Farines animales : sont-elles vraiment interdites dans l'Union européenne ?

266 voix pour, 213 contre. Les députés français ont ratifié le CETA ce mardi 23 juillet. Au cœur de la polémique autour du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada : les normes sanitaires et environnementales d’Ottawa. L’emploi de farines animales bovines au Canada fait notamment bondir certaines associations et des membres de l’opposition. Mais dans l’Union européenne, les farines animales sont-elles vraiment interdites ?
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Une ferme à Rotterdam, aux Pays-Bas, 24 juin 2019 (image d'illustration).
© AP / Mike Corder
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  • Que sont les farines animales ?

Les farines animales sont des aliments riches en protéines, issus de la transformation par incinération de certaines parties du cadavre d’un animal. Selon les réglementations, cela peut être du sang, des poils, ou encore du gras, issus de bovins, de porcs ou de volailles.

Dans la loi européenne, les farines animales apparaissent sous l’acronyme PAT - Protéines Animales Transformées - depuis 2013. Il s’agit de sous-produits animaux destinés à la consommation humaine. C’est la principale différence avec les farines animales autorisées avant la crise de la vache folle. Avant 2001, les farines animales incluaient des sous-produits issus de carcasses d’animaux impropres à la consommation humaine.

Sur son site Internet, le ministère français de l’Agriculture précise que les Protéines Animales Transformées sont « des sous-produits issus d’animaux sains », comme des pieds de porc.
 
  • Les farines animales autorisées dans l’UE

Les farines animales, issues de volailles et de porcs, appelées désormais Protéines Animales Transformées (PAT), sont de nouveau autorisées dans l’Union européenne depuis le 1er juin 2013, date d’entrée en vigueur du règlement du 16 janvier 2013. Les farines de poisson sont également autorisées dans l’UE.

Ces Protéines Animales Transformées, issues de porcs et de volailles, ainsi que les farines de poisson, sont utilisées dans l’alimentation des poissons d’élevage. Une information confirmée par le ministère français de l’Agriculture.

Ces mêmes protéines animales transformées, issues de porcs et de volailles, et les farines de poisson, peuvent aussi être employées dans l’alimentation des animaux d’élevage non-ruminants, comme les porcs ou les volailles. Mais pas en France, nous indique le ministère français de l’Agriculture.

Dans tous les cas, le principe de non-cannibalisme prévaut, aussi bien pour les poissons d’élevage que pour les porcs ou les volailles. Soit l’interdiction de nourrir une espèce des protéines animales issues de sa même espèce.

Le règlement de l’UE de 2013 autorise « l’utilisation d’aliments d’allaitement contenant des farines de poisson à destination de ruminants non sevrés ». Autrement dit, les veaux européens peuvent être nourris avec des farines de poisson.
 
  • Les farines animales interdites dans l’Union européenne

Depuis la crise de la vache folle, et la réintroduction de certaines farines animales, les Protéines Animales Transformées d’origine bovine sont totalement interdites dans l’Union européenne.

Par ailleurs, les ruminants (les bovins) ne sont pas nourris avec des Protéines Animales Transformées. Conformément au règlement de la Commission européenne du 16 janvier 2013, « l’utilisation de protéines animales dans l’alimentation des ruminants est interdite ». Une formule reprise sur le site Internet du service public fédéral belge, dans sa section « sécurité de la chaîne alimentaire et environnement ».

L’alimentation des bovins avec des farines animales est la principale pierre d’achoppement du CETA. Le parti de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron (LREM) affirmant, avant le vote des députés, que le bœuf canadien importé dans l’UE ne serait pas nourri avec des farines animales, ses pourfendeurs assurant le contraire.
 

Les farines animales au Canada

Au Canada, les farines animales d’origine bovine sont légales. Les bovins peuvent être nourris avec du lait, du sang, de la gélatine et des graisses animales "de toutes les espèces". Autrement dit, les ruminants peuvent être nourris avec des sous-produits provenant de ruminants.

Pour leur alimentation, ainsi que pour celle des autres ruminants - comme les moutons, les chèvres, les cerfs ou encore les wapitis, seules sont autorisées les farines animales à base de porcs et d’équidés. "Le lait, le sang, la gélatine et les graisses animales de toutes les espèces" sont aussi autorisés, nous précise l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) par courriel.

 L'ACIA ajoute que "la production des farines animales est autorisée au Canada seulement si les tissus proviennent d’animaux élevés pour la consommation humaine".

  • Pourquoi certaines farines animales sont-elles interdites ?

Les farines animales d’origine bovine sont interdites dans l’Union européenne depuis 2001. L’alimentation des bovins par des farines animales a été l’une des causes de la maladie de la vache folle, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). La forme humaine de cette pathologie est la maladie neuro-dégénérative dite de Creutzfeldt-Jakob. Au moins 220 personnes en sont mortes dans le monde, dont au moins 24 en France.

Bientôt des farines à base d’insectes ?

L’Ifremer, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, effectue des recherches sur aliments de substitution pour les poissons d’élevage. A l’étude : les farines de larves d’insectes. Des sources de protéines aux qualités nutritionnelles et sanitaires « satisfaisantes », selon un rapport de l'Institut National de la Recherche Agronomique.