter l'impact du virus sur les gens. Des bons alimentaires pour les plus pauvres seront distribués.
Recherches sur des tests rapides du Covid-19
L’administration américaine, depuis la déclaration de l'état d'urgence par Donald Trump, a mis en place des partenariats avec des laboratoires privés afin d’élaborer des tests qui dépistent le Covid-19 en une heure. Et les critères pour autoriser un dépistage ont été assouplis. D’après un décompte qui augmente d’heure en heure, les capacités de dépistage, tous laboratoires et hôpitaux confondus, vont passer désormais à plus de 25 000 patients par jour. De quoi alléger temporairement le fardeau des personnels soignants.