Deux parlementaires européens écologistes, le Français José Bové et le Belge Bart Staes multiplient les interventions critiques sur cette affaire. Pourquoi ces deux hommes se sont-ils lancés dans ce combat ?
Je crois qu’ils ont immédiatement perçu qu’il y avait anguille sous roche.
Quand l’affaire a éclaté, personne n’avait jamais entendu parler de rien, puis il y eu ce traitement expéditif, un rapport de l’Olaf tenu secret, les dénégations de Dalli.
Je crois que les deux hommes connaissent aussi très bien les méthodes de l’industrie du tabac
Les Parlementaires européens - s’ils veulent montrer qu’ils servent à quelque chose - ont le pouvoir de constituer une commission d’enquête pour étudier ce qui s’est passé.
Le problème, c’est que les deux grands groupes du Parlement, les socialistes et les conservateurs ont déjà refusé cela. On est juste avant les élections européennes de mai 2014 et ils n’ont pas envie de faire des vagues.
Sans préjuger du fond de l’affaire, la façon dont l’enquête a été menée, la façon dont les droits fondamentaux de John Dalli n’ont pas été respectés pose question. Si c’est ça l’idéal de démocratie et de justice de la Commission européenne, je comprends qu’un certain nombre de souverainistes s’en inquiètent.
Comment voyez vous évoluer l’affaire depuis votre observatoire bruxellois ?
Hélas, l’intérêt de tous les grands partis politiques, c’est d’étouffer au plus vite cette affaire. On est à quelques mois des élections et le sentiment eurosceptique monte en Europe, à cause de la crise et des mesures de rigueur. Si vous ajoutez à cela une affaire de corruption ou de violation de l’Etat de Droit par la Commission Européenne, ce serait très mal venu.
Donc je pense que José Manuel Barroso échappera à toute investigation. Tout va être reporté à plus tard et quelles que soient les découvertes ultérieures, le Président de la Commission actuel, Barroso donc, sera alors parti vers de nouvelles aventures.