Clientèle, personnel, pouvoirs publics : les lésés du "système R"Ce sondage n'est pas le premier document à pointer du doigt les défaillances du système Ryanair. Paru en mai dernier, "
Ryanair, low cost, mais à quel prix ?", écrit - selon l'éditeur - par un pilote de la compagnie sous le pseudonyme Christian Fletcher, énumère de l'intérieur les piliers de la méthode Ryanair. "
Ultra-libérale", réduisant les coûts "
à tout prix", ne respectant aucune loi et surfant sur la crise de tout un secteur, Ryanair est, dans ce livre, une compagnie qui trompe tout le monde. Réponse de la communication de Ryanair : "
Les allégations publiées anonymement dans ce livre sont fausses. Ryanair a entamé une procédure pénale contre l'éditeur devant les tribunaux de Bruxelles et contre l'auteur anonyme devant les tribunaux de Paris."
(Mise à jour 01/10/2013 9h46 : Selon l'éditeur de Christian Fletcher, "le livre est sorti en mai et pour le moment, nous n'avons reçu aucune nouvelle de plainte.")
Au premier rang des "trompés" : la clientèle. Avec un tarif final pouvant s'élever à 4 fois le montant du prix annoncé, un billet Ryanair ne comprend pas l'enregistrement de bagage en soute, d'assurance voyage, de réservation de siège numéroté, de confirmation par SMS, etc. Pour tout cela, il faut payer. Même quand le client oublie d'imprimer sa carte d'embarquement... Dans le langage Ryanair, c'est du "
service annexe". "
Régulièrement, une nouvelle annonce est faite, notamment par l'emblématique PDG Michael O'Leary, pour le paiement d'un nouveau service comme par exemple l'utilisation des toilettes à 1 euro (encore non appliqué, ndlr.)", précise Christian Fletcher. Ryanair rétorque : "
Nos prix incluent les taxes et les frais exigés par la loi. L'entreprise n'a jamais envisagé de taxe sur les toilettes..."
Le personnel de la compagnie, autant les pilotes que les
Personnel Navigants Commerciaux (PNC), en prend également pour son grade... et son portefeuille. Formation payante, uniforme payant, déplacements de base en base payants, aucun congé payé, salaire gelé "
en cas de résultat financier déficitaire", pression sur la consommation de carburant, compétition exacerbée entre les pilotes, journées de neuf heures de vol, escales limitées à vingt-cinq minutes, etc.
Pour avoir dénoncé ces conditions de travail dans son livre, l'auteur Christian Fletcher est aujourd'hui véritablement traqué par la compagnie. "
Ils veulent le tuer, moralement, ils vont lui prendre sa maison et l'attaquer en justice s'ils découvrent qui il est", témoigne son éditeur. Et pour cause, Ryanair nie les révélations du livre et déclare : "
Les conditions de travail chez nous sont excellentes. Quand Air France licencie 2800 employés, Ryanair crée des emplois stables et bien rémunérés. C'est pourquoi nous avons une liste d'attente de plus de 5000 pilotes et membres d'équipage qui désirent travailler chez Ryanair."
A l'évidence, ce que décrit Christian Fletcher est très dur comparé aux normes européennes. Surtout que ces conditions s'ajoutent à des contrats d'embauche assez particuliers. Devenus auto-entrepreneurs, les pilotes Ryanair sont recrutés par des filiales de la compagnie (Crewlink, Brookfield ou Dalmac par exemple -
informations Air Scoop) qui, ensuite, les mettent à disposition de Ryanair, et de Ryanair uniquement. Ainsi, quand la compagnie n'a pas besoin d'eux, les filiales sont prévenues et les pilotes ne sont pas appelés à voler. Et si pas de vol, pas de rémunération ! Dans le langage Ryanair, cela s'appelle le "
contrat Zéro Heure". La direction, elle, se retranche derrière le droit du travail irlandais, mais aussi derrière la proposition de directive européenne
Bolkenstein, qui autorise de telles pratiques... Elle n'a pourtant jamais été adoptée.