Fil d'Ariane
La loi contre la "manipulation de l'information" était très contestée. Elle a finalement été adoptée ce mercredi 4 juillet. Censée "protéger la démocratie", selon la ministre de la Culture Françoise Nyssen, elle vise à enrayer les "fausses informations" en période électorale ,à protéger les candidats contre la calomnie, et ainsi protéger le débat public. La loi ne vise pas les auteurs de fausses nouvelles, mais leur diffusion par les plateformes numériques.
Dorénavant, durant les trois mois précédant un scrutin national, les partis ou candidats pourront saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de "fausses informations". Les sites web relayant une information "fausse" pourront être bloqués. Les plateformes, telles Facebook ou Twitter, devront être transparentes, et notamment indiquer, le cas échéant, l'identité et le montant versé par un individu ou une société pour relayer de l'information se rattachant à un débat d’intérêt général. Le CSA pourra aussi empêcher la diffusion de services de télévision contrôlés "par un État étranger ou sous l'influence de cet État", et portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.
[À VRAI DIRE...] CES INFOS SONT-ELLES DES INTOX ?
L'opposition critique l'instauration d"une vérité officielle" (Eric Ciotti, LR). Nicolas Dupont-Aignan dénonce "une loi scélérate qui vise à organiser la censure de l'opinion adverse". Jean-Luc Mélenchon se demande "allons-nous interdire, et quand, Russia Today et Sputnik ? Si vous voulez interdire ceux qui de l'extérieur répandent de fausses nouvelles ou qui s'expriment par des canaux qui appartiennent à des gouvernement étrangers, vous n'êtes pas sortis de l'auberge. Il va falloir surveiller matin midi et soir la BBC, tous les jours Al-Jazeera, etc" .
Droite et gauche dénoncent un texte au mieux "inapplicable", et "inefficace", et des délais trop courts : le juge des référés a 48 heures pour se prononcer.
Et ailleurs ?
En ALLEMAGNE : depuis le début de l'année, les plateformes numériques de plus de deux millions d'utilisateurs ont 24 heures (après notification) pour retirer du contenu criminel, des messages incitant à la haine, mais aussi des fausses nouvelles. Les plateformes sont passibles de 50 millions d'euros d'amende.
En MALAISIE : en avril dernier, la Malaisie s'est dotée d'une loi contre "les informations fausses ou partiellement fausses", et peut condamner son auteur à 100.000 euros et six ans de prison. Le nouveau gouvernement malaisien a promis de l'annuler ce mois de juillet.
En REPUBLIQUE TCHEQUE : plutôt qu'une loi, le pays a préféré se doter d'une "unité spéciale" au ministère de l'Intérieur chargée de détecter et contrôler les campagnes de désinformation, qui pourraient mettre en danger la sécurité intérieure. L'unité a un compte Twitter qui diffuse des conseils pour identifier des sources de confiance, et qui pointe du doigt des fausses informations.