#EtudierEstImpérieux : ces étudiants et chercheurs étrangers empêchés de venir en France à cause de la pandémie

Ils ne peuvent pas étudier ou poursuivre leurs recherches dans l’Hexagone car les autorités françaises ont classé leurs pays sur la liste rouge. Au Brésil, en République démocratique du Congo ou encore en Russie, près de 900 personnes se mobilisent autour du hashtag #étudierestimpérieux.

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L'université de la Sorbonne à Paris, France, le jeudi 17 septembre 2020.
AP Photo/Francois Mori
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La situation est stressante. De nombreux étudiants, chercheurs ou futurs travailleurs expatriés se voient refuser l’entrée sur le territoire français car leurs pays sont considérés en zone rouge par les autorités françaises en raison de la pandémie de Covid-19. La Tunisie, la République démocratique du Congo, la Colombie ou encore la Russie sont inscrits au 27 juillet 2021 sur cette liste rouge.

Il s’agit de territoires où "une circulation active du virus est observée ». La France attribue donc de façon limitée des visas aux ressortissants de ces pays. Les Brésiliens confrontés à cette situation sont à l’origine du hashtag #étudierestimpérieux : « Notre mouvement créé il y a 2 mois regroupe aujourd’hui plus de 900 personnes. Il est composé d’étudiants, de chercheurs et de travailleurs. Nous avons lancé #étudierestimpérieux parce que nous sommes bloqués. Nous n’avons pas d’information des autorités françaises sur la manière dont seront traitées nos demandes", explique Augusto Dias, l’un des administrateurs de la page Brésil.

Augusto Dias, fraîchement diplômé en ingénierie, devait revenir en France en mai dernier. Le jeune homme a décroché son premier emploi dans une entreprise à Nîmes.

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« Nous sommes inquiets »

 « Nous sommes dans le flou depuis plusieurs semaines. Il est difficile de savoir dans quelles conditions nous pourrons venir en France, poursuivre nos cursus ou commencer à travailler. Par exemple, au Brésil les consulats français ont commencé à délivrer de nouveaux passeports aux étudiants et aux chercheurs mais c’est au compte-goutte. Pour les visas Talents, il n’y a pas de nouvelle.» souligne Augusto Dias. (ndlr: ces visas sont attribués par la France à des travailleurs qualifiés.)

Le mouvement #étudierestimpérieux est présent dans la quasi-totalité des pays inscrits sur la liste rouge. Les personnes touchées par les restrictions sanitaires s’organisent pour centraliser les informations. « Nous avons constaté qu’il existe des disparités dans l’attribution des visas. Par exemple, au Brésil leur attribution reprend, de façon limitée, alors qu'au Chili, aucun visa n’est délivré pour le moment. Nous n’avons aucune explication sur ces différences de traitement » précise Augusto Dias. 

Au printemps, la France a retiré de la liste des déplacements dits « impérieux » les arrivées dans l’Hexagone pour les chercheurs et les étudiants. Parmis les motifs impérieux pour le déplacement d'un voyageur en provenance d'un pays en zone rouge, il y a le fait d'être un ressortissant français ou de l'Union européenne résidant en France, un ressortisant d'un "pays tiers ayant un visa long séjour pour regoupement familial" ou encore les travailleurs du secteur des transports terreste, maritime ou aérien.

Une décision lourde de conséquences. « Nous sommes inquiets car la rentrée approche, certains sont déjà attendus en laboratoire de recherches et aucune solution ne nous est proposée. Il faut savoir que pour beaucoup, venir en France est un projet qui s’est construit sur des mois, voire des années. Si la situation s’éternise nous craignons que certains étudiants perdent leurs bourses » explique Augusto Dias.

L’inquiétude est partagée de Moscou à Tunis, en passant par Kinshasa. Sur Twitter des personnes réagissent autour du hashtag #étudierestimpérieux. 

En République démocratique du Congo, les étudiants sélectionnés pour Campus France sont aussi dans l’attente. Jonathan, Gloria, Yan, Octave et Jean se sont réunis au centre culturel français de Kinshasa pour évoquer la situation. « Pour nous, c’est difficile. Nous avons redoublé d'efforts pour être sélectionnés et effectuer une partie de notre cursus en France. Le niveau est exigeant et nous a demandé un investissement total. Aujourd’hui, être toujours dans l’attente de savoir si l’on pourra partir, c'est compliqué à vivre. Personnellement, cela m’empêche de dormir » confie Gloria Masasa, admise en master 2 à l'Institut des sciences et pratique de formation à l'Université Lyon II.
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« Nous sommes prêts à répondre aux exigences sanitaires »

Dans les messages partagés sur les réseaux sociaux, les interrogations autour des conditions d’accès aux vaccins sont récurrentes. « En RDC, nous avons reçu peu de vaccins et la campagne s’adresse dans un premier temps aux plus âgés donc en tant que jeunes nous en sommes exclus. En revanche, nous souhaitons nous faire vacciner. Nous sommes prêts à répondre aux exigences sanitaires de la France mais pour nous ces vaccins peuvent se faire en France » indique Yan Ciyamba, admis en master 2 administration générale et territoriale à l'Université de Bretagne.

La question des vaccins reconnus par la France est également en discussion dans les groupes du mouvement #étudierestimpérieux. « Au Brésil, nous utilisons le Sinovac. Ce vaccin chinois est reconnu par l’OMS mais pas par la France. Quels vaccins faire ? Quelles sont les demandes de la France à notre égard ? Nous voulons nous conformer aux obligations sanitaires » ajoute Augusto Dias.  

A Paris, des sénateurs se sont emparés de la question. Un amendement rejeté ce samedi 24 juillet 2021, sur la gestion de la crise sanitaire devait permettre aux étudiants de poursuivre leur scolarité en France. "L’impossibilité absolue qui les frappe d’obtenir un visa de long séjour apparait comme disproportionnée [...] Les intéressés pourraient tout à fait être autorisés à déposer une telle demande de visa de long séjour, et après instruction, en cas de délivrance, être soumis à une quarantaine ou un isolement." précise l'amendement 173. Pour tous, l’attente se prolonge. Les membres du mouvement #étudierestimpérieux en appellent aux autorités pour qu’une solution soit trouvée avant la rentrée.