Fil d'Ariane
Parmi ces présupposés à "déconstruire", Jacques Toubon cite la crainte de l'"appel d'air", ou celle d'une remise en cause de "l'identité française": l'immigration est un fait "consubstantiel à la construction de la France" et "aucune période de l'histoire de l'immigration, aussi intense soit-elle, n'a modifié le socle des valeurs républicaines communes".
Une première partie consacrée à l'entrée des étrangers fait état d'"atteintes au droit dans la délivrance des visas", notamment pour les parents de Français sur le motif du "risque migratoire".
Le Défenseur déplore que "la France tend(e) à réduire les voies d'immigration légales, alors même que la situation en Syrie accroit la pression migratoire".
Réitérant des réticences déjà exprimées sur l'accord UE-Turquie visant à dissuader les migrants et à faire face à la crise des réfugiés, il note qu'en France, l'"objectif de +sécurisation+ des frontières" n'est "en rien dissuasif, les exilés ayant derrière eux un parcours migratoire déjà semé d'obstacles et de prises de risques".
Pour ceux qui atteignent le territoire français, le rapport pointe "des entraves au droit de demander l'asile à la frontière" et "le maintien en zone d'attente, source de privation des droits".
En préfecture où ils entament leurs démarches, les migrants risquent de longues heures d'attente, qui portent "atteinte à la dignité humaine", et des refoulements, "entrave au droit des étrangers à voir examinée leur demande". Les délais de traitement "excessifs" des dossiers "ainsi que d'importantes lacunes dans l'information" donnée sont aussi dénoncés.
Le Défenseur s'inquiète aussi de la "précarité du droit au séjour" pour les victimes de violences conjugales notamment, et des "discriminations" dont souffrent les conjoints de Français par rapport aux Européens. Il pointe le cas particulier des étrangers malades, alors que "les obstacles à l'admission au séjour pour soins sont de plus en plus fréquents".
En matière d'éloignement, il dénonce des mesures "exécutées au mépris de certains droits fondamentaux" comme celui de porter plainte.
La deuxième partie du rapport, consacrée aux étrangers déjà en France, parle d'"une égalité de traitement avec les nationaux mise à rude épreuve".
"Entraves à l'accès au droit" en matière de prestations familiales, "discriminations" pour certains minimas sociaux... Le Défenseur s'inquiète aussi de "restrictions d'accès à l'emploi", notamment pour les métiers en tension qui font l'objet d'une autorisation, ou pour les demandeurs d'asile.
Il souligne combien les contrôles d'identité servent souvent "à cibler des étrangers" dans une logique de contrôle migratoire.
Jacques Toubon revient longuement sur le sort des mineurs non accompagnés, l'un de ses sujets d'inquiétude récurrents. Accès aux droits et à la justice "défaillant", conditions de prises en charge "inquiétantes", absence de procédure spécifique pour la demande d'asile... Pendant l'évaluation de leur situation, "ces enfants devraient être protégés de manière inconditionnelle, ce qui n'est pas toujours le cas".