Fil d'Ariane
Alors que la confrontation des Etats-Unis avec la Chine sera la grande grille de lecture géopolitique des années à venir, le démocrate de 79 ans, se rendra en Corée du Sud, puis au Japon pour son premier déplacement dans la région.
Il rencontrera les dirigeants des deux pays et participera à Tokyo à une réunion du Quad, ce format diplomatique qu'il se fait fort de relancer et qui rassemble les Etats-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie.
"Il n'y a pas de tension entre le fait d'accorder du temps, de l'énergie et de l'attention à l'Europe, et le fait d'accorder du temps, de l'énergie et de l'attention à l'Asie. Nous pensons que ces deux aspects se renforcent mutuellement", a déclaré, mercredi 18 mai, son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, aux journalistes.
Si l'invasion de l'Ukraine par la Russie a accaparé l'administration américaine depuis des semaines, cette crise a aussi donné des ailes aux diplomates et aux stratèges de la première puissance mondiale.
En Ukraine, les Etats-Unis ont pris la tête de la réaction occidentale, en envoyant massivement des armes et en orchestrant les sanctions économiques. Ils s'activent désormais pour élargir l'Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) à la Finlande et à la Suède, ce qui serait un triomphe tactique face à Moscou.
Joe Biden recevra d'ailleurs la Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, et le président finlandais, Sauli Niinistö, à la Maison Blanche jeudi 19 mai, avant d'embarquer dans Air Force One.
Selon Jake Sullivan, voilà qui illustre la "symbiose" entre la politique européenne et la politique asiatique du président, lequel va "tisser les deux ensemble".
Les Etats-Unis veulent "affirmer l'image de ce que le monde pourra être si les démocraties et les sociétés ouvertes du monde se rassemblent pour dicter les règles du jeu", autour du "leadership" américain, a ajouté M. Sullivan.
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"Nous pensons que ce message sera entendu à Pékin. Mais ce n'est pas un message négatif et ce n'est pas destiné à un seul pays", a assuré Jake Sullivan.
La Chine et Taïwan seront néanmoins dans toutes les têtes. Le directeur de la CIA, Bill Burns, a récemment fait savoir que la Chine suivait "attentivement" l'invasion russe de l'Ukraine et en tirerait des enseignements sur "les coûts et les conséquences" d'une prise de contrôle par la force de l'île.
"Je pense qu'ils ont été particulièrement frappés par la façon dont l'Alliance atlantique s'est unie pour imposer des coûts économiques à la Russie en réponse à son agression", a-t-il avancé.
Joe Biden, de manière générale très friand des grandes rencontres diplomatiques, part donc "d'un pas allègre", selon son conseiller.
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La Maison Blanche a précisé que le président américain n'irait pas dans la zone démilitarisée entre les deux Corée. C’est là que Donald Trump avait rencontré en 2019 le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, pour une réunion spectaculaire mais qui n'a pas changé la trajectoire du régime.
Il se pourrait toutefois que le premier voyage de M. Biden en tant que président dans la région semble devoir être éclipsé par une Corée du Nord de plus en plus belliqueuse.
Le renseignement américain estime en effet qu'il y a une "réelle possibilité" que la Corée du Nord procède "à un nouveau tir de missile" ou "à un essai nucléaire" pendant le voyage de Joe Biden.
Pyongyang avait testé des armes nucléaires à six reprises entre 2006 et 2017, et le dirigeant nord-coréen voit dans l'arme nucléaire un moyen de peser sur la scène internationale et de garantir son implacable contrôle du pays.
La tentation pourrait être grande pour lui de procéder à une démonstration des capacités nucléaires nord-coréennes. Ce, alors qu'il fait face à une épidémie de coronavirus qui s'aggrave, le nombre de cas dépassant désormais 1,7 million selon la presse officielle.
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