Fil d'Ariane
Derek Chauvin risquait jusqu'à quarante ans de réclusion pour avoir tué George Floyd le 25 mai 2020 à Minneapolis, en maintenant son genou sur son cou pendant près de dix minutes. Le policier blanc a finalement été condamné vendredi 25 juin à vingt-deux ans et demi de prison pour le meurtre de l'Afro-Américain. Une peine accueillie de diverses manières. Tour d'horizon des réactions.
L'avocat de la famille Floyd, Ben Crump, a immédiatement salué une décision "historique", qui selon lui "fait franchir à la famille Floyd et à notre nation un pas de plus vers la réconciliation en leur permettant de tourner la page et en désignant des responsables".
De leur côté, plusieurs membres de la famille de George Floyd, à l'image de son frère Terrence, ont exprimé leur volonté de "continuer le combat". Son neveu Brandon Williams a dit avoir "obtenu justice, mais pas assez".
Les proches du défunt, comme les militants antiracistes, ont souligné qu'il faudrait plus d'un verdict pour amener des changements de fond dans le pays. "Je veux que vous vous dressiez et que vous vous battiez", pour plus d'égalité, a lancé son frère Philonese Floyd.
Historique, mais insuffisant. Tout en affirmant qu'il s'agissait "de la plus lourde peine jamais infligée" à un policier dans le Minnesota, le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques a déclaré qu'il ne s'agissait pas là "d'une justice". "La justice aurait été que George Floyd soit en vie" et qu'il y ait eu "des peines comme celle-là avant", a-t-il ajouté.
La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a déclaré que ce "rare moment où la police doit affronter les conséquences des meurtres qu'elle a commis ne représente pas la justice. La justice ne se résume pas à une seule phrase ou à un seul verdict."Interrogé sur ce verdict dans le Bureau ovale au début de sa rencontre avec son homologue afghan Ashraf Ghani, le président démocrate Joe Biden, élu avec le soutien de la communauté afro-américaine, a qualifié vendredi 25 juin de "juste" la condamnation à 22 ans et demi de prison de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd.
Cette condamnation est aussi rarissime. Avant Derek Chauvin, seuls une dizaine de policiers américains ont écopé de peine de prison pour des meurtres commis dans l'exercice de leurs fonctions.
Après l'annonce de la condamnation, des manifestants munis de haut-parleurs et escortés par des motos ont exprimé leur joie dans le centre de Minneapolis pendant l'heure de pointe, sans incident. Plusieurs centaines de personnes s'étaient auparavant massées autour du palais de justice pour attendre la décision.
Bien que ce dossier ait bouleversé les Etats-Unis, le juge Peter Cahill a juré ne pas avoir fondé sa décision sur "l'émotion" ni "sur l'opinion publique". "Je ne cherche pas à envoyer un message", a-t-il assuré dans une courte allocution.
Dans un document de vingt-deux pages, il motive sa sévérité par plusieurs facteurs: Derek Chauvin "a abusé de sa position de confiance et d'autorité", a agi "avec une grande cruauté" et en présence d'enfants et avec l'aide de collègues.
Le dossier judiciaire ne s'arrêtera pas là: les trois collègues de Derek Chauvin seront jugés en mars 2022 pour "complicité de meurtre" par la justice du Minnesota.
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Le 25 mai 2020 à Minneapolis, Derek Chauvin avait voulu arrêter George Floyd, soupçonné d'avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes. Avec trois collègues, il l'avait plaqué au sol, avant de s'agenouiller sur son cou.
Le policier avait maintenu sa pression pendant près de dix minutes, indifférent aux râles de George Floyd mais aussi aux supplications de passants affolés, et ce même une fois le pouls du quadragénaire devenu indétectable.
La scène, filmée et mise en ligne par une jeune fille, était rapidement devenue virale et avait suscité des manifestations monstres dans le monde entier.
En mars et avril, son procès avait été suivi par des millions d'Américains. Pendant des semaines, la scène a été rejouée sous tous les angles, des témoins ont raconté leur traumatisme et les policiers ont défilé pour dénoncer l'attitude de leur ancien collègue.