Fil d'Ariane
Joe Biden annonce ce dimanche 21 juillet qu'il retire sa candidature à la Maison Blanche. Les gaffes et absences de plus en plus récurrentes du Président américain inquiétaient sérieusement les observateurs et son électorat. Quel(le) candidat(e) pour le remplacer ?
De gauche à droite, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, la vice-présidente, Kamala Harris, le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, et la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer.
À un peu moins de quatre mois de l’élection présidentielle, prévue le 5 novembre 2024, le président sortant, Joe Biden, 81 ans, se retire. Son état de santé, a fortiori son acuité mentale, faisait l’objet d’intenses spéculations. Sa capacité à exercer en pleine possession de ses moyens un second mandat, au bout duquel il aurait 86 ans, interrogeait.
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Son équipe a longtemps maintenu la digue, à l’instar de sa colistière, Kamala Harris. Mais tous les sondages révèlaient une réelle inquiétude dans les rangs démocrates. Des personnalités américaines, des médias et membres du Congrès le poussaient ouvertement vers la sortie. Selon une dernière enquête Ipsos, relayée par le Washington Post, une majorité d’entre eux souhaitaient son retrait. D’autant qu’en face, le candidat républicain, Donald Trump, après la tentative d'assassinat dont il a été victime, reste un combattant insubmersible.
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Ces derniers mois, Joe Biden répétaient être le seul à pouvoir contrecarrer un retour aux affaires de son rival. Ce dimanche, il déclare dans un communiqué déclare "Je crois c'est que dans l'intérêt de mon parti et de mon pays de me retirer". D’ores et déjà, la question se pose : qui pour le remplacer ?
Son profil fait figure d’évidence. La vice-présidente, déjà légalement amenée à assurer la fonction présidentielle en cas de décès ou d'incapacité de Joe Biden, a les faveurs démocrates en cas d’abandon de ce dernier.
Kamala Harris collectionne les premières : première vice-présidente noire, première femme et première personne noire à occuper le poste de procureure générale de Californie, première sénatrice originaire d’Asie du Sud (ndlr : sa mère est indienne). La colistière de 59 ans a brillamment gravi les échelons.
Néanmoins, elle souffre d’une cote de popularité anémique. D’aucuns, dans le camp démocrate, émettent des doutes quant à sa capacité à peser face à Donald Trump. Ces derniers temps, elle a affûté ses attaques envers les positions de l’ancien président républicain, notamment sur le sujet de l’avortement.
L’ancien maire de San Francisco est, depuis cinq ans, à la tête de l’État le plus peuplé des États-Unis. Son nom revient avec insistance en cas de retrait de Joe Biden. À 56 ans, il demeure fidèle à l’hôte de la Maison Blanche. Les interrogations sur l’état de santé de ce dernier « ne font pas du bien à la démocratie », selon lui.
Il n’empêche que son ambition présidentielle ne fait plus guère de secret. Régulièrement en déplacements à l’étranger, il fait diffuser des spots publicitaires pour vanter son bilan et a investi dans un comité d’action publique, organisation destinée à récolter des fonds pour une campagne électorale.
Une ombre pourrait venir ternir le tableau. En cas d’investiture au poste de candidat, il serait sommé de justifier les problèmes rencontrés en Californie au cours de la dernière décennie, à savoir, l’envolée des prix des logements, le sans-abrisme et le taux d’imposition élevé.
Le New York Times relève toutefois qu’une campagne courte pourrait lui être favorable car elle laisserait peu de champ libre à ses adversaires pour appuyer ses potentielles faiblesses.
« Fière » de soutenir Joe Biden, Gretchen Whitmer balayait, il y a plusieurs semaine, toute idée de prendre le relais. Il n’empêche qu’à 52 ans, celle que Donald Trump désignait insolemment « la femme du Michigan », a acquis un statut de star au sein de son parti au gré de son évolution politique.
Elle s’est notamment illustrée lors de la pandémie de coronavirus en imposant le confinement quand le président d’alors, Donald Trump, plastronnait que le virus « disparaîtra comme un miracle. » En 2020, elle est la cible d'un projet d'enlèvement par des miliciens d’extrême-droite, en raison des restrictions anti-covid.
Populaire, elle est à la tête du Michigan. L’État est composé d’une forte population ouvrière et d’importantes communautés noires et arabes. Un électorat que Joe Biden peinait à séduire. Gretchen Whitmer est, en outre, vice-présidente du Comité national démocrate, un poste de haut rang au sein du parti.
Le slogan de cet excellent orateur sort des sentiers battus : « Get shit done », soit « Faire avancer le bordel ».
Deux fois élu procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro accède au poste de gouverneur à la faveur d’une nette victoire contre un concurrent soutenu par Donald Trump en 2022. La Pennsylvanie figure parmi les « swing state », les Etats à la couleur politique fluctuante, les plus cruciaux dans la course au bureau ovale.
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Ce centriste de 51 ans a, dans sa carrière juridique, dénoncé, entre autres, les abus sexuels commis par des prêtres catholiques contre des milliers d’enfants.
Fervent soutien d’Israël, il est au cœur d’une division féroce au sein du camp démocrate au sujet des manifestations d’étudiants pro-palestiniennes.
D’autres figures circulent parmi les possibles remplaçants bien que leurs chances semblent plus modestes. Parmi elles, J.B. Pritzker, le riche gouverneur progressiste de de l’Illinois, ses homologues du Maryland et du Kentucky, respectivement Wes Moore et Andy Beshear, ou encore les deux anciens candidats à la dernière présidentielle, l’actuel ministre des Transports, Pete Buttigieg, et la sénatrice, Amy Klobuchar.