États-Unis : un bilan en demi-teinte pour la première année de Biden au pouvoir

Economie, politique extérieure, lutte contre la pandémie... Joe Biden a dû gérer de nombreux dossiers pour sa première année à la Maison blanche. Tour d'horizon un an après son investiture.
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Le président Joe Biden s'adresse aux médias après avoir rencontré en privé les démocrates du Sénat, le jeudi 13 janvier 2022, à Washington.
AP Photo/Jose Luis Magana
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Le 20 janvier 2021, sur les marches ensoleillées du Capitole, le tout juste investi 46e président des Etats-Unis assurait que l'Amérique saurait, citant Abraham Lincoln, "embrasser ses anges gardiens", et qu'il mettrait "toute son âme" pour la "réunir".

Le 6 janvier 2022, c'est un tout autre Joe Biden qui prend la parole, seul dans le cadre écrasant de la salle des statues du même Capitole, un an après l'assaut lancé par une foule déchaînée de partisans de Donald Trump.

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Des réformes difficiles

Plus question de vanter le dialogue avec l'opposition républicaine ou de traiter son prédécesseur par le mépris. "Le but de l'ancien président et de ses alliés est de disqualifier quiconque vote contre eux. C'est aussi simple que ça. Les faits ne vaudront plus rien. Votre vote ne vaudra plus rien", attaque le président, quelques jours plus tard.

Joe Biden a promis d'apaiser l'Amérique et de consolider ses institutions démocratiques. De tous ses engagements, c'est le plus difficile à tenir. Le démocrate, qui a bénéficié pendant sa campagne du soutien jugé décisif de figures de la communauté afro-américaine, leur a promis de parachever le combat pour les droits civiques.

Il veut harmoniser au niveau fédéral les procédures de vote, pour barrer la route aux Etats du sud qui restreignent, de fait, l'accès aux urnes des minorités. Mais - dans un scénario qui rappelle l'échec de son agenda social - deux sénateurs démocrates barrent pour l'heure la route à ce projet. Le président n'est pas populaire : les sondages lui donnent autour de 42% d'opinions favorables.

Et selon une enquête de l'université Quinnipiac, 58% des Américains pensent que la démocratie ne résistera pas aux divisions du pays, plus que jamais hanté par la violence : celle des attaques politiques, des inégalités sociales ou raciales, des morts par overdose ou par arme à feu.

Joe Biden "a fait une erreur de calcul politique" en disant avoir "une majorité réelle de gouvernement" au lieu de "poser en +président de cohabitation+, ce qu'il est, de fait", analyse Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire et chroniqueur du site Les Jours.

Joe Biden s'est engagé à tourner la page de la meurtrière pandémie de Covid-19, à garantir la prospérité de la classe moyenne, à restaurer le prestige international de l'Amérique.

De bien grandes promesses pour un président sans réel levier parlementaire: au Sénat, les démocrates n'ont que 50 + 1 voix (celle de la vice-présidente Kamala Harris) contre 50 aux républicains.

Une présidence qui déraille à l'été 2021

Le mandat avait pourtant bien commencé: adoption rapide d'un plan de relance, baisse du chômage, bond de la vaccination contre le Covid-19, enthousiasme des alliés des Etats-Unis.

Mais sa présidence déraille à l'été 2021. En juillet, Joe Biden déclare prématurément "l'indépendance" face au Covid, alors que le variant Delta se propage déjà. Seulement 46% d'entre eux approuvent désormais sa politique sanitaire, contre 69% au début de son mandat.

Ses appels à se faire vacciner et à porter le masque sont violemment critiqués par nombre de républicains. Et la Cour suprême vient d'annuler une obligation de vaccin ou de test que la Maison Blanche voulait imposer aux grandes entreprises.

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Puis il tarde à réagir quand le retrait d'Afghanistan tourne au chaos. Les Américains assistent sidérés à la chute de Kaboul, Joe Biden est retranché dans la résidence de Camp David.

L'adoption d'un plan d'investissements historiques dans les infrastructures, avec quelques voix républicaines, lui redonne un peu d'air à l'automne.

Il a ouvert les vannes: 1 900 milliards de dollars en début de mandat pour relancer une économie plombée par la pandémie. Puis 1 200 milliards de dépenses dans les infrastructures décaties des Etats-Unis.

Mais Joe Biden n'a pas réussi à faire passer un plan de 1 800 milliards de dollars de dépenses sociales et environnementales, faute de réel contrôle du Sénat.

Une nouvelle diplomatie

"L'Amérique est de retour" sur la scène internationale, répète Joe Biden. C'est vrai, en grande partie: les Etats-Unis sont revenus à la table des grandes discussions sur le climat, sur le commerce ou sur le programme nucléaire iranien.

Le président s'est aussi attaché à réparer les liens avec les alliés traditionnels des Etats-Unis, mis à mal par Donald Trump.

Mais sa gestion du retrait chaotique d'Afghanistan a été critiquée. Et la France a très mal pris de se voir souffler un gigantesque contrat de sous-marins.

Joe Biden, qui veut articuler sa politique étrangère autour de la rivalité avec la Chine, a réussi jusqu'ici à maintenir au moins une ligne de communication ouverte avec le président chinois Xi Jinping.

Mais cette diplomatie "les yeux dans les yeux", qu'il applique aussi avec le Russe Vladimir Poutine, n'a pas suffi par exemple à déjouer les tensions autour de l'Ukraine.