En confirmant son feu vert pour la poursuite du programme Ariane 6, l'Europe spatiale marque un point dans un ciel très convoité par les nouveaux opérateurs privés.
Le ciel réussit mieux à l'Europe que la terre. Le Conseil de l'Agence spatiale européenne a donné mardi son feu vert à la poursuite du développement du futur lanceur européen dont le premier vol est attendu en 2020 : Ariane 6.
Sa décision n'est pas une surprise. L'Europe a décidé en décembre 2014 de se doter de ce nouveau lanceur, beaucoup moins cher que l'actuelle Ariane 5, pour tenter de résister à la concurrence internationale féroce dans le domaine des satellites. L'objectif est de réduire les coûts de 50%. Lors de cette réunion ministérielle de l'ESA (Agence spatiale européenne) qui s'était tenue à Luxembourg, les 22 membres de l'organisation avaient convenu de faire un point d'étape en septembre 2016 pour vérifier que le programme était bien dans les clous.
Le verdict positif rendu cette semaine n'en constitue pas moins une étape «
importante ». Le «
signal est clair ». La décision a été prise «
à l'unanimité », a souligné Gaele Winters, directeur de l'ESA. «
Ariane 6 devient de plus en plus une réalité ».
Le maître d'oeuvre d'Ariane 6 est la coentreprise Airbus Safran Launchers. L'ESA et ASL ont signé en août 2015 un contrat de 2,4 milliards d'euros pour le développement de la fusée. Il prévoit un engagement ferme d’environ 680 millions d’euros pour mener les premières actions. «
Ce sont des chiffres importants. C'est logique que les pays participants posent des questions », a souligné M. Winters. «
Nous devons fournir beaucoup de réponses et d'éléments pour montrer que nous sommes sur la bonne voie ». «
Ils en ont convenu. C'est la bonne nouvelle », a ajouté M. Winters, qui effectuait son dernier jour comme directeur des lanceurs.
Le premier vol d'Ariane 6 est prévu en 2020. La pleine capacité opérationnelle devrait être atteinte en 2023. «
Le calendrier reste le même », a dit M. Winters.
Pay Pal, Amazon, Virgin : la guerre des low cost
Ariane 6 sera déclinée en deux versions et permettra des lancements entre 70 et 90 millions d'euros. Un montant assez proche de ceux promis par son nouveau concurrent Space X, du milliardaire américain fondateur de Pay Pal Elon Musk. Grâce à une production « low cost » unifiée sur un seul site et aux commandes considérables de la NASA, ce dernier a partiellement réussi son irruption sur le marché mondial des lanceurs en proposant des coûts réduits de plus de 30 %.
Son programme a cependant connu un grave échec – le second en 9 mois - le 1er septembre dernier, sa fusée Falcon explosant sur son pas de tir.
Un autre acteur du secteur aérospatial, la société Blue Origin du fondateur d'Amazon - l'espace inspire les milliardaires américains – a dévoilé lundi sa nouvelle ambition : la construction d'une fusée de grande puissance, quasiment aussi haute que la Saturn V du programme Apollo de conquête de la lune.
Mais pour l'heure, Blue Origin doit se contenter d'un lanceur de vingt mètres de haut pour des vols sub-orbitaux de moins de 100 km d'altitude. Se voulant à la conquête du tourisme spatial, il s'y trouve en concurrence avec Virgin Galactic, du milliardaire britannique Richard Branson, qui a également essuyé un accident mortel il y a juste deux ans.
S'il doivent tenir compte de leurs concurrents, les opérateurs traditionnels européens et russes tiennent encore bien le ciel.