Fil d'Ariane
Alors que les élus démocrates de la Chambre des représentants aux États-Unis vont déposer une procédure visant à la destitution du président Donald Trump, les 10 jours restant avant la fin du mandat du 45e président des Etats-Unis font l’objet de nombreuses inquiétudes et paraissent incertains.
Donald Trump pourrait se retrouver dès lundi sous le coup d'une seconde procédure de destitution, un développement sans précédent historique, alors qu'il ne montrait samedi aucun signe de vouloir démissionner ou se mettre en retrait après les violences du 6 janvier au Capitole.
Un texte de mise en accusation ("impeachment"), rédigé par des élus démocrates à la Chambre des représentants, reproche au président républicain d'avoir "délibérément fait des déclarations" qui ont encouragé l'invasion du bâtiment du Congrès par ses partisans.
Réunis par Donald Trump pour manifester contre la certification par le Congrès de la victoire de Joe Biden à la présidentielle, ils avaient ensuite fait irruption pendant la séance parlementaire. Des événements jamais vus à Washington et au cours desquels cinq personnes sont mortes, dont un policier.
L'article de mise en accusation, signé par au moins 180 parlementaires selon l'élu démocrate Ted Lieu, affirme ainsi que Donald Trump a "gravement mis en danger la sécurité des Etats-Unis et de ses institutions de gouvernement".
UPDATE to the update: We’ve just hit 180 cosponsors of the Article of Impeachment drafted by Rep @davidcicilline, @RepRaskin, me and @HouseJudiciary staff.
— Ted Lieu (@tedlieu) January 9, 2021
We will introduce the Article of Impeachment this Monday during the House’s pro forma session. https://t.co/qm7LmXhOgK
La décision de lancer cette nouvelle procédure de destitution ("impeachment") reviendra une fois de plus à la puissante présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Elle a promis d'agir si le président républicain ne démissionnait pas immédiatement.
Cependant pour que la nouvelle procédure de destitution aboutisse, il faudrait que le milliardaire républicain soit jugé coupable par les deux tiers du Sénat, ce qui n'a aucune chance de se produire avant la prestation de serment de son successeur Joe Biden, le 20 janvier.
Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a d'ailleurs fait circuler un mémo stipulant qu'avec les règles actuelles du Sénat, aucun procès pour destitution ne pourrait avoir lieu avant l'investiture du président élu, à moins que la totalité des sénateurs n'autorisent une telle procédure.
Reste que le lancement d'un second "impeachment", laisserait une marque indélébile sur le bilan de Donald Trump: aucun président américain n’a subi ce déshonneur.
Reclus à la Maison Blanche, Donald Trump aurait fait savoir à ses proches qu'il n'avait aucune intention de démissionner, selon le New York Times samedi. Même dans le camp républicain, certains élus ont semblé ouverts à la possibilité d'un nouvel "impeachment". Le sénateur républicain Ben Sasse a ainsi affirmé qu'il examinerait les chefs d'accusation si la Chambre ouvrait une procédure de destitution.
Sans se prononcer sur une potentielle "destitution", une autre élue républicaine a appelé au départ de Donald Trump. "Je veux qu'il démissionne. Je veux le voir partir. Il a causé assez de dégâts", a déclaré la sénatrice modérée Lisa Murkowski.
Du côté des démocrates, les appels sont plus virulents comme celui d’Alexandria Occasio-Cortez qui appuie fermement la procédure de destitution et qualifie "chaque minute où Donald Trump est encore au pouvoir" de "danger certain" pour les Etats-Unis. Elle appelle par ailleurs à ce que Donald Trump ne puisse plus jamais se représenter aux élections à l’avenir.
Rep. Alexandria Ocasio-Cortez backs impeachment, telling @GStephanopoulos “every minute" that Trump is "in office represents a clear and present danger.”
— ABC News Politics (@ABCPolitics) January 10, 2021
“We’re also talking about complete barring of (Donald Trump) from running for office ever again.” https://t.co/VhY2rxSw57 pic.twitter.com/EmFA6617VG
Plus isolé que jamais, alors que deux membres de son gouvernement ont démissionné, le milliardaire républicain s'est vu priver vendredi soir de son canal de communication favori, Twitter, mais n'a donné aucun signe de vouloir se faire discret.
"Nous ne serons pas réduits au silence", a-t-il répliqué après la suspension permanente de son compte Twitter via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des "75 millions de patriotes" qui ont voté pour lui.
"Il est fou, déséquilibré et dangereux. Il doit partir", a martelé Nancy Pelosi. La cheffe des démocrates au Congrès américain est allé jusqu’à déclarer vendredi s'être entretenue avec l'armée américaine pour s'assurer que Donald Trump ne puisse pas utiliser les codes nucléaires, tout en menaçant d'agir au Congrès s'il ne quittait pas rapidement le pouvoir.
"Ce matin, j'ai parlé avec le chef d'état-major américain Mark Milley pour discuter des précautions disponibles afin d'éviter qu'un président instable ne lance des hostilités militaires ou accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire", a écrit la présidente de la Chambre des représentants dans une lettre à son groupe parlementaire. "La situation avec ce président déséquilibré ne pourrait pas être plus dangereuse", a-t-elle poursuivi.
Le président américain est en effet aussi le commandant en chef des armées. C'est lui qui peut donner l'ordre d'activer le code nucléaire au chef du commandement stratégique, qui le répercute aux sites nucléaires, si cet ordre est légal.
Le 20 janvier, le 45e président des Etats-Unis doit cependant céder le pouvoir à Joe Biden mais Nancy Pelosi a affirmé jeudi que chacun des quelques jours restant pouvait se convertir en "film d'horreur pour l'Amérique".
La présidente de la Chambre des représentants a aussi accusé jeudi le milliardaire républicain d'avoir "incité une insurrection armée contre l'Amérique" et a exhorté son vice-président Mike Pence à invoquer le 25e amendement de la Constitution, pour écarter Donald Trump du pouvoir.