Fil d'Ariane
José Murillo a été victime d'abus sexuels du prêtre Karadima quand il était adolescent, dans une église d'un quartier huppé de la capitale chilienne Santiago. Avec deux autres personnes, il porte plainte. En 2011 les faits sont prescrits, le prêtre échappe ainsi à la prison au Chili, mais pas à la décision du Vatican qui le reconnaît coupable d'abus sexuels. Dès lors, il ne peut plus exercer ses fonctions ecclésiastiques.
José Murillo et les autres victimes de prêtres pédophiles n'en restent pas là. Ils pointent du doigt la responsabilité de plusieurs prélats qui ont couvert Karadima, et empêché la justice d'enquêter.
Lors de la nomination du prêtre Juan Barros en 2015 comme évêque d'Osorno dans le Sud du Chili, la contestation fait rage dans tout le pays. Des milliers de personnes manifestent et accusent Barros d'avoir toujours su et tu les agissements du prêtre Karadima. Qu'importe, le pape confirme sa nomination.
En janvier dernier lors de sa venue au Chili, c'est avec des banderoles "Francisco, nous avons des preuves d'actes de pédophilie" que le souverain pontife est reçu. Francisco pose avec Juan Barros devant les caméras, et affirme que les détracteurs de cet évêque sont des "imbéciles" et des "gauchistes".
Depuis le fiasco médiatique de ce voyage au Chili, on assiste à un revirement inattendu de la part du Saint-Siège. En février, le pape argentin envoie un enquêteur dans le pays andin. En avril, après lecture des 2300 pages du rapport, le pape fait part de sa "honte" et de sa "douleur" dans une lettre adressée aux évêques chiliens.
Entre les 27 et 29 avril, il reçoit les trois victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima qui ont porté plainte, dont José Murillo.
Du 15 au 17 mai, le pape argentin reçoit tous les évêques du Chili, ce qui aboutit à la démission de l'ensemble de l'épiscopat du pays . Du jamais vu. "Nous voulons demander pardon pour la douleur causée aux victimes, au pape, au peuple de Dieu et à notre pays pour les graves erreurs et omissions que nous avons commises", ont déclaré les évêques.
Dans une lettre théoriquement confidentielle de dix pages adressée aux évêques, le pape évoque des "crimes" et "le douloureux et honteux constat d'abus sexuels sur mineurs, d'abus de pouvoir et de conscience d'une partie du clergé de l'Eglise" catholique.
80 membres du clergé chilien sont accusés d'abus sexuels. Un peu plus de la moitié, 45 prêtres, ont été condamnés.
En 2015, Pablo Larraín reçoit un Ours d'Argent au Festival de Berlin pour ce film polémique. El Club révèle le système d'impunité créé par l'Église catholique pour couvrir les prêtres ayant commis des crimes.