États-Unis : pas de vague républicaine aux élections de mi-mandat

Les Républicains sont en passe ce 9 novembre de prendre le contrôle de la Chambre des représentants mais leur victoire n'est pas le raz-de-marée qu'ils espéraient. Contre toute attente, les démocrates de Joe Biden ont bien mieux resisté que prévu lors de ces élections de mi-mandat. Reste que les résultats provisoires sont très serrés, reflètant le profond clivage des États-Unis.
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Maura Healey
La démocrate Maura Healey, élue du Massachusetts, ici à Boston, le 8 novembre 2022, devient la première gouverneure ouvertement lesbienne aux États-Unis.
© AP Photo/Michael Dwyer
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La "vague rouge" (la couleur des républicains) annoncée n'a pas eu lieu le 8 novembre privant sans doute Donald Trump de quoi propulser ses velléités de reconquête de la Maison Blanche.

Voir : États-Unis : un soulagement pour les démocrates
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La Chambre des représentants penche républicain

À 16H00 TU, la chaîne NBC News projetait un total de 220 élus à la chambre basse pour le parti républicain, soit une majorité de deux sièges seulement et un gain de 11 élus par rapport à la législature précédente. D'autres grands médias se montraient plus prudents.
 
Des heures après la fermeture des bureaux de vote, plusieurs scrutins décisifs et disputés n'ont pas encore livré leurs résultats comme en Arizona ou dans le Nevada.
 
"Il est clair que nous allons reprendre la Chambre des représentants", a toutefois assuré dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 le ténor républicain Kevin McCarthy qui devrait devenir le prochain président de la chambre basse, succédant à la "speaker" Nancy Pelosi.
 
Une chambre basse contrôlée par les républicains se positionnerait de manière à défaire le programme du président Biden, sur le changement climatique par exemple. Des grands ténors comme Kevin McCarthy ont aussi déjà promis d'ouvrir des enquêtes sur sa gestion du pouvoir.

Incertitude au Sénat

 Au Sénat, où les démocrates détenaient une très mince majorité avant l'élection, il faudra sûrement plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant qu'une majorité ne se décide et donc l'agenda politique aux Etats-Unis pour les deux prochaines années.
 
L'Arizona et le Nevada n'étaient pas encore décidés à 16H00 TU. Longtemps indécis, le Wisconsin a lui réélu le républicain Ron Johnson, ont rapporté ce 9 novembre au  matin les chaînes CNN et ABC.

(RE)voir : États-Unis : un scrutin à l'enjeu crucial pour Biden
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En Géorgie, le pasteur Raphael Warnock, sénateur sortant, restait également en ballotage avec l'ancienne star du football américain Herschel Walker, soutenu par Donald Trump.
 
Comme en 2020, cet État du Sud se dirigeait vers une nouvelle élection dans quatre semaines.
 
Reflet de cette indécision, les marchés financiers étaient en baisse. "Les démocrates sont surpris de leur force et les républicains de leur faiblesse", commentait un courtier Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.
 
Le camp démocrate du président de 79 ans ne cachait pas sa satisfaction d'avoir plus que sauvé les meubles. "Ne sous-estimez jamais à quel point la ‘Team Biden’ est sous-estimée", a tweeté, goguenard, le directeur de cabinet du président américain, Ronald Klain.
 

 Les démocrates ont ainsi arraché aux républicains l'un des sièges les plus disputés de ce scrutin, en Pennsylvanie, remporté par John Fetterman.
 
John Fetterman élu démocrate en Pennsylvanie célèbre son élection avec sa famille.
John Fetterman élu démocrate en Pennsylvanie célèbre son élection avec sa famille, Pittsburgh 9 novembre 2022.
© AP Photo/Gene J. Puskar
 
Après une campagne acharnée centrée sur l'inflation, qui s'est affichée comme la principale préoccupation des Américains suivi par l'avortement selon les sondages sorties des urnes, les républicains étaient pourtant confiants dans leurs chances de priver mardi Joe Biden, un président à la cote de popularité anémique, de ses majorités au Congrès.
 
Organisées deux ans après la présidentielle, les élections de mi-mandat font quasiment systématiquement office de vote sanction pour le pouvoir en place.
 
Mais les électeurs américains ne l'ont pas entendu ainsi et le "Grand Old Party", à qui l'on prêtait jusqu'à peu une percée de 10, 25, voire 30 sièges à la Chambre, s'est vu obligé de revoir ses ambitions à la baisse.

"Ce n'est certainement pas une vague républicaine, ça c'est sûr", a admis l'influent sénateur Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, sur NBC.

Victoire des défenseurs du droit à l’avortement

Du côté des gouverneurs des États, après avoir arraché deux postes aux républicains (dans le Maryland et le Massachusetts), le camp démocrate n'avait pas non plus dit son dernier mot dans l'Arizona, où le dénouement de la course entre la trumpiste Kari Lake donnée favorite, et la démocrate Katie Hobbs restait inconnu.
 
Par ailleurs, selon des résultats encore préliminaires, les électeurs dans cinq États ont soutenu le droit à l'avortement, à contre-courant d'un arrêt historique de la Cour suprême en juin. Les électeurs de Californie, du Vermont et du Michigan ont accepté de réformer les Constitutions de leur Etat pour y inscrire noir sur blanc le droit à l'avortement, selon la chaîne NBC et le journal New York Times.
 
Ces amendements garantiront le droit à avorter dans ces États même si les élus locaux devaient un jour adopter une loi pour l'interdire.
Ces résultats étaient attendus dans ces trois États à majorité démocrate mais les électeurs du Kentucky, un État conservateur et religieux, ont, selon des résultats préliminaires, également rejeté une proposition hostile à l'IVG.

La Floride, nouveau bastion républicain

Malgré ses déclarations d'une "super soirée", celle-ci n'a pas été bonne pour Donald Trump. Le tempétueux milliardaire avait parié sur une victoire éclatante de ses lieutenants pour se lancer sous les meilleurs auspices dans la course à la présidentielle 2024. Il a promis à cet effet "une très grande annonce" le 15 novembre.
 
Une façon de couper l'herbe sous le pied à l'un de ces potentiels rivaux à l'investiture républicaine, Ron DeSantis.

Voir : États-Unis : Trump revient en force dans le jeu politique
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Mais le gouverneur de Floride DeSantis, 44 ans, a été réélu de manière triomphale et assuré qu'il ne faisait que "commencer le combat". Étoile montante du camp conservateur, Ron DeSantis s'est félicité dans un discours offensif d'avoir fait de cet État du Sud, longtemps considéré comme penchant tantôt à gauche, tantôt à droite, une "terre promise" pour les républicains.

La diversité à l'honneur

Avec des premières tant au niveau national que local, la diversité était l'un des autres enseignements de la soirée électorale.

La démocrate Maura Healey est ainsi devenue la première gouverneure ouvertement lesbienne aux Etats-Unis, élue dans l'Etat du Massachusetts (nord-est), tandis que dans le New Hampshire (nord-est), James Roesener est devenu le premier homme transgenre à entrer dans un parlement local. Plusieurs femmes transgenres avaient déjà été élues auparavant.

En Floride, c'est la "génération Z", celle des adolescents et jeunes adultes d'aujourd'hui, qui met un pied à la Chambre des représentants, avec le démocrate Maxwell Frost, 25 ans.