Sur le site
forum-prison.forumactif.com, les témoignages d'anciens détenus américains détaillent le quotidien atroce de ceux qui sont soumis à cet isolement total. Perte de repères, hallucinations,... Les dégâts engendrés sont multiples. Ainsi, le cas de Jerry Williams, 58 ans, à l'isolement depuis 8 ans à la Prison centrale de Raleigh, en Caroline du Nord. Schizophrène, il est dans la section Unit One, surnommée "Le trou". Ses propos ont été recueillis par son avocate, Elizabeth Simpson : Est-ce que vous croyez que vous sortirez un jour de l’isolement ? - Si je n’écope d’aucun rapport disciplinaire entre août prochain et février de l’année suivante, ils m’en sortiront peut-être. Vous pensez que vous y parviendrez ? - Je crois que oui, si je n’ai pas de rapport disciplinaire [cela n’a pas été le cas, NDLR]. Mais il faut que j’arrête de taper dans la porte de la cellule ou d’appeler, et de les supplier de venir me voir et me parler. Il faut que j’arrête tout ça, c’est le seul moyen d’échapper aux sanctions. Laisser le personnel et les autres prisonniers tranquilles. Simplement rester peinard, ne rien demander à personne […]. Vous entendez des voix ? - Quelquefois. J’essaie de comprendre ce qu’elles me disent, je n’y arrive pas bien. Ce sont des voix calmantes ou des voix en colère, qui jurent ou hurlent […]. Cela donne parfois envie de se tuer […]. Voyez-vous des choses que les autres ne voient pas ? - Je vois un serpent dans ma cellule. Je sais qu’il y a un serpent parce que j’ai vu des traînées de serpent à l’endroit où il était, sur le sol. Je jure que je les vois. Une heure ou une heure et demie après m’être endormi, j’ai senti quelque chose qui me brulait la tête. Je sais que quelque chose me mordait. Je me réveille et je me tape la tête, je frappe ma tête dans mes mains. Et je ressens toujours la douleur. Alors je prends mes chaussures et me frappe la tête. Et je finis par m’en débarrasser, lentement, je me débarrasse de ce j’avais sur la tête. La cellule : il y avait une fissure sur le côté du mur. Je regarde et je vois des toiles d’araignée. Et je me dis : "Saleté de serpent". C’est là que ce salopard se planque. J’attrape un journal et je le mets dans la fissure, et le journal se retrouve griffé, avec de gros trous. C’est là que je sais que c’est un serpent qui m’a mordu. Vous vous parlez beaucoup à vous-même ? - Oui, beaucoup plus depuis que je suis à l'isolement. C’est difficile de s’en empêcher quand il n’y a rien d’autre à faire […]. [Au début], je pouvais passer deux ou trois minutes à me parler à moi-même avant de me reprendre, et de m’arrêter. Mais maintenant, bon sang, je me parle à moi-même pendant quatre heures, huit heures d’affilée […]. J’entends des voix de prisonniers, quelqu’un qui me dit "Je vais te tuer. Ils vont te tuer. Je vais te tuer." Des trucs effrayants de ce genre. C’est à ce moment que je barricade ma porte. [Les voix] vous disent que vous êtes le diable, ou qu’elles vont vous tuer.