Fil d'Ariane
"Nous demandons aux gens de rester calmes et patients. Nous avons
confiance dans la tenue d'un autre procès avec un autre jury.
Nous sommes calmes, vous devez rester calmes vous aussi", a
demandé Richard Shipley, le beau-père de la victime.
Il y a, en effet, quelques motifs d'inquiétude.
La ville compte 622 000 habitants, dont le quart vit sous le seuil de pauvreté, et les Afro-Américains composent 63 % de sa population. Tout le monde craint l'embrasement.
Le juge William a tenu à préciser : "Les directions d’école ont envoyé des lettres à toutes les adresses de la ville pour informer les citoyens du risque de révolte citoyenne. Il faut désormais se demander si William G. Porter serait en mesure d’avoir un procès juste et équitable ici ". Stephanie Rawlings-Blake, la mairesse de Baltimore, a tenu, de son côté, une conférence de presse où transpirait quelque inquiétude : "En tant que ville unie, nous devons respecter le processus judiciaire […] J’exhorte tout le monde à se rappeler que notre réaction, en tant que collectivité, doit être de respect pour nos quartiers, nos résidants et nos entreprises."
A l'origine de cette tension, une interpellation musclée, celle de Freddie Gray, 25 ans, qui ne s’est pas réveillé d'un coma dans lequel il est plongé après une fracture des vertèbres cervicales. Selon l’avocat de sa famille, William Murphy Jr : "C'est au cours de son arrestation, alors qu'il n'avait commis aucun crime - en tout cas aucun qui justifie une arrestation, à moins qu'être Noir et courir en soit un - que sa colonne vertébrale a été sectionnée à 80%, dans la région du cou".
Pourquoi Freddie Gray a-t-il fait l'objet d'une arrestation ? Pour son regard jugé "fuyant" et parce que les policiers, pendant sa fouille, ont trouvé sur lui un couteau à cran d’arrêt.
La police a été incapable d'expliquer l'origine de ses blessures ni le pourquoi de son arrestation. Les responsables de la police ont cependant reconnu que sa ceinture de sécurité n'était pas bouclée pendant son transport, et que le fourgon a fait trois arrêts inexpliqués sur le chemin du poste de police.
La population proteste avant tout contre l’impunité de la police et son traitement de la communauté noire. Et si Barack Obama a appelé à « un examen de conscience » de tout le pays concernant ces questions hautement sensibles, il y a les chiffres qui attestent de ce grand malaise dans la société américaine : au cours des cinq premiers mois de 2015, la police américaine a tué par balle 385 personnes, soit plus de deux par jour. Sur les 385 cas, trois seulement ont donné lieu à des poursuites contre le policier auteur des tirs.