De grandes bâches bleues recouvrent le mausolée où repose la sépulture d'Arafat au cœur de la Mouqataa, siège de l'autorité palestinienne à Ramallah. Depuis plus de deux semaines, les travaux ont commencé pour retirer du ciment et de la pierre et permettre aux enquêteurs d'atteindre la dépouille de l'ancien dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Sur place, les Palestiniens sont partagés. "On va commettre un crime grave, on va souiller une légende" déplore ainsi Nabil, un commerçant prospère dont le journaliste Frédéric Helbert, en
reportage sur place, a recueilli le témoignage. L'exhumation, dans la religion musulmane, est une profanation très grave, que seule la recherche de la vérité peut justifier, "parce qu'il faut qu'on sache" affirme un client de Nabil. "Les experts feront les prélèvements et tout sera fait dans la même journée, en quelques heures" a annoncé le président de la commission d'enquête palestinienne à Ramallah Taoufiq Tiraoui pour calmer les esprits, minimiser la portée symbolique de l'exhumation. "Le 27 novembre sera un des jours les plus douloureux de ma vie, pour des raisons personnelles, patriotiques, politiques et religieuses. Mais c'est une nécessité douloureuse pour parvenir à la vérité sur les raisons de la mort de Yasser Arafat" a ajouté Taoufiq Tiraoui, exprimant le paradoxe ressenti par beaucoup de Palestiniens. D'autres cependant sont convaincus que la "profanation" n'était pas nécessaire. C'est le cas du neveu du défunt, Nasser al-Qidwa, qui préside la fondation Yasser Arafat. "Il ne sortira rien de bon de tout ça, cela ne fera aucun bien aux Palestiniens", a-t-il déclaré à l'AFP, affirmant qu'il n'y avait "pas besoin de nouvelle preuve de l'empoisonnement" du dirigeant historique palestinien mais jugeant nécessaire "de poursuivre les assassins et leurs complices". Aucun doute sur leur identité pour Nasser al-Qidwa qui répète depuis des années sa "conviction de la responsabilité d'Israël dans l'empoisonnement de Yasser Arafat". Des accusation qui trouvent un large échos dans l'opinion publique palestinienne. Dans un sondage réalisé en novembre 2004, plus de 80% des Palestiniens jugeaient fondées les rumeurs d'empoisonnement par Israël et 93% souhaitaient la divulgation du dossier médical, finalement publié le 12 juillet 2012, mais qui n'élucide pas les causes de la mort.