Les deux psychologues ayant créé pour la CIA les méthodes d'interrogatoire apparentées à de la torture, ont passé un accord amiable pour échapper à la justice. Ils avaient touché 80 millions de dollars de l'agence de renseignement américaine pour inventer ces procédés ayant mené à la mort d'au moins un prisonnier.
James Mitchell et Bruce Jessen sont deux psychologues militaires recrutés par la CIA en 2002 comme "architectes du programme d'interrogatoire"dans le cadre de la guerre contre le terrorisme lancée par Georges W. Bush après les attentats du 11 septembre. Les deux hommes — lors de leur déposition devant un tribunal début 2017 — ont réfuté ce titre "d'architecte" que l'agence de renseignement leur avait pourtant donné, puis tenté de justifier leur "travail" face aux accusations (voir vidéo du New York Times en fin d'article) de l'avocat de l'American Civil Liberties Union (Union américaine pour les libertés civiles) qui a porté plainte contre eux au nom de trois prisonniers "interrogés" par la CIA avec ces méthodes, dont l'un est décédé.
Ces méthodes d'interrogatoires — assimilables en réalité à de la torture — ont été appliquées au cours du programme secret d'enlèvements de membres présumés d'Al Quaïda par la CIA entre 2002 et 2008. C'est en 2005, un an après les terribles images
de sévices commis par des militaires américains dans la prison d'Abou Ghraib, que la presse américaine met à jour la pratique des vols secrets de la CIA, organisés pour interroger des personnes suspectées de terrorisme dans des "sites noirs" — hors des Etats-Unis et de tout contrôle. Ces enlèvements et les méthodes employées pour faire parler les suspects ont été détaillés dans un rapport du Sénat américain de 2014.
Les interrogatoires des suspects utilisaient les méthodes créées et préconisées par les psychologues Mitchell et Jessen, dont la plus "célèbre" est celle du "water boarding", ou "simulacre de noyade" : les agents de la CIA plongeaient la tête du suspect dans une bassine le plus longtemps possible, jusqu'à qu'il n'ait plus d'air et pense mourir de noyade. Selon le
New York Times, le "cerveau" présumé des attentats du 11 septembre 2001, Khalid Sheik Mohamed, aurait été noyé 183 fois, tandis qu'un autre membre d'Al-Quaïda Abou Zoubaydah, l'a été 83 fois.
Des mémos de la CIA publiés par le New York Times indiquent 10 techniques pour faire craquer et parler les suspects :
Ces techniques détaillées sont les suivantes : "
Agripper pour forcer l'attention, mur sur lequel on pousse le suspect violemment avec déclenchement d'un son très fort, maintien forcé du visage, gifles avec insultes, confinement dans un espace réduit dans l'obscurité, maintien en position debout contre un mur pour forcer la fatigue musculaire, positions stressantes, privation de sommeil, enfermement (du suspect) avec des insectes, simulacre de noyade." Toutes les méthodes ne sont pourtant pas intégralement révélées dans cette partie du mémo, puisque le rapport sénatorial de 2014 qui a été préfacé par John R. Macarthur, le président du prestigieux
Harper's Magazine, décrit des "manipulations diététiques", de la nudité forcée, de l'étranglement, du bruit continu, des couches culottes portées de force des jours durant, la roulette russe et… la perceuse. L'ensemble des techniques utilisées par la CIA sont qualifiées comme étant "
dignes de celles de la Gestapo" par le journaliste politique.
James Mitchell et Bruce Jessen ont été payés 80 millions de dollars pour inventer ces techniques d'interrogatoires basées sur la torture et ont continué à travailler pour la CIA jusqu'à la fin des programmes. Bien que forcés d'aller se justifier devant une cour de justice, ils ne seront pas poursuivis, grâce à l'accord — secret — qu'ils ont réussi à passer avec l'UCLA. En janvier 2009, lors de sa prise de fonction, Barak Obama, devant les révélations de la presse sur les méthodes de la CIA inventées par Mitchell et Jessen, les a interdites. Tout comme le programme d'enlèvement de la CIA. Mais jamais personne depuis lors n'a été inquiété pour les avoir ordonnés ou exécutés…