Fil d'Ariane
De la ville de Raqqa, il ne reste aujourd'hui presque plus rien. Dans le fief du groupe terroriste Etat islamique, des milliers d'armes, de munitions et d'explosifs ont été utlisés, en Syrie mais aussi en Irak.
Comment le groupe terroriste a-t-il pu se fournir en armes et fabriquer son propre arsenal ? C'est ce que cherche à comprendre Damien Spleeters, responsable des opérations en Irak et en Syrie pour le Conflict armament research. Il est Belge et se rend sur les zones de guerre avec un objectif : faire parler les armes.
On envoie des enquêteurs sur le terrain pour retrouver les armes utilisées par des groupes terroristes, des groupes d'insurgés, pour comprendre d'où les armes viennent, et où elles ont été détournées.
Damien Spleeters.
Il vient d'ailleurs de rentrer d'Irak avec des photos et des vidéos à l'appui. Dès qu'il revient d'une zone de guerre, Damien Spleeters se rend à Londres, dans les bureaux de l'organisation qui l'emploie. "J'ai trouvé ça en Irak et je pense que cela vient de Russie, avec le code 254 ... ", explique-t-il.
Une demande de traçage est donc faite. C'est en fait tout un travail d'enquête avec les fabricants et les Etats concernés. "Cet objet a été récupéré à l’organisation terroriste Etat islamique, explique Meredith Horne, responsable des opérations de traçage des armes. On l'a tracé. Il a été fabriqué en Europe fin 2015 et légalement exporté vers l’Amérique du Nord. Mais on a pu prouver que cette arme avait été détournée en deux mois seulement ... entre le moment de fabrication et celui de son détournement. "
L'organisation analyse aussi les importations de matières premières qui servent à la confection d'explosifs comme le Sorbitol retrouvé sur place. "Le Sorbitol qui est une sorte de faux sucre, que l'on utilise pour faire des gâteaux, on a vu qu'il y avait des ventes en 2015, 3 à 4 fois plus importantes que la consommation en Syrie.", observe Damien Spleeters, responsable des opérations en Irak et en Syrie au Conflict armament research.
L'organisation est financée par l'Union Européenne et alerte les Etats mais sans moyen d'action direct.
"Notre mission, c'est d'informer tout le monde, explique Marcus Wilson, directeur général de Conflict armament research. Il faut absolument que ceux qui font les lois puissent prendre les bonnes décisions pour qu'elles aient un impact positif."
Depuis 2014, 40 000 pièces ont été analysées rien qu'en Irak et en Syrie. Quatre seulement étaient belges. Elles provenaient de la FN à Herstal, la fabrique nationale d'armes belge.