TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
©TV5MONDE / Antoine Fonteneau, Véronique Perez, Infographie : Yvan Hassenforder
Partager

Faut-il vraiment rembourser l'homéopathie ? [A vrai dire]

Le débat est passionnel : les Français sont parmi les plus gros consommateurs d'homéopathie. Pourtant le Conseil national de l'Ordre des médecins conteste l'efficacité de ces traitements tout comme de nombreuses études scientifiques. Le ministère de la Santé a annoncé que l'homéopathie ne sera plus remboursée par l'assurance maladie en 2021. 
Depuis le mois de mars 2018, plus de 1000 médecins ont approuvé une tribune demandant notamment de ne plus reconnaître le diplôme d'homéopathe et de ne plus rembourser les produits homéopathiques. Ils parlent de "fakemed", de fausse médecine.

Depuis, deux universités à Lille et à Angers ont décidé de ne plus enseigner cette spécialité. La Haute autorité de Santé, de son côté, s'est lancée dans l'évaluation de l'efficacité de l'homéopathie.

Aujourd'hui, la plupart des études scientifiques réalisées depuis des décennies montrent l'absence d'efficacité de l'homéopathie. En septembre 2017, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes concluait une longue étude ainsi : "il n'existe, pour aucune maladie, aucune preuve, scientifiquement établie et reproductible, de l’efficacité des produits homéopathiques - même s'il y a parfois un effet placebo."

Comment est fabriqué un granule homéopathique ?

La méthode de fabrication est la même depuis 1796 ; à partir de substances animales ou minérales mais le plus souvent à partir d'extraits de plantes.

Pour fabriquer son produit homéopathique, le laboratoire va faire macérer la plante dans un mélange d'eau et d'alcool. La substance qui est créée s'appelle la teinture-mère.

Viennent ensuite les étapes de la dilution. C'est le principe de base de cette médecine : les doses doivent être infinitésimales.

Le laboratoire prélève une seule et unique goutte de la fameuse teinture-mère. Cette goutte est diluée dans 99 autres gouttes d'un mélange d'eau et d'alcool. Le liquide ainsi créé est à nouveau dilué : une goutte dans 99 gouttes d'eau et d'alcool... etc. L'opération peut se répeter à l'envi jusqu'à 30 fois. 

A ce niveau, c'est comme si on diluait une seule goutte de la teinture-mère dans tous les océans de la planète.  Autant dire que le principe actif a presque totalement disparu.

Quels sont les contrôles imposés aux produits homéopathiques ?

En France, les produits homéopathiques bénéficient d'une dérogation. 

Pour obtenir une autorisation de mise sur le marché - une AMM-, un laboratoire pharmaceutique classique doit prouver par des études cliniques que son médicament est efficace et sans danger.

Les fabricants d'homéopathie, eux, doivent simplement enregistrer leur produit auprès de l'Agence nationale du médicament (ANSM). Ils doivent aussi, dans certains cas, obtenir une AMM mais ils sont alors dispensés de fournir la preuve d'une quelconque efficacité.

Pourquoi l'homéopathie est-elle parfois remboursée ?

En France, une trentaine de médicaments homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30% par l'assurance maladie.

C'est souvent le fameux effet placebo qui est mis en avant par les défenseurs du remboursement de l'homéopathie  : rien que l'idée de prendre un médicament suffit à guérir certains symptômes.

Et c'est justement au nom de cet effet qu'aucun ministre de la Santé n'a jamais osé supprimer totalement le remboursement.

La ministre de la Santé actuelle, Agnès Buzyn, affirmait sur la radio RMC, le 12 avril 2018, à propos de l'homéopathie : "C'est probablement un effet placebo. Si ça peut éviter d'utiliser des médicaments toxiques, quelque part, je pense que nous y gagnons collectivement. Ça ne fait pas de mal."