Samedi 21 décembre, dans son traditionnel discours de clôture de la session parlementaire semestrielle, le président Raoul Castro s'est dit prêt à n'écarter aucun sujet dans le cadre du dialogue avec Washington.
"Le peuple cubain salue cette décision juste du président des Etats-Unis Barack Obama. Elle entérine la levée d'un obstacle aux relations entre nos pays" et marque "l'ouverture d'un nouveau chapitre", a clamé Raul Castro devant les 612 députés du Parlement monocaméral. Néanmoins, le chef d'Etat, en poste depuis que son frère aîné Fidel s'est retiré du pouvoir pour des raisons de santé en 2006, a rappelé que Cuba veillerait au respect de son système politique en marge du rapprochement avec les Etats-Unis.
De premiers entretiens officiels sont prévus dès janvier pour poser les jalons d'un rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, qui ont procédé pendant 18 mois à des tractations ultra-secrètes pour concrétiser ce dégel.
"Nous réitérons notre disposition au dialogue" autour "de n'importe quel thème, de tout ce dont on voudra parler au sujet de Cuba, mais aussi des Etats-Unis", a déclaré Raoul Castro tout en réaffirmant sa fermeté sur des sujets relevant selon lui de la souveraineté nationale. "Nous veillerons (...) au respect de notre indépendance nationale et de notre autodétermination."
De son coté le président américain a rappelé qu'il "partageait les préoccupations des opposants et des militants des droits de l'homme sur le fait" que Cuba est toujours dirigé par "un régime répressif". "Cuba va changer, c'est incontournable", mais "je ne prévois pas de changements du jour au lendemain", a expliqué M. Obama vendredi au cours de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année à la Maison Blanche.
"De la même manière que nous n'avons jamais proposé que les Etats-Unis changent leur système politique, nous exigeons le respect envers le nôtre", a répondu samedi le président cubain. "Entre les gouvernements des Etats-Unis et de Cuba, il existe de profondes divergences qui incluent, entre autres, des conceptions différentes sur l'exercice de la souveraineté nationale, la démocratie, les modèles politiques et les relations internationales", a-t-il encore voulu souligner.
"L'essentiel n'est pas réglé"
Comme dans son allocution solennelle de mercredi, Raul Castro a rappelé que "l'essentiel, la fin de l'embargo économique, commercial et financier contre Cuba, restait à régler". Promis par Barack Obama, le débat sur la levée de l'embargo imposé depuis 1962 par le président John Kennedy promet en effet d'être très délicat, le Congrès américain y étant globalement hostile. Et les Républicains, qui contrôleront dès janvier les deux chambres du parlement, ont déjà averti de leur farouche opposition à tout retour en arrière.
Dans l'immédiat, Raul Castro dit compter sur M. Obama pour qu'il "exploite avec détermination ses prérogatives de président afin de modifier substantiellement l'application de l'embargo sur les aspects pour lesquels l'approbation du Congrès n'est pas nécessaire".
Le président cubain a affirmé que l'économie nationale, qui a accusé un ralentissement de sa croissance à 1,3% cette année, restera la priorité des autorités de l'île communiste dans les prochains mois. "Le défi auquel nous faisons face est très grand, il faut hisser l'économie à la hauteur du prestige politique que cette petite île des Caraïbes a gagné grâce à la Révolution" socialiste conduite depuis 1959, a-t-il insisté.
La croissance de l'économie cubaine devrait ralentir à 1,3% en 2014, chiffre nettement inférieur aux prévisions et la plus faible hausse depuis l'arrivée au pouvoir de Raul Castro.
Rapprochement historique : quel scénario ?
20.12.201464' Le monde en français
Débat avec Renée Frégosi de l'Institut à Paris des Hautes Etudes de l'Amérique latine et Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et auteur Cinq Cubains à Miami.
Le regard de l'artiste Eduardo Manet, un Cubain de l'exil
19.12.201464', Le monde en français
Né à Santiago de Cuba en 1930, Eduardo Manet a étudié à l'université de La Havane de 1946 à 1951 où il fréquentait l'avant-garde de la scène politique et culturelle cubaine avant de s'exiler à Paris. Auteur de romans, pièces de théâtre et de scenari, il est rentré pour la première fois dans son pays natal au printemps dernier après 46 ans d'absence. Il analyse pour TV5MON le rapprochement historique entre Cuba et les Etats-Unis