#ÉtudierEstImpérieux: "On ne peut pas laisser les étudiants et chercheurs dans l’angoisse" H. Conway-Mouret, sénatrice

Des étudiants et des chercheurs étrangers, ressortissants des pays situés en zone rouge ne peuvent pas venir en France. En pleine pandémie de covid-19, leur déplacement ne sont plus considérés comme "impérieux" par Paris. Des élus apportent leur soutien aux étudiants. Rencontre avec Hélène Conway-Mouret, sénatrice.
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Des étudiants se rassemblent à l'université Tolbiac Panthéon Sorbonne à Paris, le jeudi 17 septembre 2020.
AP Photo/Francois Mori
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Hélène Conway-Mouret est sénatrice socialiste des Français de l'étranger. L'ex-ministre déléguée, milite pour le retour des visas étudiants parmi la liste des déplacements impérieux .
 
  • TV5Monde : Quelles actions menez-vous en faveur des étudiants et chercheurs étrangers ?

Hélène Conway-Mouret : Dans le cadre du projet de loi déposé par le gouvernement est qui est passé au Sénat la semaine dernière, nous avons présenté un amendement au projet de loi sur la gestion de la crise sanitaire (ndlr : rejeté par l'hémicycle). Il y avait un certain consensus pour soutenir ces étudiants et ces chercheurs en leur permettant de pouvoir poursuivre leurs cursus en France. 

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Hélène Conway-Mouret, sénatrice socialiste des Français de l'étranger
DR©

En plus de cet amendement, j’ai envoyé un certain nombre de courriers aux différents ministres concernés notamment celui de l’Europe et des affaires étrangères, le ministre de l’Intérieur et jusqu’à ce matin, la ministre de l’enseignement supérieur car il s'agit d’une décision interministérielle.

En ce moment, avec la pandémie pour pouvoir venir en France le motif “impérieux” a été mis en place, une liste de déplacements sont autorisés mais venir étudier en France n’en fait malheureusement plus partie.

 
  • Des étudiants n’ont pas accès aux vaccins, d’autres ont eu accès à des doses de vaccins reconnus par l’OMS mais pas par la France. Quel protocole pourrait être proposé aux étudiants ? 

H. C-M : Il y a tout un protocole sanitaire existant et qui a été mis en place dans d’autres pays, une personne qui arrive en France, et notamment d’une zone rouge est tenu de s’isoler pendant 10 jours. Beaucoup de messages que je reçois, témoignent de l’angoisse dans laquelle sont plongés les étudiants et chercheurs.

Ces personnes ont fait d'énormes sacrifices, parfois sur des années, afin de poursuivre leurs études en France. Aujourd’hui, les inscriptions sont en général closes dans leur pays d’origine. Ils se demandent ce qu’ils pourront faire à la rentrée. Une entrée universitaire se prépare, tous ont besoin d’identifier un logement, nous avons donc besoin de leur donner de la visibilité. On ne peut pas les laisser dans l’angoisse.

L’isolement puis la vaccination en France, permettra aux étudiants d'être prêts pour la rentrée du mois de septembre. Il faut noter que, plus le temps passe, plus cette période d’isolement sera difficile à tenir pour eux en terme de délai. Par exemple, certains étudiants avec qui j’ai échangé ont leur rentrée le 31 août, cela va arriver très vite.

Par ailleurs, des chercheurs qui ont obtenu des postes sont bloqués. Ils ne peuvent pas venir car les consulats aujourd’hui ne sont pas en mesure de leur délivrer des visas. Ils se disent qu’ils peuvent perdre leurs places. Tant que ces déplacements ne feront pas partie des motifs impérieux, certains consulats ne délivrons pas de visa. J'y crois, nous pouvons mettre en place un protocole strict pour leur donner la possibilité de venir. 

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  • Il reste peu de temps avant la rentrée, quel regard portez-vous sur cette situation ?
H. C-M : J’ai une colère grandissante. J’ai été pendant 15 ans à la tête d’un département des langues à l’université de Dublin. J’avais à peu près 300 étudiants étrangers qui venaient chaque année dans mon département et autant d’Irlandais qui allaient à l’étranger; et je me dis que c’est une chance pour la France d’avoir cette population étrangère qui vient apporter des savoirs-faire et des connaissances différentes. Cela apporte beaucoup aussi à nos étudiants français lorsqu’ils sont là.

Aujourd’hui, j’ai l’impression, et cela devient une conviction que derrière le motif sanitaire qui est avancé, il y a une vraie volonté de réduire l’immigration légale des étudiants étrangers. Nous l’avons vu en 2011. Je l’ai vécu en 2012, puisque je participais au premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault*, à ce moment-là, cela faisait déjà un an qu’il y avait une grande polémique sur la circulaire Guéant qui voulait limiter le nombre d’étudiants étrangers venant en France. (*ndlr: Hélène Conway-Mouret a été ministre déléguée chargée des Français de l'étranger entre 2012 et 2014).

Sans que cela soit dit ouvertement, je constate que tous les pays en zone rouge permettent de faire en sorte que ces personnes ne viennent pas. Les vacances aussi vont avoir une incidence pour laisser traîner les choses.

C’est une façon de faire en sorte que parmi les 8000 étudiants qui doivent venir en France, certains renoncent. Je pense que l’on commet une grave erreur. Je compte continuer à faire pression car le ministère de l’Intérieur est dans une logique de baisse de l’immigration, et pour moi on ne peut pas se passer de celle-ci.