Fil d'Ariane
Tout se bouscule à Washington depuis ce vendredi 27 octobre. Un grand jury fédéral a approuvé les chefs d’inculpation établis par le procureur spécial Robert Mueller. C'est un feu vert pour le lancement de poursuites contre une (ou plusieurs personnes ) dans l'enquête sur les supposées collusions entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump avant la présidentielle de 2016. Autrement dit, une arrestation (au moins) est imminente dans ce dossier.
Une affaire prise très au sérieux sur place. Sur fond de relent de guerre froide, cette hypothèse laisse entendre qu'un autre scénario était possible à la Maison-Blanche. Pire ! Elle pointe du doigt des failles dans le sacro-saint système démocratique américain.
Ni CNN, ni Reuters et le Wall Street Journal, les trois médias à l’origine de ces révélations, n’ont précisé la nature des chefs d’inculpation. L'instruction du procureur se mène dans le plus grand secret, ce qui laisse place à toutes les spéculations. Les personnes visées sont-elles des proches de Donald Trump ?
All of this "Russia" talk right when the Republicans are making their big push for historic Tax Cuts & Reform. Is this coincidental? NOT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 29 octobre 2017
Le président américain n'en a cure. Depuis son spot de golf du New Jersey, où il a passé une partie du week-end, le président américain a tweeté pour dénoncer une action judiciaire qui fait diversion alors que d'importantes décisions sont prises à propos des réformes fiscales dans le pays. Il a, par ailleurs, dénoncé une "chasse aux sorcières" et a accusé son ancienne rivale Hillary Clinton de collusion et autres méfaits.
Ce qui est sûr, c'est que Robert Mueller, nommé le 17 mai 2017 a les coudées franches pour mener ses investigations. L'un des avocats du président américain s'est empressé de préciser sur les télévisions américaines que le tweet présidentiel n'avait "rien à voir avec les activités du procureur spécial" en rappelant que ce procureur avait été désigné d'ailleurs, par l'actuelle administration Trump.
Selon le site BuzzFeed les investigations, elles, se concentreraient notamment sur l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort. Ce lundi 30 octobre, il a été inculpé de complot contre les Etats-Unis.
Le FBI enquêterait sur une série de transferts d'argent en lien avec Manafort effectués dès 2012, et qui concernerait trois millions de dollars. En cause, 13 transferts douteux, dont certains en provenance d'Ukraine. Des manœuvres découvertes à la faveur d'une enquête pour fraude fiscale menée contre Manafort. En filigrane, l'hypothèse d'un processus de blanchiment d'argent d'un régime ukrainien, proche de Vladimir Poutine. Selon le New York Times, M. Manafort s'est vu signifier de se livrer à la justice dans les plus brefs délais.
L'autre proche de Trump sur la sellette, c'est évidemment Michael Flynn. Comme Paul Manafort, cet ancien haut gradé avait des activités de lobbying étrangers non-déclarées. Ce général fût d'ailleurs contraint de démissionner de son poste de conseiller à la sécurité nationale, en février 2017, seulement quelques semaines après sa nomination.
Me Ty Cobb a assuré au New York Times que Donald Trump était confiant. Ni Flynn ni Manafort n'ont d'informations compromettantes à l'égard du président américain.
Robert Mueller, pourrait néanmoins découvrir s'il y a une connexion entre la Russie et l'équipe du candidat républicain.
Sentant le danger, la Maison-Blanche a lancé quelques contre-feux. On apprenait récemment que la secrétaire d'État, Hillary Clinton aurait favorisé en 2010, la vente de mines américaines au groupe public russe Rosatom en échange de dons à la fondation Clinton. Ou encore, l'enquête privée sur Donald Trump, financée par le parti démocrate et le camp Clinton, révélée en janvier dernier.
Mais pour certains républicains, l'essentiel est ailleurs. "Nous ferions mieux de nous scandaliser du fait que les Russes se sont ingérés dans nos élections", a rappelé le sénateur Rob Portman sur CBS.
Le tout alors que les derniers sondages indiquent que 38% des Américains approuvent l'action du président Trump. Il recueille par ailleurs, 58% d'opinion défavorable, après seulement neuf mois de présidence.