Fil d'Ariane
Les épreuves du baccalauréat débutent ce mercredi 17 juin en France. Certains candidats aux examens ne reculent devant rien pour élaborer de nouvelles méthodes de triche. Montres connectées, oreillettes, lunettes-espion, micros, parents complices...Petit tour d'horizon de la fraude, devenue un vrai business.
Tricher à un examen pour grignoter quelques points supplémentaires, l'affaire n'est pas nouvelle. La méthode a toujours eu ses adeptes. Nos parents gribouillaient une formule mathématique sur le bois d'une règle, la semelle d'une chaussure ou le velours d'une peau. Des antisèches toujours d'actualité, mais qui paraissent bien ringardes aujourd'hui.
C'est que la technologie 2.0 est passée par là. L'encre sympathique a fait place à un business... qui n'a rien d'aimable. Pour acquérir l'équipement du parfait petit fraudeur, comptez quelques dizaines d'euros :
Les autorités chinoises ont publié, l'année dernière, divers clichés pris dans un centre d'examen :
Oreillettes couleur chair, émetteurs-récepteurs... Pour éviter ce type de fraudes, les centres d'examen, notamment dans le nord-est de la Chine, sont munis de détecteurs de métaux. Ultime parade ?
En Chine, le taux de réussite au Gaokao, l'équivalent du baccalauréat français, ne dépasse pas les 60%. Et tous les moyens sont bons pour réussir. Sans le précieux sésame, impossible de rentrer à l'université et, une fois le diplôme en poche, la note obtenue déterminera votre établissement d'accueil pour vos études supérieures.
Pendant deux jours, début juin, le pays retient son souffle. Plus de neuf millions de candidats se présentent. Pression énorme. Les crises d'hystérie se multiplient. Pas question pour ces enfants uniques de "déshonorer" les parents. Quelques élèves craquent et se suicident.
La cybertriche est devenue affaire d'Etat. Pour enrayer le phénomène, le candidat passe au détecteur de métaux, comme dans les aéroports, avant de pénétrer dans la salle d'examen, où les autorités ont installé des brouilleurs afin de rendre impossible toute communication entre fraudeurs.
Les centres d'examen de la province du Jilin, dans le nord-est de la Chine, sont équipés de détecteurs de métaux. Les candidates sont invitées à se débarrasser de leur soutien-gorge à baleines métalliques avant de rentrer en salle d'examen.
En France, les tentatives de tricherie lors des épreuves du baccalauréat en 2014 étaient en augmentation de 9,8% (515) par rapport à 2013 (469). Selon des chiffres du ministère de l'Education nationale, 515 dossiers de tentatives de fraude ont été présentés en 2014 aux commissions, contre 469, l'année précédente (+9,8%).
Plagiat, téléphone portable, lecteur mp3, antisèche et communication entre candidats constituent le gros des dossiers. Contrairement à la Chine, les brouilleurs de portables en France ne sont pas autorisés en salle d'examen. Problème de sécurité.
Le fraudeur risque-t-il la prison ? Sur le site du ministère de l'Education, le chargé de communication répond : "Cela dépend de la gravité de la fraude. Il existe deux types de sanctions : des sanctions administratives, qui vont du blâme à l’interdiction de s’inscrire dans l’enseignement supérieur pour une durée maximale de 5 ans, et/ou des sanctions pénales, qui prévoient "un emprisonnement de trois ans et une amende de 9 000 euros ou l'une de ces peines seulement". Ces sanctions pénales ne concernent que les cas de fraude les plus graves, tels que la divulgation de sujet et la substitution".
Sur le net, les vidéos abondent pour instruire les candidats à la triche. En voici une, en passe de flirter avec les deux millions de vues. Le petit film explique une bidouille électronique avec une simple trousse :
A partir de la session 2018, l’Education nationale a décidé d’interdire les calculatrices programmables sans "mode examen". Il était temps. La précédente circulaire, qui autorise l’utilisation des calculatrices pendant les examens et qui n’interdit pas de rentrer certaines données, datait de 1999. Autant dire la Préhistoire.
Les épreuves terminales écrites se dérouleront pour la métropole, La Réunion et Mayotte :
Parfois, la discrétion n'est même pas de mise et les proches sont dans le coup. L'image ci-dessous s'est propagée de manière foudroyante sur les réseaux sociaux. On y voit en Inde, dans l'État du Bihar, ce 20 mars, amis, parents et enseignants escalader les murs d'un centre d'examen scolaire. Il ne s'agit pas d'un casting pour un nouvel opus de Spiderman. Ces grimpeurs amateurs soufflent les bonnes réponses et font passer des antisèches aux candidats. Le personnel scolaire et les policiers, la plupart corrompus, observent sans réagir.
La fraude est un phénomène qui touche tous les établissements, y compris les plus fameux. En 2003, la prestigieuse université d'Harvard, près de Boston, connaît un scandale sans précédent. 125 étudiants sont accusés de s'être aidés mutuellement en communiquant ou en copiant les uns sur les autres lors d'un examen. Plus de la moitié sera exclu de l'établissement.
Le plagiat ! C'est la bête noire des correcteurs. Beaucoup d'étudiants ne puisent pas que dans leur mémoire pour bâtir leurs travaux. Ils "empruntent" ou pillent carrément les recherches des autres. Heureusement, Turnitin est arrivé. Ce logiciel anti-plagiat est un outil qui, selon le site, "compare la copie de l'étudiant directement avec la base de données de textes la plus précise au monde."
Concrètement, le logiciel permet de scanner le travail présenté et, quelques minutes plus tard, le logiciel affiche en pourcentage la quantité de la copie similaire à la base de données : "Les enseignants constatent, en un clin d'oeil, la part du travail emprunté".
La base de données Turnitin est un monstre glouton qui s'enrichit, chaque jour, des millions de devoirs qui lui sont envoyés. Aujourd'hui, cette société californienne affirme que sa base de données comprend "45 milliards de pages Internet actives et archivées, 337 millions de travaux d'étudiants et 130 millions d'articles de livres et de journaux." Imparable.
En comparaison, les antisèches de nos parents avaient quelque chose de romantique.