Etats-Unis/Cuba : le régime communiste résistera-t-il à l'ouverture ?

Après le discours du président américain lors d'une conférence de presse à la maison Blanche vendredi dernier, son homologue cubain, Raul Castro, s'est exprimé à son tour, samedi devant le parlement national, sur le rapprochement historique entre les deux pays. Trois jours plus tôt, les deux chefs d'Etat avaient annoncé leur volonté de normaliser les relations diplomatiques après un demi-siècle de Guerre froide. Mais face au géant américain, que va devenir l'îlot communiste des Caraïbes ? Le régime va-t-il se libéraliser tant sur le plan politique qu'économique ?
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Etats-Unis/Cuba : le régime communiste résistera-t-il à l'ouverture ?
Raoul Castro à la tête de Cuba depuis que son frère Fidel s'est retiré de la présidence en juillet 2006.
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Samedi 21 décembre, dans son traditionnel discours de clôture de la session parlementaire semestrielle, le président Raoul Castro s'est dit prêt à n'écarter aucun sujet dans le cadre du dialogue avec Washington.

"Le peuple cubain salue cette décision juste du président des Etats-Unis Barack Obama. Elle entérine la levée d'un obstacle aux relations entre nos pays" et marque "l'ouverture d'un nouveau chapitre", a clamé Raul Castro devant les 612 députés du Parlement monocaméral. Néanmoins, le chef d'Etat, en poste depuis que son frère aîné Fidel s'est retiré du pouvoir pour des raisons de santé en 2006, a rappelé que Cuba veillerait au respect de son système politique en marge du rapprochement avec les Etats-Unis.

De premiers entretiens officiels sont prévus dès janvier pour poser les jalons d'un rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, qui ont procédé pendant 18 mois à des tractations ultra-secrètes pour concrétiser ce dégel.

"Nous réitérons notre disposition au dialogue" autour "de n'importe quel thème, de tout ce dont on voudra parler au sujet de Cuba, mais aussi des Etats-Unis", a déclaré Raoul Castro tout en réaffirmant sa fermeté sur des sujets relevant selon lui de la souveraineté nationale. "Nous veillerons (...) au respect de notre indépendance nationale et de notre autodétermination."

De son coté le président américain a rappelé qu'il "partageait les préoccupations des opposants et des militants des droits de l'homme sur le fait" que Cuba est toujours dirigé par "un régime répressif". "Cuba va changer, c'est incontournable", mais "je ne prévois pas de changements du jour au lendemain", a expliqué M. Obama vendredi au cours de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année à la Maison Blanche.

"De la même manière que nous n'avons jamais proposé que les Etats-Unis changent leur système politique, nous exigeons le respect envers le nôtre", a répondu samedi le président cubain. "Entre les gouvernements des Etats-Unis et de Cuba, il existe de profondes divergences qui incluent, entre autres, des conceptions différentes sur l'exercice de la souveraineté nationale, la démocratie, les modèles politiques et les relations internationales", a-t-il encore voulu souligner.
                 
"L'essentiel n'est pas réglé"
                 
Comme dans son allocution solennelle de mercredi, Raul Castro a rappelé que "l'essentiel, la fin de l'embargo économique, commercial et financier contre Cuba, restait à régler". Promis par Barack Obama, le débat sur la levée de l'embargo imposé depuis 1962 par le président John Kennedy promet en effet d'être très délicat, le Congrès américain y étant globalement hostile. Et les Républicains, qui contrôleront dès janvier les deux chambres du parlement, ont déjà averti de leur farouche opposition à tout retour en arrière.

Dans l'immédiat, Raul Castro dit compter sur M. Obama pour qu'il "exploite avec détermination ses prérogatives de président afin de modifier substantiellement l'application de l'embargo sur les aspects pour lesquels l'approbation du Congrès n'est pas nécessaire".

Le président cubain a affirmé que l'économie nationale, qui a accusé un ralentissement de sa croissance à 1,3% cette année, restera la priorité des autorités de l'île communiste dans les prochains mois. "Le défi auquel nous faisons face est très grand, il faut hisser l'économie à la hauteur du prestige politique que cette petite île des Caraïbes a gagné grâce à la Révolution" socialiste conduite depuis 1959, a-t-il insisté.

La croissance de l'économie cubaine devrait ralentir à 1,3% en 2014, chiffre nettement inférieur aux prévisions et la plus faible hausse depuis l'arrivée au pouvoir de Raul Castro.
 

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